LE MARAIS 2ème partie DU CÔTÉ DES ARCHIVES

Mardi 16 avril 2013 // ► MARAIS (3)

Nous repartirons de la rue St Antoine, face à l’église St Paul ; là où nous nous étions arrêtés lors de la première balade "Autour de la place des Vosges".

Rue Malher

2 : À cet endroit furent empilés les cadavres des prisonniers de la Force victimes des massacres du 3 septembre 1792.
3 : C’est ici que se trouvait la prison de la Grande Force, construite en 1780 ; d’abord prison pour dettes puis prison politique. Au moment des massacres de septembre s’y trouvaient des proches de la famille royale, dont la princesse de Lamballe, amie intime de Marie-Antoinette à qui sa tête fut présentée au bout d’une pique devant le donjon du Temple.

Rue Pavée

24 : Hôtel d’Angoulême, puis de Lamoignon.
Son propriétaire, président au Parlement, réunissait tous les lundis, vers 1658, les gloires littéraires de l’époque, parmi lesquelles Jean Racine, Nicolas Boileau, La Rochefoucauld, Bourdaloue, Patin
En 1721 y demeura Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, directeur de la Censure qui, paradoxalement, protégea les philosophes et en particulier les encyclopédistes. Cela ne l’empêcha pas d’être guillotiné avec toute sa famille le 22 avril 1794.
Alphonse Daudet y demeura à son tour de 1867 à 1876. C’est ici qu’il écrivit "Fromont jeune et Risler aîné".

Rue Payenne

1-9 : Charles Baudelaire vécut ici pendant deux mois en octobre et novembre 1831, hébergé par M. Bourdon.
5 : L’architecte François Mansart, qui donna son nom aux chambres sous les toits, mourut ici en 1666.
7 : La "maison de Clotilde", devenue "chapelle de l’Humanité" en 1905, fut la demeure de Clotilde de Vaux qui inspira à Auguste Comte la "religion de l’Humanité". Fondée vers 1844, elle a encore aujourd’hui une certaine influence ; en particulier au Brésil dont elle est à l’origine du drapeau qui porte la devise positiviste : "ordre et progrès".
8-14 : La gare du factage parisien, c’est-à-dire la poste centrale de Paris, se trouvait avant 1913 à l’emplacement du square Georges Cain.
Ce parc recèle l’un des rares vestiges du palais des Tuileries, incendié pendant la Semaine sanglante en 1871 : un élément du fronton de son pavillon central.
11 : Demeure de René Hérault, lieutenant général de police sous Louis XV, qui instaura en 1728 les premières inscriptions du nom des rues à Paris, gravées dans la pierre des immeubles. Le promeneur attentif en retrouvera un grand nombre, en particulier dans ce quartier, le plus souvent sans les lettres "St", grattées à la Révolution, quand il s’agit de voies portant des noms de saints.
Demeure également, beaucoup plus tard en 1932, de la peintre Léonor Fini, artiste en marge du surréalisme.
Un autre surréaliste, écrivain celui-ci, André Pieyre de Mandiargues, habita également ici.
Un puits entièrement recouvert de lierre subsiste dans le jardin.

Rue du Parc Royal à droite aller-retour, puis à gauche


Elle fut, bien entendu, rebaptisée rue du Parc National de 1793 à 1806 et de 1848 à 1852. Les républiques bourgeoises qui ont suivi n’ont jamais percuté que le parc dont elle porte à nouveau le nom avait disparu depuis belle lurette…
10 : L’Hôtel de Vigny abritait un orphelinat soi-disant caritatif abandonné par ses administrateurs réfugiés à Versailles en mars 1871. La Commune prit en charge les orphelins laissés à l’abandon.
8 : La marquise de Sévigné se réfugia chez ses cousins Coulanges pour fuir la Variole qui sévissait rue de Thorigny en 1671 et 1672.
4 : Demeure de Théophile Gautier en 1829, époque de l’apparition du "Romantisme". Il a alors 18 ans et va se lancer dans la littérature.

Rue Elzévir

16 : Demeure de Ninon de Lenclos. Elle vécut ici avec sa mère en 1640.
En 1789, l’immeuble était fut occupé par Jean-Sylvain Bailly, mathématicien et astronome de renom, premier député élu aux États généraux, président du Tiers-état, devenu maire de Paris. C’est à ce titre qu’avec son compère La Fayette il fit tirer sur les pétitionnaires venus demander la déchéance du roi le 17 juillet 1791 sur le Champ de Mars ; une des dernières apparitions du drapeau rouge en tant que symbole de la loi martiale, et donc de la réaction. Cela lui valut d’être guillotiné sur un tas de fumier.
14 : Encore une demeure de la marquise de Sévigné, qui avait la bougeotte mais affectionnait décidément ce quartier, dans ce qui était alors la rue des Trois Pavillons, de 1672 à 1676.
Ce fut aussi l’emplacement du jeu de paume des Innocents.
10 : Le dispensaire de la rue Elzévir était pendant l’Occupation nazie, à l’initiative d’Henri Bulawko, une fabrique de faux papiers, un dépôt de tracts et une filière d’évacuation pour les juifs, en 1941 et 1942.
2 : Demeure de Chapelle, peintre, membre du Comité républicain du 3ème arrondissement en septembre 1870.

Rue Barbette

1 : Demeure d’Alexis-Edouard Rumbert, ouvrier graveur, commissaire de police du quartier des Archives sous la Commune. Il fut arrêté ici avec son frère Louis après la Commune, le 1er juin 1871.
7 : Enfin une douceur : la confiserie Pierrot Gourmand, installée en ce lieu de 1882 à 1930, avait inventé la "sucette".
9 : Demeure de Michel-Étienne Turgot, prévôt des marchands de Paris, père du jeune Anne Robert Jacques Turgot, le futur ministre. Le fameux plan de Turgot, contrairement à une idée fort répandue, ne fut réalisé à la demande du père, et non du fils, par un certain Louis Bretez. L’escalier est d’origine, c’est-à-dire de 1744.

