SENTIER 1ère partie : DE LA PRESSE À LA BANQUE

Mercredi 12 juin 2013 // ► RUE MONTMARTRE - RUE MONTORGUEIL - SENTIER (2)


Ce parcours recoupe en partie trois autres balades déjà proposées : les deux promenades sur les "passages parisiens", et la première partie de celle qui nous a entraînés sur les "Grand boulevards". Nous invitons donc les curieux à s’y reporter.
Il constitue un menu très "copieux" ; mais comme toujours les passionnés pourront le déguster en plusieurs "bouchées".
La partie qui concerne la presse en particulier, que nous n’avons pas voulu fractionner, peut être parcourue séparément par les "spécialistes", que nous invitons à nous signaler les erreurs et lacunes qu’ils ne manqueront pas d’y trouver.

Aujourd’hui, nous partirons de la Porte St Denis

Porte St Denis


La porte St Denis désigne plus un lieu que le monument qui la domine : en fait un arc de triomphe à la gloire de Louis le XIVème. Se voulant maître de l’Europe, Louis-Dieudonné — par l’intermédiaire de quel géniteur, cela reste un mystère et sans doute un secret — veut faire de Paris une ville ouverte ; façon d’affirmer qu’il ne craint plus personne… sauf peut-être le Peuple de cette ville et l’usage qu’il avait fait de ces remparts pendant la Fronde. Sur les conseils de Colbert, il fait donc raser l’enceinte que son "miraculeux" père venait de faire terminer, et la remplace par de larges promenades ombragées qu’il va appeler le "Nouveau cours". Mais ces facétieux parisiens vont conserver à ces superbes allées leur nom militaire : les "boulevarts".
Après sa victoire de Maastricht, en 1673, qui met un point d’orgue à son grand-œuvre impérialiste, le roi mégalo-Soleil fait orner le monument de l’architecte François Blondel par des bas-reliefs des frères Michel et François Augier représentant ses conquêtes.
C’est par cette "porte" que Louis XVIII fait son pitoyable "come back" — le second — le 8 juillet 1815.
Mais elle est surtout le lieu de rassemblement du Peuple des faubourgs Nord de la capitale lors de chacune des insurrections que connut Paris.
Les combats y furent violents lors des "Trois Glorieuses", en 1830.
À nouveau des barricades s’y dressèrent par solidarité avec l’insurrection Lyonnaise le 13 avril 1834.
Au matin du 23 Juin 1848, ce fut un des premiers points où éclatèrent les affrontements entre les Insurgés et les gardes-mobiles ; cette troupe recrutée en hâte par le gouvernement provisoire parmi les éléments troubles de la société, dont elle se demanda d’ailleurs jusqu’au dernier moment de quel côté ils allaient balancer, et qui se comporta finalement comme une véritable meute. C’est à propos de ces déclassés que Karl Marx et Friedrich Engels utilisèrent le terme "lumpenprolétariat".
Barricades encore, contre le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte le 3 décembre 1851.
Barricades toujours pendant la Semaine sanglante qui vit l’écrasement de la Commune, le 24 mai 1871, malgré une résistance acharnée des Fédérés commandés ici par le général Paul Brunel et François David, ex chef du 203ème bataillon de la garde nationale.
Et c’est encore ici que les militants des Jeunesses Communistes organisèrent le 14 juillet 1941 une manifestation lors de laquelle ils se heurtèrent d’abord aux flics français, puis aux troupes allemandes.

Rue St Denis


248 : Emplacement de la porte St Denis de l’enceinte de Charles V, bâtie vers 1356.
Étienne Marcel voudra l’ouvrir le 31 juillet 1358 pour faire entrer dans la ville les troupes de Charles le Mauvais. N’y étant pas parvenu, il tentera la même opération à la bastide St Antoine, mais s’y fera massacrer.
De sérieuses échauffourées y auront lieu pendant les guerres de religion, le 8 janvier 1565, entre la suite du cardinal de Lorraine côté catholique, et Montmorency et Antoine de Croÿ pour les protestants.
On avait coutume d’y pratiquer des pendaisons pour l’exemple. La dépouille de l’assassin présumé du duc de Guise père, Jean de Poltrot de Méré, y fut exposée, et on y pendit la première femme qui subit ce supplice à Paris en 1588. Jusqu’alors on leur évitait ce type de châtiment pour des raisons de "pudeur". Elles mouraient le plus souvent par le feu, ce qui était évidemment plus "pudique".

226 : Hôtel des Dames de Saint-Chaumond, construit dans le style "rocaille" en 1734, dessiné par Jacques Hardouin-Mansart et décoré par Nicolas Pineau.
224 : Maison natale de Jules Michelet. Il vit le jour le 21 août 1798. Son père tenait ici une imprimerie. On a tendance à oublier que derrière son talent d’historien se cache celui d’un des plus grands auteurs romantiques.

