QUARTIER LATIN 1ère partie : LA MONTAGNE STE GENEVIÈVE

Samedi 27 avril 2013 // ► QUARTIER LATIN (2)

Vous trouverez ci-contre, sous fichier Word, l’itinéraire imprimable de cette balade

LA MONTAGNE STE GENEVIÈVE
COLLINE DU SAVOIR... ET DE LA CONTESTATION



Plan du Quartier Latin dit plan de la Grive ►

"Congénitale", cette contestation. C’est elle déjà qui va présider, en 1108, à l’établissement par Guillaume de Champeaux, puis Pierre Abélard, d’une université dissidente de celle du Cloître Notre-Dame sur les pentes de l’ancien Mons Lucotitius. Une éminence marquée par la présence romaine dont on voit encore les traces aujourd’hui. Des traces, pour certaines, bien cachées : celles du Forum de Lutèce par exemple.
De la "Maube", une des places les plus animées de Paris, foyer d’agitation depuis le moyen âge, soigneusement effacée par le baron Haussmann et son bd St Germain… à la place du Panthéon, point de départ de la révolution de Juin 1848, ce quartier fut de tous temps un des plus "bouillonnants" de la capitale.
Rien d’étonnant à cela : nous sommes dans un quartier étudiant, bien sûr, mais aussi tout proches du Faubourg St Marceau et de la vallée de la Bièvre, anciens secteurs ouvriers de la rive gauche.
Mais l’activité de ce "Quartier Latin" fut d’abord intellectuelle ; d’où son nom. Nous y retrouverons les traces méconnues d’anciens collèges : les Trente-trois, Ste Barbe, le collège de Fortet dont subsiste une tour médiévale, ceux de Dormans-Beauvais et des Irlandais avec leurs chapelles remarquables…
Il reste encore aujourd’hui un bastion de la connaissance, avec ses universités dont la vieille Sorbonne, le Collège de France, l’institut Curie, la bibliothèque Ste Geneviève, ses grandes écoles dont Normale Sup, et ses lycées réputés.
Lieu également de contestation religieuse. C’est là que germèrent les idées de Calvin. Mais là aussi que se reconstitua la "Sainte Ligue" et que furent brûlés vifs, sur la place Maubert, tant d’"hérétiques".
Nous découvrirons enfin ces vieilles cours tranquilles de la rue St Jacques, la via superior, l’une des plus anciennes artères de Paris : le cardo maximus de Lutèce.
Et puis comment ne pas évoquer notre jeunesse et ce beau mois de Mai qui souleva les pavés pour découvrir une plage de liberté !

Notre pérégrination partira de :

La Place Maubert

La place Maubert avant l’ouverture du boulevard St Germain ►
Son plan en 1640

Ce qui n’est plus aujourd’hui qu’un carrefour fut, depuis le Moyen âge, une des places les plus animées de Paris. Sous Louis IX, Albert le Grand y commenta la physique d’Aristote de 1240 à 1248 (le nom de la place pourrait venir d’une contraction de son surnom : Maître Albert). Du fait de l’affluence des étudiants, les cours s’y tenaient en plein air.

Albert LE GRAND ►

Pierre ABÉLARD ►

C’est là que se trouvait la Croix Hémon ; lieu de supplices où l’on exécutait, entre autres, les "huguenots".
Étienne Dolet y fut brûlé vif, le 5 août 1546, pour avoir nié l’immortalité de l’âme. Autour de sa statue, érigée sur cette place à l’emplacement même de son bûcher, se rassemblèrent au 19ème siècle des manifestations de Libres-penseurs dont une, le 3 Août 1896, réunit 20 000 personnes. Elle a été détruite par Pétain pour le compte des nazis pendant l’Occupation.

Étienne DOLET ►
sa statue détruite par les nazis

La place Maubert fut un bastion de la “Sainte Ligue”, dirigée par Henri de Guise. Des échauffourées s’y produisirent lors de la journée des Barricades, le 12 mai 1588.

La Journée des barricades ►

Elle était traditionnellement un lieu de rassemblement et d’ébullition populaire.
De violents combats s’y déroulèrent en Juillet 1830.
En Février 1848 également : le corps de garde qui s’y trouvait fut incendié.
En Juin 1848, un insurgé bon tireur tint à lui seul, pendant des heures, une barricade qui barrait la rue des Noyers.