Rue Vieille du Temple à gauche aller-retour puis à droite

64 : Emplacement de la courtille puis de l’Hôtel Barbette. Celui-ci fut pillé le 30 décembre 1306, lors d’une révolte des parisiens contre une mutation monétaire imposée par Philippe IV le Bel, sur les conseils entre autres d’Étienne Barbette, voyer de Paris et propriétaire du lieu. Il faut dire que l’opération revenait à quasiment tripler les loyers… La répression fut féroce. Ironie de l’histoire : l’alerte avait été si chaude que le roi avait dû se réfugier au Temple, chez Jacques de Molay, qu’il remercia en le faisant arrêter l’année suivante et en l’envoyant au bûcher.
87 : Hôtel de Rohan ; ancien hôtel de Strasbourg.
Un magnifique haut-relief, les Chevaux d’Apollon, œuvre de Robert le Lorrain — un élève de Girardon — sans doute la plus belle sculpture française du 18ème siècle, réalisée en 1738, se cache dans une cour latérale. Il est difficile d’y accéder, et c’est bien dommage !
L’Hôtel de Rohan fut la propriété du cardinal du même nom, principal protagoniste en 1784 de l’affaire du collier.
Tallien y fonda en 1794 un club réactionnaire qui visait à renverser Robespierre, ce à quoi il parvint en Thermidor.
L’imprimerie nationale fut installée dans les dépendances de cet Hôtel en 1808. Elle y resta jusque en 1925, date à laquelle elle déménagea rue Desaix.
C’est ici, sous la direction de Saint-Georges, et la surveillance étroite des ouvriers par Béville, que fut imprimée l’affiche annonçant la dissolution de l’Assemblée, le 2 décembre 1851, sanctionnant le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte — une manie de famille...
Le 18 mars 1871, le 86ème bataillon de la garde nationale Fédérée s’empare du bâtiment, avec à sa tête Pindy et Louis Debock, ouvrier typographe. Ce dernier prendra la direction de l’imprimerie pendant la Commune.

Rue de la Perle

18 : Emplacement du jeu de Paume de la Perle. Un crucifix marquant la crue de 1496 lui avait fait donner le nom de "rue Crucifix-Maquereau" en 1575. Drôle de nom pour une rue, aurait pu dire Prévert.
17 : Maison natale de Jean-Lambert Tallien, le 23 janvier 1767. Prototype de l’intrigant cupide et renégat, il devient, après avoir encouragé les massacres de Septembre, un des piliers de la réaction thermidorienne.
14 : C’est d’ailleurs ici, non loin de chez lui, dans ce qui était alors le jeu de paume de l’Autruche, qu’il fomente avec Barras et Fouché le complot qui va renverser Robespierre le 28 juillet 1794.
9 : Demeure d’Élie de Beaumont, jurisconsulte qui contribua avec Voltaire à faire réhabiliter Calas en 1765.
6 : Demeure de Madeleine Béjart, issue d’une grande famille de comédiens. C’est ici qu’elle signe avec Jean-Baptiste Poquelin, qui n’est pas encore Molière, le 30 juin 1643 devant notaire, la création officielle de la troupe de l’Illustre Théâtre. Son premier local sera, dans cette même rue, le tripot de la Perle. Le théâtre ayant été interdit par l’Église jusqu’au début du 17ème siècle, il disposait de peu de salles. On jouait alors où l’on pouvait, le plus souvent dans les salles de jeu de paume — les gymnases de l’époque —, mais aussi parfois dans des lieux plus insolites.
1 : Hôtel réalisé pour lui-même, en 1685, par l’architecte Libéral Bruant.
Il deviendra musée de la serrurerie après avoir abrité en 1775 l’école des Ponts et Chaussées, créée par Charles-Daniel Trudaine et dirigée par Jean-Rodolphe Perronet.

Place de Thorigny

Rue de Thorigny

Un certain Jean-Baptiste Poquelin, le futur Molière, y demeura chez les Béjart en 1642. Il allait, comme nous l’avons vu, fonder deux ans plus tard, avec cette fameuse famille de comédiens, la troupe de l’Illustre théâtre.
2 : Emplacement de la maison ou mourut Marion Delorme en 1650.
5 : L’Hôtel Salé doit son nom au fait qu’il fut construit pour Pierre Aubert de Fontenay, fermier — c’est-à-dire percepteur — de la Gabelle en 1659 ; et non pas au coût exorbitant de sa construction, comme d’aucuns mauvais esprits pourraient le penser…
Il abrita l’institution Beuzelin et Ganser, fréquentée par Honoré de Balzac alors âgé de 14 - 15 ans, en 1813 et 1814, alors qu’il étudiait au lycée Charlemagne.
L’école des Arts et Manufactures, future école Centrale, y fut fondée en 1829 par Alphonse Lavallé, Jean-Baptiste Dumas, Théodore Olivier et Eugène Peclet.
Il s’y tint le 4 avril 1871 une réunion entre des représentants de la Commune membres de l’Association Internationale des TravailleurVallès, Lefrançais, Avrial, Camille Langevin, Édouard Roullier — et des républicains radicaux ; les "braves radicaux", comme on les surnommait — Bonvalet, Corbon, Loiseau-Pinson — dans l’objectif d’adresser une sommation commune à Versailles. Une tentative à plusieurs titres bien désespérée…
6 : Demeure de Louis Thiroux de Crosne, dernier lieutenant de police de l’ancien régime, décapité le 28 avril 1794.
8 : Emplacement de la demeure de la marquise de Sévigné de 1669 à 1671.
11 : Demeure de Langlois, ouvrier ciseleur, membre du Comité républicain du 3ème arrondissement en septembre 1870.
20 : Planque d’André Bréchet, militant des Jeunesses communistes guillotiné à la Santé le 28 août 1941 sur ordre de Pétain qui obéissait ainsi aux mesures de représailles exigées par les nazis après l’attentat de Pierre Georges contre un officier allemand au métro Barbès. Son dernier cri, lors de son exécution, fut "vive le Parti communiste !".