Passage Ste Foy


Bien cachée entre les numéros 261 et 263 rue St Denis, nous trouvons l’entrée du passage Ste Foy qui, malgré son aspect rébarbatif, présente l’intérêt de marquer le dénivelé de l’ancien rempart de Charles V. En effet, l’escalier que nous devons monter pour accéder à son déboucher sur la rue Ste Foy correspond à l’élévation sur laquelle reposait l’ancienne fortification de Paris ; la quatrième si l’on considère avant elle le mur gallo-romain, le rempart du 11ème siècle et l’enceinte de Philippe Auguste. Sa construction fut entamée vers le milieu des années 1350. Elle perdit ici sa fonction vers 1634 avec l’élargissement de la ville vers l’Ouest voulu par Louis XIII.

Rue Ste Foy à droite


Rue Chénier


Rue d’Aboukir à gauche


Gédéon Tallemant des Réaux, auteur des "Historiettes", ouvrage très instructif quant-à la connaissance des petites et grandes turpitudes du XVIIème siècle, demeura dans cette rue en 1669.
Pendant la Révolution, en 1792, la rue des fossés Montmartre, tronçon de l’actuelle rue d’Aboukir qui partait de la place des Victoires, prit le nom des Fossés Mont-Marat ; et la rue Neuve St Eustache, située entre la rue Montmartre et celle des Petits Carreaux, devint rue Neuve de l’Égalité.
Dans cette dernière se tenaient en 1795 des réunions du "Lycée politique", comité révolutionnaire fondé autour de l’ancien conventionnel Amar, ex membre du Comité de sûreté générale en l’an II, un de ceux qui avaient fait tomber Robespierre. C’était l’ébauche de ce qu’on appellera un peu plus tard la Conjuration des Égaux. Mais François Héron, proche de Babeuf, mit les conjurés en garde contre Amar, et le Lycée politique fut dissout. Babeuf devint alors le chef de file de ce mouvement qui portera politiquement la première remise en cause de la propriété privée, ébauche de ce qui ne s’appelait pas encore "le Communisme".
C’est également dans cette rue, devenue rue d’Aboukir après la razzia de Bonaparte en Égypte, que se trouvait la pension Roux où le jeune Léon Blum fit ses études en 1876.
Guy Konopnicki, décrit bien l’atmosphère de ce quartier et la vie des travailleurs du Sentier dans son roman "Au chic ouvrier", écrit en 1978.

126 ou 130 : Demeure de Jules Johannard, ouvrier feuillagiste, franc-maçon, membre de la Fédération parisienne de l’Association Internationale des Travailleurs, condamné dans le 3ème procès de l’A.I.T. le 8 juillet 1870, signataire du Manifeste antiplébiscitaire du 23 avril 1870 contre Badinguet, élu membre de la Commune en 1871.
113 : Demeure d’Antoine Fouquier-Tinville, le futur accusateur public au Tribunal révolutionnaire, de 1775 à 1783.

Rue St Philippe à gauche


Passage du Caire


C’est le plus ancien et le plus long passage couvert de Pairs. Construit en 1798, il mesure 370 mètres de long.
87-89 : L’imprimerie Lefèbvre, située dans ce passage tirait les affiches du Comité central de la Garde nationale en 1871.
Dans une école située également ici se tenaient les réunions du club de la Cour des Miracles pendant le siège de Paris et la Commune. Il s’agissait de meetings résolument socialistes, organisés par l’Association Internationale des Travailleurs, telle la réunion électorale du 1er février 1871.

En revenant par la deuxième allée à gauche dans le passage, on débouche sur la :

Rue St Denis à droite


237 : Emplacement du mur du couvent des Filles-Dieu, où figurait un crucifix devant lequel s’arrêtaient les condamnés à la pendaison sur le chemin de Montfaucon. Ils recevaient traditionnellement ici trois petits pains et un verre de vin. Pour la route ! comme on dit… On appelait cela "le dernier morceau du patient". Honni soit qui verrait là un rapport quelconque entre le bourreau et certains médecins...
C’est dans ce couvent que se tenaient les réunions de la Section Bonne-Nouvelle pendant la Révolution, entre 1792 et 1794. Une section radicale, influencée par Hébert.