Les combats de juin 1848 place Maubert ►
et l’incendie du corps de garde

À la fin du 19ème siècle s’y tenait le marché aux mégots où les clochards venaient vendre le tabac qu’ils avaient ramassé.

Rue de la Montagne Ste Geneviève


C’est l’ancienne voie romaine qui, passant par les actuelles rue Descartes et Mouffetard, menait vers Lyon et l’Italie.
À l’angle de la rue des Écoles, des Communards furent massacrés pendant la Semaine sanglante.
32 : Le bar du Tonneau d’Or fut, de 1953 à 1957, le siège de l’Internationale Lettriste, fondée à Aubervilliers en décembre 1952 et animée par Guy-Ernest Debord, Gil Joseph Wolman, Ivan Vladimirovitch Chtcheglov (dit Gilles Ivain), Jean-Louis Brau, Serge Berna... puis celui de l’Internationale Situationniste jusqu’en 1962.

Le bar du Tonneau ►
a changé d’activité

Guy DEBORD ►

Gil Joseph WOLMAN ►

34 : Hôtel d’Albiac qui abrita, de 1654 à 1797, le collège des Trente-Trois : séminaire créé par le père Bernard et réservé aux élèves indigents faisant des études ecclésiastiques. Une des plus belles cours du quartier !

Le collège des 33 ►
et sa superbe cour

En montant au 1er étage de la salle de sport par un escalier muni d’une rampe Louis XIII remarquable, on trouve une porte qui donne :

Son escalier donnant sur l’impasse des Bœufs ►

Impasse des Bœufs

Rue de Lanneau aller-retour


Ex rue St Hilaire ; une des plus vieilles de Paris, qui comptait en 1571 pas moins de 14 librairies.
1 bis : au fond de la boutique, on peut voir des vestiges de l’église St Hilaire du Mont. Il s’y déroula en 1513, à propos d’un tableau représentant le jardin d’Eden, une querelle sur le nombril d’Adam et Ève : fallait-il ou non leur en dessiner un ? Grande question métaphysique ! La dispute dégénéra en rixe, le sang coula ; la chapelle fut déclarée profanée et fermée.

Les vestiges de la chapelle St Hilaire ►

11 : Restaurant à l’enseigne du Coupe-Chou, ancienne échoppe d’un barbier dont certains clients ressortaient par la boutique contiguë dont la cave communiquait — celle d’un charcutier-traîteur réputé — sous forme de succulents pâtés. Rassurez vous ; cela se passait en 1335.
Dans ladite cave de lactuel restaurant subsistent des traces du puits Certain.

Le "Coupe Choux" et sa légende ►
revendiquée en fait par plusieurs établissements dans Paris

Impasse Chartière


1-11 : Emplacement du collège de Coqueret, créé en 1439, où se rencontrèrent les auteurs de la Pléiade : Ronsard, Du Bellay, Baïf, Dorat, Jodelle, de Tyard, Rémy Belleau. Ils présidèrent à la naissance du français classique.

Pierre de RONSARD ►

Joachim du BELLAY ►

Antoine de BAÏF

Jean DORAT

Étienne JODELLE

Pontus de TYARD

Rémy BELLEAU

Rue d’Écosse


Dans cette petite impasse se trouvaient trois collèges : de Reims, de Toul et de Coqueret donc, de 1333 à 1603.

La rue d’Écosse aujourd’hui ►

Rue Valette


C’est une rue très ancienne. D’abord appelée rue des Sept Voies, elle constituait l’épine dorsale du Quartier Latin au Moyen âge.
2 : C’est ici que se trouvait l’entrée de la chapelle St Hilaire, dépendant de l’abbaye de St Marcel où Abélard aurait repris son enseignement après avoir quitté, vers 1110, l’île de la Cité et le cloître Notre-Dame.
4 : Collège Ste Barbe. Plus ancien établissement d’instruction publique de Paris, créé en 1460 par Geoffroy Lenormand. Collège d’où sortirent les fondateurs de l’ordre des Jésuites : Ignace de Loyola et François Xavier. Jean Calvin y étudia également en 1527.