Rue des Coutures St Gervais

3 : Demeure de Bernard, orfèvre, membre du Comité républicain du 3ème arrondissement en septembre 1870.
14 : Demeure de Clovis Dupont, vannier, réfugié à Paris pendant le siège de 1870, élu au Conseil de la Commune, il était délégué au Travail, à Industrie et à l’Échange.

Rue Vieille du Temple à gauche aller-retour, puis à droite

90 : De 1634, la troupe de Mondory, "troupe du Roi du Maretz", quitte la rue Michel le Comte pour s’installer dans le jeu de paume du Marais, dépendance ce l’Hôtel d’Argent. C’est ici qu’a lieu la première du Cid de Pierre Corneille, fin décembre 1636.
97 : Demeure de Guillaume Serveau, ouvrier bijoutier, sergent-major de la 4ème compagnie de marche du 145ème bataillon de la garde nationale Fédérée ; un des derniers combattants de la Commune pendant la Semaine sanglante le 27 mai 1871, fait prisonnier et condamné à la déportation.
111 : Cette fois, pas de digicode pour nous empêcher de voir ce vieux puits en façade sur rue.

Rue du Perche

Rue de Saintonge

6 : Théâtre des Muses ou Boudoir des Muses ; plus vieux théâtre de Paris encore existant, malheureusement propriété privée inaccessible depuis des années.
13 : Demeure de Blaise Pascal de 1648 à 1651. Il mène ici ses recherches sur le vide.
27 : Vieille maison datant de l’époque de la Fronde, en 1648.
54 : Maison natale, en 1659, de Robert Challe, écrivain aventurier pillé par Voltaire et Diderot.
64 : Emplacement de la demeure de Maximilien de Robespierre, de son arrivée à Paris en 1789 à son installation chez Maurice Duplay, rue St Honoré, le 17 juillet 1791.

Rue de Bretagne à gauche

14 : Siège commun de l’agence de presse et du journal "Libération" à leur création en février 1973. On retrouve là Jean-Paul Sartre, Serge July, Philippe Gavi, Bernard Lallement, Jean-Claude Vernier…
39 : Librairie anarchiste qui publia les textes de Nestor Ivanovitch Makhno en 1935.
49 : Café de la Garde nationale où des officiers du 145ème bataillon tentèrent de créer un Comité central dès le 30 janvier 1871.
Il devint par la suite la Maison commune du 3ème arrondissement dans une salle au 1er étage. Lénine y donna le 21 mai 1909 une conférence sur "le parti ouvrier et la religion, au titre du Club du "Prolétari", le journal de la Social démocratie russe à Paris.
Le même Vladimir Illich Oulianov y assistait à une goguette révolutionnaire de la Muse Rouge le 2 janvier 1910.
La Fédération de Paris du tout jeune Parti communiste y installe son siège en janvier 1921. C’est ici que Louis Aragon et André Breton viendront prendre leur carte en 1927.
En 1922, le PC ouvre un restaurant tenu par la Coopérative de la Famille nouvelle.
La Muse Rouge anime des "goguettes révolutionnaires", mais elle est virée par le PC le 26 mars 1925.
Le futur Hô Chi Minh en est un habitué.
L’Union des sociétés de conscrits et de réservistes y installent leur siège en 1925.
Le Comité de défense des Marins de la Mer Noire également.
La Chorale de la Fédération Socialiste y fait ses répétitions.
Les Révolutionnaires espérantistes y organisent leurs dîners mensuels.

Revenant un peu sur nos pas, nous traversons le sympathique marché des Enfants Rouges, situé entre les numéros 39 et 41.
Il date de 1628. C’est le plus vieux de Paris encore en activité.
Il s’est appelé "Petit marché du Marais", puis "Marché de Beauce".
Il a été sauvé de justesse, il y a quelques années, des griffes des promoteurs et du crétinisme administratif.

Rue de Beauce

Rue Pastourelle à gauche

35 : Emplacement de la salle Bertin où se tenaient réunions et goguettes de "la Coopération des idées", première université populaire française fondée par Georges Deherme en 1896.
23 : Demeure du culottier Birard, ou Bérard, ou Biraud… auteur supposé de la Carmagnole, air qui viendrait d’un village du Piémont — Carmagnòla — amené à Paris par les volontaires Marseillais ; le "tube" des révolutionnaires après le 10 août 1792. Mais la carmagnole est aussi une veste courte de travail…
Il se tenait là également un cabaret fréquenté par les membres du Tribunal révolutionnaire et du club des Cordeliers.
Par la suite ce fut un lieu de réunion des membres de la Société des Saisons, animée par Armand Barbès, Auguste Blanqui et Martin Bernard. C’est peut-être là que se prépara la tentative d’insurrection du 12 mai 1839 qui fut un échec et valut à Barbès une condamnation à la peine de mort, heureusement commuée grâce à l’intervention entre autres de Victor Hugo.
Le cordonnier Edmond Bellemare s’y installa pour préparer contre Napoléon III l’attentat du 8 septembre 1955.
15 bis : La ruelle Sourdis, avec ses bornes, son caniveau axial et ses maisons en encorbellement nous donne une idée de ce qu’étaient nombre de rues de Paris au 17ème siècle. Elle date de 1626.
7 : Demeure de Pierre d’Hozier de La Garde, généalogiste de la cour qui collabora en 1631 à la Gazette de Théophraste Renaudot.
3 : La maison d’édition de Buissot et Auguste Poitevin signa avec Balzac un de ses premiers contrats en 1823.

Rue Charlot à droite

8 : Demeure du préfet de police Louis Marie Debelleyme, qui institua le corps des "serbents de ville" — qui deviendraient bientôt des "gardiens de la paix" — et créa les premières lignes d’omnibus à Paris en 1826.
7 : Église catholique arménienne Ste Croix, anciennement St Jean-St François, qui possède un orgue de grande qualité réalisé par Aristide Cavaillé-Coll en 1844, dont César Franck fut titulaire et sur lequel jouèrent Léo Delibes et Jules Massenet.
5 : Hôtel de Retz où mourut le 24 août 1679 le cardinal du même nom ; un des instigateurs de la Fronde.
3 bis : Nous retrouvons l’extrémité de la ruelle Sourdis.

C’est dans la rue Charlot, à une adresse que Jean-François Marmontel situe près du boulevard du Temple mais qui nous reste inconnue, que Claude-Henri Watelet héberge pendant sa convalescence Jean le Rond d’Alembert qui sort d’une grave maladie, à partir du 25 juillet 1765.

Rue des Quatre Fils à droite

20 : Demeure de Raymond de Sèze, dit Romain Desèze, qui accepta la tâche difficile d’être l’avocat de Louis XVI.
22 : La marquise du Deffand tient ici, jusqu’à 1755, un des plus célèbres salons philosophiques du siècle des Lumières, avant de déménager rue St Dominique.

Rue des Haudriettes

Son curieux nom vient d’une maison pour dames veuves fondée par la femme d’Étienne Haudry, valet de Louis IX, en 1260.

Rue du Temple à gauche

82 : Emplacement de l’échelle de Justice du prieuré du Temple. On y exposa les condamnés jusque en 1780. Mais enfin, cela justifiait-il de faire une révolution ?...
79 : Hôtel de Montmor, un des centres intellectuels du 17ème siècle.
Pierre Gassendi est hébergé par Louis Habert de Montmor jusqu’à sa mort le 24 octobre 1655.
En 1628, Claude Tardy et William Harvey y mènent une controverse entre "circulateurs" et "anticirculateurs" à propos de la circulation sanguine. Harvey s’oppose aux théories classiques de Galien sur l’immobilité du sang dans l’organisme. Descartes se range du côté d’Harvey.
L’Hôtel est fréquenté par toute l’intelligentsia de l’époque. Molière y fait en avant-première la lecture de son "Tartuffe".
En 1871, il abrite le "Grand café de la Nation". Les femmes de la Commune membres de l’Association Internationale des Travailleurs, dont Nathalie Le Mel et Élisabeth Dmitrieff, s’y réunissent le 11 avril.
77 : Demeure de Jean-Baptiste Bouchotte, ministre de la Guerre sous la Convention en 1791.
71 : Hôtel de Saint-Aignan, demeure de Claude de Mesmes, surintendant des Finances de Louis XIV en 1641.
Il abrite la mairie du 7ème arrondissement de l’époque de 1795 à 1823.
Les frères Garnier-Pagès, Étienne et Louis-Antoine, l’habitent en 1830. C’est alors le 57 rue Ste Avoye. Il se transforme en quartier-général de la commune centrale républicaine pendant les Trois glorieuses, les 27, 28 et 29 juillet.
69 : Vestiges d’une tour de l’enceinte de Philippe Auguste, construite aux environs de 1190.
62 : Hôtel de Mesmes, demeure de la famille de Montmorency.
Le connétable Anne de Montmorency meurt ici le 12 novembre 1567 après le combat de St Denis contre les huguenots.
Le duc François de Montmorency, gouverneur de Paris, chef du parti modéré, démissionne 15 jours avant la St Barthélemy, en 1572, ne voulant pas assumer les événements que laissent présager la situation.
John Law crée dans cet Hôtel de Mesmes sa Banque générale de dépôt de change et d’escompte, le 2 mai 1716.
60-62 : Emplacement de la première porte du Temple, ou porte Ste Avoie, percée en 1288, sous Philippe IV le Bel, dans l’enceinte de Philippe Auguste. Elle sera détruite en 1536.

Passage Ste Avoie

Il suit le tracé de l’enceinte de Philippe Auguste.
Il s’y ouvre, le 11 décembre 1781, le "Musée de Monsieur", consacré aux sciences et dirigé par un certain Pilâtre de Rozier, qui sera deux années plus tard le premier homme à quitter le plancher des vaches à bord d’une "machine volante".

Rue Rambuteau à gauche

18 : Maxime Lisbonne, le "citoyen Lisbonne", le "Murat de la République", le "d’Artagnan de la Commune", glorieux saltimbanque, personnage haut en couleur, trois fois condamné à mort, déporté en Nouvelle Calédonie… crée ici, dans la salle du théâtre des Folies Rambuteau, le 1er avril — comme par hasard — 1886, la "Taverne de la Révolution française" ; une de ses nombreuses invention aussi récréatives que peu lucratives. Celle-ci se maintiendra quand-même jusqu’en 1888 ; un record de longévité.
14 : Magasin "À la Belle Héloïse", où Ernest Cognacq, alors simple vendeur, rencontre Marie-Louise Jaÿ. Ils fonderont en 1860 la Samaritaine.
3-5 : Le mur mitoyen des immeubles marque le tracé de l’enceinte du 12ème siècle.
C’est dans la rue Rambuteau, à une adresse qui nous reste malheureusement inconnue, que Gustave Lefrançais fonde en 1849 une école privée dans le cadre de l’Association fraternelle des instituteurs socialistes ; établissement dispensant un enseignement matérialiste. L’école est fermée par l’État en 1850 et son directeur, futur membre de la Commune, est jeté en prison.