Le collège Ste Barbe hier... ►

... et aujourd’hui ►

8 : Collège des Aicels, puis de Montaigu, fondé en 1314, situé à l’emplacement de la Bibliothèque Ste Geneviève. Érasme et Rabelais y firent leurs études et en subirent la discipline particulièrement sévère. Désaffecté à la Révolution, il abrita de 1792 à 1800 le premier "Hôtel des Haricots", prison de la Garde nationale.
19-21 : Vestiges du collège de Fortet, où Jean Calvin aurait demeuré dans la tour qui existe toujours et porte son nom. C’est de là qu’il s’enfuit en 1532, d’abord à Angoulême puis à Ferrare, alors qu’on venait l’arrêter pour luthérianisme.

Le collège de Fortet ►

Le bâtiment possédait des caves gothiques où se réfugièrent des Huguenots pendant le massacre de la St Barthélemy, le 24 août 1572.
Mais ce lieu vit aussi, le 1er janvier 1585, la refondation de la "Très Sainte Ligue", interdite une première fois par Henri III, et reconstituée ici par 80 personnes dont le duc Henri de Guise, Jean Prévost, Jean Boucher et De Launay.

Rue Laplace


12 : Porte du collège des Grassins où fut élevé, en 1755, Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, auteur d’un célèbre recueil de maximes. Il tint également la plume pour la rédaction des discours de Mirabeau, ce qui minimise un peu le talent du traître orateur.

L’entrée du collège des Grassins ►

Sébastine-Roch Nicolas de CHAMFORT ►

1 : Épicerie de l’Union des Coopératives en 1919.

Rue de la Montagne Ste Geneviève vers le bas


64 : Poste de commandement des insurgés du quartier ; un des points de départ de l’insurrection du 24 Juin 1848.
58 : Porte basse et escalier à vis. Rampe moulurée remarquable.
48 : Très bel escalier Louis XIII.
45-47 : Emplacement du collège de Huban.
40 : Emplacement de la ferme Ste Geneviève, rendez-vous des Sans-culottes en 1792 et 1793.

Rue Descartes


2 : Emplacement du cimetière St Pierre - St Paul, nécropole datant de l’époque mérovingienne.
5 : Collège de Navarre, fondé par Jeanne de Navarre, femme de Philippe IV le Bel, en 1304. Le plus prestigieux de Paris. Richelieu, Bossuet, Condorcet, entre autres… y firent leurs études.

Le collège de Navarre ►

Jean du PLESSIS de RICHELIEU ►

Jacques-Bénigne BOSSUET ►

Nicolas de CARITAT de CONDORCET ►

Il fut mis à sac par les partisans des Bourguignons qui venaient de reprendre Paris, en juin 1418. Benoît Gencien, moine de St Denis et docteur en théologie favorable aux Armagnacs, fut assassiné ; et cela malgré le revirement, un peu forcé il est vrai, de l’Université.
Rabelais y fait évoluer Panurge dans son "Pantagruel".
François Villon est impliqué dans le vol de 500 écus qui y est commis en décembre 1456 ; ce qui vaudra, à lui la prison, et à nous parmi les plus beaux poèmes de la langue française.

François VILLON ►
Sa statue détruite par Pétain pour le compte des nazis

Son église abrite, à partir du 21 mai 1790, le siège de la Section de Ste Geneviève puis du Panthéon français, animée par Gadeau, Lorinet, Pâris...
En 1804, l’École polytechnique, créée en 1794, y est transférée sur ordre de Napoléon 1er. Elle y restera jusqu’en 1977.
Le 13 avril 1816, ladite école est fermée et tous ses élèves sont licenciés pour sympathies envers l’Empire.
Elle est l’un des quartiers généraux de la révolution de Février 1848. Ses élèves, consignés pendant deux jours, en forcent les portes pour se joindre aux insurgés.
Pendant la Semaine sanglante, en Mai 1871, s’y tient une cour prévôtale. Des centaines de Fédérés y sont exécutés dans la grande cour. Parmi eux Maurice Treillard, directeur de l’Assistance Publique pendant la Commune. Le tas des cadavres faisait, selon des témoins, plus de 100 mètres de longueur.
La première femme admise à Polytechnique, le 29 avril 1970, sera Anne Chopinet, reçue major en 1972.

L’École Polytechnique ►

25 : Cabaret du Roi Clovis où se réunissaient Jean-François Bories, Charles Goubin, Jean Pommier et Charles Raoulx : les 4 sergents de La Rochelle, membres de la Charbonnerie, exécutés le 21 janvier 1822 pour complot contre la monarchie.