Rue Pecquay à droite

5 : Demeure de Jean-Honoré Simon, alors 5 passage Pecquet, impliqué dans de procès de l’insurrection de la Société des Saisons en 1839.

Rue des Blancs-Manteaux à gauche

Rue des Archives à gauche

46 : Puits caché derrière des volets en bois dans la courette.
48 : Brasserie du Commerce, chez Auger, où eut lieu la constitution de la "Gauche révolutionnaire", tendance dite "pivertiste" créée au sein de la SFIO par Marceau Pivert, René Lefeuvreluxemburgiste du groupe Spartacus —, Daniel Guérin… le 20 septembre 1935.
Cette brasserie fut le lieu de réunion de nombre d’organisations politiques d’extrême gauche.
52-54 : Emplacement de la poterne du Temple, ou du Chaume, percée après-coup en 1288, sous le règne de Philippe IV le Bel, dans l’enceinte de Philippe Auguste. Elle fut démolie en 1535.
45 : Ancien couvent de l’ordre de la Merci, transformé en maison d’arrêt pendant la Terreur en 1792.

La portion de la rue des Archives dans laquelle nous entrons maintenant était autrefois la rue du Chaume.
58 : Nous sommes devant la porte du manoir du connétable Olivier de Clisson, de 1372, restaurée en 1847.
Le duc Henri II de Guise, dont ce fut la résidence, y hébergea Pierre Corneille de 1662 à 1664.
Il a été absorbé par l’Hôtel de Soubise dans lequel nous pénétrons.
Ce dernier abrite aujourd’hui les Archives nationales qui furent instaurées par la Convention nationale le 24 juin 1794. Mais elles ne s’installèrent ici qu’en 1808.
Cet Hôtel fut, en mars 1848, le siège d’une filiale pour l’ex 7ème arrondissement du club central de la Société des Droits de l’homme et du citoyen. Pelin en était le président en même temps que commissaire d’arrondissement.

Ressortons et revenons sur nos pas pour prendre la

Rue des Francs-Bourgeois

Elle fut rebaptisée rue des Francs Citoyens pendant la Révolution.
61 : C’est ici, à l’angle de la rue des Archives, qu’eut lieu le 13 juin 1392 la tentative d’assassinat du connétable Olivier de Clisson, conseiller et ami de Charles VI, par Pierre de Craon. Le commanditaire en était sans doute Jean de Monfort, duc de Bretagne, très anglophile. Cela aurait sans doute déclenché une guerre si, en route pour la Bretagne, le roi n’avait eu alors sa première attaque de folie…
Une importante barricade, armée d’un canon, fut dressée à ce même endroit pendant la Semaine sanglante. Un violent combat d’y déroula le 25 mai 1871.
60 : L’Hôtel de Guise, aujourd’hui de Soubise, fut le quartier général de la Ligue pendant les guerres de religion. C’est ici que se prit la décision du déclenchement du massacre de la St Barthélemy le 23 août 1572.
Les tonneaux de poudre pris à la Bastille le 14 juillet 1789 y furent entreposés le 16. Cela représentait 25 tonnes d’explosif qui auraient suffi à pulvériser ces beaux bâtiments et le quartier qui les entoure…
Les Archives nationales s’y installèrent, comme nous l’avons vu, en 1808.
Le sous-prote Bronchard, qui fit intervenir André Alavoine et Louis Debock pour empêcher leur incendie le 25 juin 1871 pendant la Semaine sanglante, sauva de la destruction les 30 millions de documents qu’elles contenaient à l’époque. Personne n’intervint par contre, du côté de Versailles, pour empêcher les quelque 20 000 exécutions sommaires de combattants de la Commune…
Le fichier central des 1 900 000 prisonniers de guerre fut tenu ici pendant l’Occupation. Ce fut aussi, à l’initiative de Jacqueline Chaumier un des premiers services centraux de la Résistance en 1943.
57 bis : Ici se cache inaccessible car privée, la tour dite de Pierre Alvart de l’enceinte de Philippe Auguste, sauvée de la destruction par Victor Hugo en 1880.
55 : Siège historique du Crédit municipal, autrement dit le Mont de piété, plus connu par ses usagers sous le nom de "Chez ma Tante", mais aussi appelé le "Clou".
Il fut créé sous Louis XVI en 1777.
Augustin Avrial et Francis Jourde firent adopter par la Commune, le 12 mai 1871, un décret stipulant le dégagement gratuit des objets de moins de 20 F. 41 928 articles furent ainsi rendus à leurs propriétaires pour une valeur totale de 323 407 F.
Il fut mouillé dans une opération de blanchiment d’argent liée à l’affaire Stavisky en 1933.
Il collabora ouvertement avec les occupants nazis entre 1940 et 1944.
50 : Demeure de Charles Rappoport, militant d’origine russe, à son arrivée à Paris après son expulsion de Berlin en 1895. Il fut un des théoriciens de la SFIO puis du PCF ; un des principaux protagonistes du Congrès de Tours.
43 : Mairie de l’ex 7ème arrondissement. Blanqui, Armand Barbès, Martin Bernard, Laponneraye, accompagnés de 2 à 300 étudiants l’investirent lors de la tentative d’insurrection de la Société des Saisons, le 12 mai 1839. Tentative qui se solda par un échec et qui valut à Barbès une condamnation à mort.
38 : Allée aux Arbalétriers menant autrefois à l’Hôtel Barbette. C’est là que le duc Louis d’Orléans fut assassiné par Raoul d’Anquetonville, à l’instigation de Jean sans Peur et grâce à la trahison de Thomas Courteheuse. Ce meurtre constitua une des causes de la guerre qui opposa pendant 30 ans les [Armagnacs aux Bourguignons.
35-37 : Dépendance de l’Hôtel de Coulanges, demeure de Mme de Sévigné chez ses oncle et tante en 1637.
Un mur végétalisé, au fond du sympathique jardin jardin public qui se cache derrière ces murs, matérialise le tracé de l’enceinte de Philippe Auguste. On y accède par la cour de ce qui est aujourd’hui la Maison de l’Europe.
33 : Le jardin recèle les vestiges d’une autre tour de l’enceinte de Philippe Auguste.
30 : Demeure, en 1816, de Paul Barras, un des "assassins" de la Révolution. Principal instigateur de Thermidor, c’est lui qui "inventa" Bonaparte.
29 bis-31 : Hôtel où le maréchal d’Albret tint un salon qui réunit nombre de célébrités de l’époque : Mme de Sévigné, La Montespan, Françoise d’Aubigné-Scarron — la future Mme de Maintenon… de 1654 à 1676.
Des vestiges d’une tout de l’enceinte de Philippe Auguste subsistent dans le jardin.
20 : Maison datant de 1792 ; une des rares à Paris construites pendant la période révolutionnaire. Quand le bâtiment va, tout va… mais quand ça ne va pas très bien, le bâtiment ne va plus du tout !

Rue Pavée

24 : Nous avons déjà mentionné plus haut l’Hôtel de Lamoignon.
18-24 : Emplacement de la Petite Force, ancien Hôtel de Brienne transformé en prison pour femmes. Elle fonctionna de 1785 à 1845. Il en subsiste un pan de mur au 22.
Zoé Desprez, la compagne de Gracchus Babeuf, y fut internée le 5 février 1796 afin d’obliger le Tribun du Peuple à se livrer.
15 ou 29 : Demeure d’André Alavoine, membre du Comité central provisoire de la Garde nationale en 1871, sous directeur de l’Imprimerie nationale pendant la Commune.
12 : Demeure en 1784 de François Tronchet, un des avocats de Louis XVI, qui participa par la suite à la rédaction du Code civil.
10 : Synagogue dessinée par l’architecte Hector Guimard, construite en 1913 ; une de ses rares œuvres hors du 16ème arrondissement.

Il se trouvait dans la rue Pavée, à une adresse qui nous reste inconnue, la "Boulangerie véridique", fondée par le groupe fouriériste dissident "le Nouveau Monde".
François Vidocq y ouvrit les bureaux de son agence de renseignements : une officine de détective privé.
Robert Desnos fut employé en 1917 — il avait 17 ans — dans une droguerie de cette même rue.

Rue du Roi de Sicile à droite

Elle fut rebaptisée rue des Droits de l’Homme en 1792 et le resta jusqu’à 1799. Il est vrai qu’à cette dernière date, les Droits le l’homme en avaient pris un sérieux coup après un certain 18 brumaire… Et dire que de soi-disant historiens font durer la Révolution jusqu’à 1814 ! Il est vrai qu’il y eut également entre 1940 et 1944 une "révolution nationale"...
2-4 : Emplacement de la prison de la Grande Force. Elle avait remplacé depuis peu le For-Lévêque et le Petit Châtelet devenus insalubres, quand éclata la Révolution.
Elle fut un des théâtres des massacres de septembre en 1792. Un certain nombre de proches de la famille royale y étaient alors internés. La princesse de Lamballe fut la seule femme à y être sommairement exécutée, parmi 160 à 170 autres condamnés.
Linguet y fut enfermé en 1793 pour accaparement et marché noir, parce qu’il possédait des semences de pommes de terre.
Le général Malet vint y délivrer les généraux conspirateurs Guidal et Lahorie lors de sa tentative de coup d’État du 23 octobre 1812.
Louis-Auguste Blanqui y fut incarcéré en 1836.
Elle sera fermée et détruite en 1845.
13 : Emplacement de l’hospice du Petit St Antoine, tenu par les Hospitaliers de St Augustin à partir de 1095. Il était réservé aux victimes du mal des ardents, dont on ne saurait que beaucoup plus tard qu’il était dû à l’ergot de seigle.
C’est dans la chapelle de cet hospice que s’installa, le 21 mai 1790, la Section du Roi de Sicile, qui devint par la suite Section des Droits de l’Homme, puis de la Fidélité, de 1790 à 1795. C’est cette section, sous l’impulsion de Jean-François Varlet — un "Enragé" —, qui proposa le 6 août 1792 comme mesures contre l’accaparement d’établir le cours forcé de l’assignat.
22 : La destruction par des huguenots, à ce coin de rue, d’une statue de la Vierge à l’enfant Jésus, le 1er juin 1528 sous François 1er, entraîna une répression qui laissait mal augurer de la tolérance entre les religions catholique et réformée. L’avenir allait le confirmer…
La rue du Roi de Sicile fut un des principaux théâtres des combats de la "Journée des barricades", le 12 mai 1588, opposant les partisans d’Henri de Guise aux troupes d’Henri III. Le roi dut s’enfuir de la capitale, laissant le champ libre aux ultras de la "Sainte Ligue".