Les Quatre sergents de La Rochelle ►
et la plaque à l’emplacement du cabaret du Roi Covis

Rue Clovis


3-7 : Vestiges de l’enceinte de Philippe Auguste, construite vers 1209. On en aperçoit le chemin de ronde.

Une coupe de l’enceinte de Philippe Auguste ►
et un morceau de la muraille dans la cour du 7 rue Clovis

23 : Emplacement de l’abbaye de Ste Geneviève. Le clocher de son église est aujourd’hui la tour Clovis, comprise dans l’enceinte du lycée Henri IV.
Désaffectée pendant la Révolution, elle fut le siège, à partir de novembre 1795, du Club du Panthéon, aux réunions duquel participaient Gracchus Babeuf, Philippe Buonarroti, Sylvain Maréchal, Augustin Darthé, Félix Lepeletier de Saint-Fargeau (frère du conventionnel assassiné), Jean-Baptiste Drouet (le maître de poste de Varennes)… tous membres de la Conjuration des Égaux. Pour cette raison, on les a appelés aussi les "Panthéonistes". Ce club fut fermé le 28 février 1796.

L’abbaye de Ste Geneviève ►

Peu après, l’abbaye fut démolie et remplacée par l’école centrale du Panthéon, qui devint le lycée Napoléon en 1804, puis le lycée Henri IV.
Musset, Scribe, Viollet-le-Duc, Haussmann… y poursuivirent leurs études.
Olinde Rodrigues, futur saint-simonien qui y était répétiteur, y fit la connaissance du jeune lycéen Prosper Enfantin.
Le philosophe Émile-Auguste Chartier, dit Alain, fut le professeur de Simone Weil en classe de khâgne, en 1928.
Jean-Paul Sartre y fut interne en 1920 et s’y lia avec Paul Nizan.
Pendant le siège de Paris et la Commune, en 1870 et 1871, le lycée Napoléon fut transformé par le syndicat de métier des Tailleurs en atelier de confection de vareuses, tuniques et pantalons pour la Garde nationale.

La tour Clovis ►
Le lycée Henri IV

Alfred de MUSSET ►

Eugène SCRIBE ►
par Nadar

Eugène VIOLLET-le-DUC par Nadar ►
et parmi les apôtres sur la flêche de Notre-Dame de Paris

Georges Eugène HAUSSMANN ►

Olinde RODRIGUES ►

Prosper ENFANTIN ►

Émile-Auguste CHARTIER, dit ALAIN ►

Simone WEIL ►

Jean-Paul SARTRE ►

Simone de BEAUVOIR ►

On traverse l’église St Étienne du Mont en entrant par sa porte latérale


Elle recèle le dernier jubé de Paris, la châsse qui contient un morceau du sarcophage de Ste Geneviève, patronne de la ville, de très beaux vitraux du 13ème siècle et un buffet d’orgues de 1630 restauré par Cavaillé-Coll.
On y trouve aussi les tombes de Blaise Pascal et de Jean Racine.
Les cendres de Mirabeau, puis de Marat, y furent transférées provisoirement après leur éviction du Panthéon, l’un en 1793, l’autre en 1795.
Elle devint en 1798 le temple de la Piété filiale. Des cérémonies théophilanthropiques y étaient célébrées depuis 1795.
On y assiste, dans le roman éponyme de Balzac, aux funérailles du Père Goriot.

L’église St Étienne du Mont ►
son jubé

son orgue ►
et ses magnifiques vitraux

Blaise PASCAL ►
et sa machine à calculer

On débouche sur la place Ste Geneviève

Rue St Étienne du Mont aller-retour


18 : Crochets de chaînes anti-émeutes. Les manifestations estudiantines ne datent pas d’hier...

Rue Clotilde


1 : Emplacement de l’entrée de l’abbaye de Ste Geneviève, une des principales abbayes de Paris jusqu’à la Révolution.

Rue de l’Estrapade


3 : Demeure de Denis Diderot de 1747 à 1754, au 2ème étage. Il fit là la traduction en français d’une encyclopédie anglaise ; travail qui devait déboucher sur la rédaction de l’Encyclopédie des Lumières. C’est ici qu’il fut arrêté et conduit au château de Vincennes pour avoir écrit la "Lettre aux aveugles à l’usage de ceux qui voient", le 24 juillet 1749.

Denis DIDEROT ►
par Van Loo

Demeure également d’Hippolyte Fizeau, physicien qui obtint le premier daguerréotype de la surface solaire, en 1845.
5-7 : Demeure de Louis Pergaud, auteur de "La guerre des boutons".