Rue Ferdinand Duval

C’est l’ancienne rue aux Juifs, appelée aussi juiverie St Bon. Elle connaîtra des massacres d’israélites en 1380 et 1382, et leur expulsion massive sous Charles VI le Fou et Isabeau de Bavière en 1395.
François-Antoine Boissy d’Anglas habita cette rue en 1804.
19 : Demeure d’Adolphe Clémence, ouvrier relieur, ami d’Eugène Varlin, un des premiers membres de l’Association Internationale des Travailleurs, chez son beau-père M. Oblet. Il était le petit-fils d’un membre de la Conjuration des Égaux. Il sera élu au Conseil de la Commune.
L’immeuble, dont la concierge est Mme. Barthès, tante d’Augustin Avrial — un autre membre de la Commune — est le siège de la "Tribune ouvrière", journal fondé le 4 juin 1863 par les fouriéristes Charles Limousin et Antoine Bourdon. Il deviendra l’organe de la section parisienne de l’A.I.T.
Après la Semaine sanglante, le 1er août 1871, la police fera ici une descente et fouillera en vain les 38 appartements à la recherche de Communards. Clémence se réfugiera en Suisse mais rentrera en France en 1885 et collaborera à la "Revue socialiste" de Benoît Malon.
22 : Restaurant coopératif "Au Fourneau économique", qui sert 1800 repas par jour en 1903, après le pogrom contre les juifs de Kichinev en Bessarabie.

Rue des Rosiers à gauche

Elle délimite ce qui fut autrefois un ghetto juif, le long du chemin de ronde de l’enceinte de Philippe Auguste. Ce fut un des principaux secteurs d’implantation d’israélites venus d’Europe de l’Est jusque dans les années 1880.
4 bis : École du travail pour les enfants juifs. Aloïs Brunner fit déporter tous les enfants qu’elle hébergeait le 31 juillet 1944, quelques jours avant la libération de Paris.
7 : Restaurant Goldenberg, cible le 9 août 1982 d’un attentat qui fit 6 morts et 22 blessés.
8-10 : On retrouve dans la cour les vestiges de la tour de l’enceinte de Philippe Auguste que nous avons vue tout à l’heure dans l’Hôtel d’Albret.
14 : Demeure d’Hippolyte Giot, ouvrier peintre, représentant de la chambre syndicale de sa corporation, condamné dans le 3ème procès de l’A.I.T. le 8 juillet 1870. Il participe au Cercle des études sociales qui fait vivre l’A.I.T. dans la clandestinité. Il sera plus tard membre du P.O.F. de Jules Guesde.
Adolphe Clémence y travaillait dans un atelier de reliure.

Rue Vieille du Temple à droite

47 : Hôtel de Jean de Rieux, compagnon de Bertrand Du Guesclin, confisqué par les anglais en 1420.
Devenu l’Hôtel des Ambassadeurs de Hollande, il abrita la Société des auteurs créée par Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais en 1777. Il servit également d’officine à l’auteur du Barbier de Séville pour son commerce d’armes avec les "insurgents" américains.
48 : Emplacement de la poterne Barbette de l’enceinte de Philippe Auguste qui comportait 13 portes et 70 tours.
Le marché des Blancs-Manteaux, de 1819, est l’un des plus vieux de Paris encore existants.
Il fut en mars 1848 le siège du club du Marais, dont le président était un certain Turmel. Son secrétaire était Jules Allix, personnage extravagant qui sera plus tard, on se demande bien comment, élu au Conseil de la Commune.

Rue du Marché des Blancs-Manteaux

Rue des Hospitalières St Gervais

10 : Nous sommes précisément sur le parcours de l’enceinte de Philippe Auguste. La limite des propriétés entre la rue des Francs-bourgeois et la rue des rosiers marque bien ce tracé.

Rue du Marché des Blancs-Manteaux

Rue Vieille du Temple à gauche

Rue des Blancs Manteaux à droite

12 : Couvent et église des Blancs-Manteaux. C’est ici que fut déposée la dépouille du duc d’Orléans après son assassinat, commandité par Jean Sans-peur, le 24 novembre 1407.
16 : Nous avons vu tout à l’heure l’autre façade du Crédit municipal.
21 : En mars 1848, le siège du Club démocratique des Blancs-Manteaux s’était établi dans ce qui était déjà une école communale. Lippmann en était président, Émile Froissard, rédacteur à La Réforme, secrétaire. Il était affilié à la Société des Droits de l’Homme.
40 : Emplacement d’une des "Marmites", restaurants coopératifs créés en 1864 par Eugène Varlin et Nathalie Le Mel. Sorte de cantines à bon marché destinées aux travailleurs, elles disposaient d’une bibliothèque où l’on pouvait consulter livres et journaux… et débattre. Ils étaient animés par des militants de l’A.I.T., tels Léon Gouet, Juste Boullet, Alphonse Delacour, Jules Colmia dit Franquin… Ils constituèrent des refuges pour l’Internationale après son interdiction en 1867.

Rue des Archives à gauche

42 : Siège, en avril 1848, du club de l’Homme Armé dont cette portion de la rue des Archives porte alors le nom. Elle tient ses séances dans une école communale. Delbrouck en est le président. C’est un club socialiste affilié à la Société des Droits de l’Homme.
40 : Une plaque erronée mentionne ici le 7 rue de l’Homme Armé où, dans ses "Misérables", Victor Hugo place le refuge de Jean Valjean et de Cosette après qu’ils aient fui la rue Plumet. Double erreur, puisque le n°7 n’existait pas — la rue s’arrêtait au n°5 — et que de toute façon il aurait été de l’autre côté, à hauteur du 39 de l’actuelle rue des Archives.
38 : Maison dite de Jacques Cœur, n’ayant en fait appartenu qu’à ses descendants. Elle date de 1557.
35 : Planque de Wolf Wajsbrot, membre des FTP-MOI fusillé avec Manouchian au Mont Valérien le 21 février 1944. Il avait été arrêté ici avec sa compagne Sarah Danciger le 17 novembre 1943. Il faisait partie du "détachement des dérailleurs".