Louis PERGAUD ►

7 : Demeure, en 1896, de Charles Péguy, qui lutte aux côtés d’Émile Zola et de Jean Jaurès dans l’affaire Dreyfus.

Charles PÉGUY ►

9 : Ancienne brûlerie de café. Puits dans la cour visible depuis la rue.

Une ancienne brûlerie de café ►
et son puits

11 : Demeure, de 1785 à 1791, du pamphlétaire Paul-Louis Courier qui sera un opposant à la Restauration.

Paul-Louis COURIER ►

19 : Maison d’enfance, en 1814, de Prosper Mérimée. Son père était professeur au lycée Henri IV.

Prosper MÉRIMÉE ►

De violents combats ont lieu dans cette rue, alors nommée rue de la Vieille Estrapade, en Juin 1848. Le général Damesme y est tué en donnant l’assaut à une barricade.

Rue des Irlandais


5 : Collège des Irlandais. Séminaire ouvert en 1755. Chapelle St Patrick et jardin remarquables.

Le collège des Irlandais ►
Sa chapelle

Rue Lhomond


10 : Demeure de Jules Michelet en 1839.

Jules MICHELET ►
par Nadar

18 : École jésuite tenue par les dominicains d’Arcueil, accusés d’espionnage pour le compte de Versailles le 4 avril 1871 et abattus avec 7 autres personnes durant les combats de l’avenue d’Italie le 25 mai 1871.
Elle est transformée en poste des fédérés du 204ème bataillon de la Garde nationale pendant la Commune.
Cette dernière prévoit d’y ouvrir, à l’initiative d’Édouard Vaillant, la première école publique professionnelle pour garçons. L’ouverture étant prévue le 22 mai 1871, elle ne verra jamais le jour, les versaillais étant rentrés dans Paris la veille.
26 : Création d’une seconde École Normale par Napoléon 1er, le 17 mai 1808.
27 : Hôtel Ménestrel de Hauguel, de 1736. Architecture remarquable. Cour intérieure, mansardes, puits dans le hall.
28-30 : Séminaire Colonial, construit par Chalgrin, créé en 1731 afin de former des missionnaires pour les colonies.
Établissement de la congrégation du Saint-Esprit. Bâtiments remarquables : chapelle, réfectoire, escalier de Soufflot.
29-33 : Ancienne maison de la communauté de Ste Aure, que Victor Hugo prend comme modèle du couvent des Bernardines où se réfugie Jean Valjean avec Cosette dans les Misérables, sous le nom de Fauchelevent ; couvent qu’il transpose pour des raisons de sécurité à l’adresse imaginaire du 62 rue de Picpus. Le poète est alors en exil. Il écrit à partir de notes prises avant le Second Empire. Son chef d’œuvre de roman sera publié en 1867.
34 : Puits sans margelle dans la cour servant de baie d’éclairage pour le sous-sol.
45 : Lieu où Honoré de Balzac situe, donnant sur la rue Tournefort, la pension Vauquer de son "Père Goriot", "dans le bas de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, à l’endroit où le terrain s’abaisse vers la rue de l’Arbalète par une pente si brusque et si rude que les chevaux la montent ou la descendent rarement".
Pavillon remarquable de style Directoire. Cour pavée.

La pension Vauquer

54 : Emplacement de la salle du Concert du Châtelet, où se tinrent 12 réunions politiques publiques à la fin du Second Empire.
68 : Puits communicant avec d’anciennes carrières dans le jardin.

Rue d’Ulm à gauche puis à droite

17 : Église Maronite Notre-Dame du Liban dans la cour.
45 : L’École Normale Supérieure s’installe ici en 1847.
Louis Pasteur y a son laboratoire dans le grenier d’un des pavillons, entre 1864 et 1888. C’est là qu’il met au point le vaccin contre la rage en 1885.
Léon Blum y fait la connaissance de Lucien Herr, qui est le bibliothécaire de l’école de 1888 à 1926, et qui va l’amener, en 1897, à s’engager aux côtés de Lévy-Bruhl dans l’affaire Dreyfus, dont l’innocence n’était alors acquise que pour une minorité. Jean Jaurès les rejoindra en 1898.

L’École Normale Supérieure ►

Louis PASTEUR ►
par Nadar

Lucien HERR ►

Lucien LÉVY-BRUHL

Jean JAURÈS ►
par Nadar

Léon BLUM ►

La première femme, Melle Robert, ne sera admise à Normale Sup, section sciences, que le 12 octobre 1906. Elle sera la première agrégée de sciences naturelles.
Aimé Césaire y fait ses études en 1935, ainsi que Léopold Sédar Senghor, Jean-Paul Sartre, Édouard Herriot.
Un réseau de Résistance y est créé en 1940 par Raymond Croland et Pierre Piganiol. Il prend d’abord le nom de "Couleuvre", puis "Vélite-Thermopyles".

Aimé CÉSAIRE ►

Léopold Sédar SENGHOR ►

Des réunions de la direction de la Gauche prolétarienne s’y tinrent entre 1970 et 1972, salle Cavaillès dite des Résistants, avec Benny Levy dit Pierre Victor, Alain Geismar, Maurice Clavel, Jean-Edern Hallier, Serge July. Amusant quand on sait ce que sont devenus certains d’entre eux...

Benny LÉVY, alias Pierre VICTOR ►

Alain GEISMAR ►
avec Sauvageot et Cohn-Bendit

Maurice CLAVEL ►

Jean-Hedern HALLIER ►

Serge JULY ►

Revenons sur nos pas

5 : Emplacement de la demeure d’Auguste Comte de 1838 à 1841.

Auguste COMTE ►

4 : Emplacement de la porte Papale, ou Ste Geneviève, de l’enceinte de Philippe Auguste, puis de Charles V, murée en 1556. Elle se trouvait alors à l’extrémité de la rue des 7 voies, l’actuelle rue Valette.
L’assaut de l’enceinte que tenta Henri IV à cet endroit le 10 septembre 1590 fut déjoué par des jésuites.

Nous débouchons sur la place du Panthéon qui fera l’objet de la seconde partie de cette promenade, "autour de la Sorbonne".

Le Panthéon

Le Panthéon ►

C’est l’ancienne église Ste Geneviève, qui venait à peine d’être terminée au moment de la Révolution.
À partir du 2 février 1790, elle accueille les réunions de la Société fraternelle des patriotes de l’un et l’autre sexe, fondée par le maître de pension Claude Dansard.
Elle est affectée à la sépulture des grands hommes le 2 avril 1791, et devient le "Panthéon". Les cendres de Voltaire, Rousseau, Mirabeau, Le Peletier de Saint-Fargeau, Marat y sont transférées. Mirabeau en est retiré après la découverte de l’armoire de fer, et Marat après Thermidor. L’édifice est rendu au culte catholique en 1806 par le dictateur Bonaparte, devenu Napoléon 1er ; le même qui venait de rétablir l’esclavage deux ans plus tôt.
Le 31 mars 1871, sous la Commune, il revient à la célébration des grands hommes. Les bras de la croix de bois installée par Napoléon III sur son dôme sont sciés, de façon à servir de hampe à un immense drapeau rouge. Jean-Baptiste Millière, avocat et journaliste, député de la Seine, est fusillé le 26 mai à genoux sur les marches du Panthéon pour sa participation à la Commune. Il meurt en criant : "vive l’humanité !".

Jean-Baptiste MILLIÈRE ►
Son assassinat par les versaillais sur les marches du Panthéon

La Troisième République maintient le monument comme lieu de culte. Il faudra attendre le 1er Juin 1885 et le transfert de la dépouille de Victor Hugo pour qu’il soit consacré définitivement à la célébration des grands hommes.
Et il faudra attendre beaucoup plus longtemps encore pour qu’il le soit aussi à la mémoire des "Grandes femmes", avec le transfert de Marie Curie, accompagnée de son mari, le 25 avril 1995.
La cérémonie du transfert d’Émile Zola, le 4 juin 1908, sera entachée d’un attentat contre Alfred Dreyfus.
Rouget de Lisle y est transféré le 14 juillet 1915 ; il était d’actualité "qu’un sang impur abreuve nos sillons".
Jean Jaurès, accompagné par 100 000 personnes, y entre le 23 novembre 1924.

Le pendule de Faucault ►
La coupole

Fin de cette première partie du parcours.
Nous repartirons d’ici pour la seconde.



Tout commentaire ou complément ; toute précision, remarque, correction... à propos de ce parcours, seront évidemment les bienvenus.

Contact : parisrevolutionnaire@gmail.com