Rue Ste Croix de la Bretonnerie à droite

37 : Siège de la Section Française de l’Internationale Socialiste (SFIO) avant le Congrès de Tours, il devient pendant quelques mois celui du PCF, jusqu’à la mi-1921. Sur 110 000 militants, 40 000 sont restés à la SFIO.

Square Ste Croix de la Bretonnerie

Rue des Archives à droite

24 : Le cloître des Billettes, construit en 1295 sous Philippe le Bel, est le seul du Moyen Âge encore existant à Paris.
22 : La chapelle du miracle commémore une légende sinistre qui eut la vie dure à Paris ; celle d’une hostie qui aurait résisté aux mauvais traitements d’un usurier juif nommé Jonathas, qu’une débitrice sans doute intéressée accusa entre autres sévices de l’avoir fait bouillir. L’usurier juif fut brûlé vif, sa maison rasée et remplacée par cette chapelle, et la rue du Jardin où elle se trouvait rebaptisée "rue où Dieu fut boulu".

Rue de la Verrerie à gauche

C’est dans cette rue qu’habitait Jean-Henri Aubrespy, dit Danry, dit Masers de Latude, embastillé le 1er mai 1749. Champion de l’évasion mais chaque fois repris, il s’autoproclamera victime symbole de l’absolutisme ; titre dont il tirera quelques bénéfices.
18 : La cour recèle une construction néo-classique remarquable, œuvre de l’architecte Harouard. Elle date de 1876.
16 : Demeure de Courfeyrac, un insurgé des "Misérables" de Victor Hugo. Le romancier flirte avec la réalité, car le poste de police situé dans cette rue fut effectivement investi par les révolutionnaires le 5 juin 1832 ; événement dont il s’inspire.

Rue du Bourg Tibourg

3-5 : Nous sommes sur le tracé probable de l’enceinte du 11ème siècle, que les parisiens appelèrent, tant qu’il en resta quelques vestiges, "les Vieux Murs". Seconde enceinte de Paris — la première ayant été celle, de l’île de la Cité — construite selon les uns Hugues Capet, sous Louis VII le Jeune selon les autres, vers 1157. Des fouilles en cours permettront-elles de le déterminer ?...
21 : Demeure de Paul Delabove, chapelier de son état, ancien déporté de 1851, membre de l’Association Internationale des Travailleurs et, pendant la Commune, du 53ème bataillon de la Garde nationale Fédérée. Délégué à l’armement du 4ème arrondissement, il en quitte le dernier la mairie en flammes le 25 mai 1871. Il sera condamné à mort par contumace.
28 : Imprimerie clandestine de "Témoignage chrétien", tenue par Vaillant père et fils pendant l’Occupation nazie. Marcel Colin est responsable de la fabrication. Le journal tire à 300 000 exemplaires au printemps 1944.

Rue Ste Croix de la Bretonnerie à droite

16 : Demeure de Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande, auteur d’une célèbre carte astronomique, qui mesura le premier avec précision la distance de la Terre à la Lune en 1765.
5 : Demeure d’Eustache Lhuillier, prévôt des marchands en 1506.
Ce fut, beaucoup plus récemment, de 1933 à 1988, la demeure de René Lefeuvre et le siège de la revue "les Cahiers de Spartacus" qu’il dirigeait.
Le jardin recèle un vieux puits.

Le poste de garde de la rue Ste Croix de la Bretonnerie fut pris dès le début de l’insurrection de Février 1848, au matin du 22.
C’est dans cette rue que se tint l’Association fraternelle et universelle des Travailleurs, avec Larvie comme président, Grasseau comme vice-président, et Henri Izambard pour secrétaire. C’était un club modéré qui éditait le "Journal des Travailleurs" en juillet 1848.

Rue Vieille du Temple à droite

28 : Demeure de Louis Michel Le Peletier de Saint-Fargeau, député à la Convention, assassiné pour avoir voté la mort de Louis XVI à quelques heures de l’exécution de ce dernier.
24 : Au fond du passage se trouve un immeuble construit pendant la Révolution par l’architecte Varin.
Ce serait l’emplacement d’une cour des miracles appelée "cour de la Mate" qui aurait donné l’adjectif "matois" pour qualifier un individu fourbe, rusé. Sous toute réserve…
Victor Hugo et Galy-Cazalat, tous deux délégués par l’Assemblée nationale, tentent vainement de parlementer avec les insurgés qui ont dressé une barricade dans la rue Vieille du Temple le 24 juin 1848. Suite à quoi ils laissèrent faire la troupe. La répression de cette insurrection fit les 15 000 victimes planifiées par Cavaignac. La mauvaise conscience de notre grand poète a dû sacrément le chatouiller.

Rue du Trésor aller-retour

Un trésor fut découvert lors de la démolition de l’hôtel d’Effiat sur cet emplacement en 1882. Il donna son nom à la rue.
10 : En 1883, le café Trésor fut le lieu de réunion de l’Union des ouvriers juifs russes, polonais et roumains anarchistes. Il était fréquenté par Charles Rappoport.

Rue Vieille du Temple à gauche

Rue du Roi de Sicile à gauche

Rue Cloche-Perce

14 : Encore une pompe à eau sur la gauche dans la cour.
12 : Bureaux au 2ème étage d’une officine privée de police ouverte par Eugène-François Vidocq en 1833, agence de renseignements "dans l’intérêt du commerce".
François Villon a immortalisé le cabaret de la Grosse Margot, un bordel qui se trouvait dans cette rue vers 1462.
Dans un autre domaine littéraire, cette même rue, dont il ne reste que deux petits tronçons, accueillit dans l’Hôtel Pellevé, demeure de l’académicien Jean Desmarests, deux réunions de la toute récente Académie en 1634 et 1635.

Nous débouchons sur la rue de Rivoli

C’est la fin de cette seconde partie de notre parcours dans le Marais.