Rue du Caire à gauche aller-retour puis à droite


12 : Demeure de Weil, membre du Comité central de la Garde Nationale Fédérée en 1871.
14 : Une autre entrée du passage du Caire.
17 : Siège du journal "La Femme libre", premier journal féministe en France, édité en 1832 et 1833 par deux jeunes ouvrières, Marie-Reine Guindorf et Jeanne-Désirée Véret, plus connue sous le nom de Désirée Gay. Elles se lient avec le mouvement saint-simonien mais s’en éloignent lors de la scission qui a lieu au moment de la création de la collectivité de Ménilmontant, fondée par des "continuateurs" misogynes qui trahissent la pensée du précurseur du socialisme. Elles se lieront aussi à Charles Fourier et à Robert Owen en Angleterre.
34 : Immeubles typiques du style architectural de la période consulaire, construit en 1800.
38-40 : Et celui-ci, de 1799, caractéristique de l’architecture du Directoire, cette fois.
40 : Pendant l’Occupation, l’atelier de monsieur Ménard imprimait ici clandestinement les journaux "Socialisme et Liberté" et "le Populaire", édités par le Comité d’Action Socialiste et la SFIO sous la direction du député Joseph Lagrosillière. Elle fonctionna du 1er décembre 1941 à 1943.
44 : Encore une entrée du passage du Caire.

Place du Caire


2 : Une intéressante façade, pastiche de style égyptien, qui recèle au milieu de la frise sous la corniche un canular de mauvais goût. Les élèves du peintre Antoine-Jean Gros ayant pris comme soufre douleur à propos de son nez un de leurs collègues, Henri Bougenier, ce dernier se fâcha, ce qui est bien naturel. Or, pour le punir, ses camarades se mirent à dessiner son nez sur tous les monuments de Paris. Le "nez de Bouginier" devint si célèbre que Victor Hugo l’évoque dans ses Misérables.
De violents affrontements eurent lieu sur cette place entre les Insurgés et les gardes municipaux — les "cipaux" — qui y tenaient un poste, le 23 février 1848.

Rue des Forges


C’est à l’emplacement du pâté de maisons délimité par la place du Caire et les rues des Forges et de Damiette, et qui s’étendait jusqu’à l’actuelle rue Réaumur, que se tenait, dans la rue Neuve St Sauveur, la principale cour des miracles de la capitale qui en compta en fait plusieurs. Mais c’est celle-ci que met en scène Victor Hugo dans son "Notre-Dame de Paris". Elle s’était installée contre la muraille de Charles V, à l’intérieur des remparts, vers le milieu du 13ème siècle et y subsista jusqu’en 1667, date à laquelle le lieutenant de police La Reynie en chassa les quelque 20 000 habitants. Elle fonctionnait comme une sorte de corporation très hiérarchisée dirigée par le grand Coëstre, et comptait dans ses rangs bon nombre de faux estropiés qui, par certains prodiges, retrouvaient la santé après une journée de mendicité ; d’où son nom.
9 : Hébert fut arrêté ici, dans l’imprimerie de son "Père Duchesne", le 14 mars 1794.
Dans cette même rue se trouvait le siège du club des Patriotes indépendants, présidé par un certain Davroust, pendant la révolution de 1848.

Rue de Damiette


1 : Siège du journal "La Révolution démocratique et sociale", fondé par Charles Delescluze, auquel collaboraient Hippolyte Castille, Albert Carré, Désiré Pilete et Alphonse Clavelly. Delescluze fut condamné à 3 ans de prison et 10 000 Francs d’amende en 1848.

Rue d’Aboukir à gauche


80 : Une barricade érigée ici, à l’angle de la rue des Petits Carreaux, opposa une résistance héroïque aux troupes versaillaises pendant la Semaine sanglante. Elle tint du 23 au 25 mai. Elle était commandée par les capitaines Bailly, puis Fleury, secondés par Joseph Paysant.
78 : Siège du journal blanquiste "La Patrie en danger" à partir du 12 septembre 1870. Son imprimerie se trouvait 13 rue du Croissant.

Rue des Petits Carreaux à gauche


38 : Demeure de Madeleine Pelletier, militante féministe, anarchiste et franc-maçonne. Première femme reçue interne des hôpitaux de Paris, elle soigna Nestor Makhno à son arrivée en France. Condamnée à la prison comme "avorteuse" à la veille de la seconde guerre mondiale, elle sombra dans la folie et mourut en 1939 à l’hôpital psychiatrique de Perray-Vaucluse.
33 : Demeure de Joseph Paysant, dont nous avons déjà parlé. Dessinateur en dentelle, il fut membre du Comité de vigilance du 4ème arrondissement puis secrétaire du club Nicolas des Champs pendant la Commune.
Une barricade dressée ici par les Insurgés de 1851 contre le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte fut reprise deux fois par les Insurgés le 4 décembre.
Le siège de la SECI, Confédération des syndicats chrétiens, se trouvait dans cette rue. Elle s’était constituée en 1887 autour du syndicat chrétien des employés du commerce.

Rue Réaumur à gauche


100 : La cour des Miracles aux Petits Carreaux s’étendait en fait jusque dans ces parages.
La Section Bonne-Nouvelle avait son siège dans ce secteur pendant la Révolution, à partir du 21 mai 1790 et jusqu’en 1795.

Le 100 rue Réaumur abrita les titres de nombreux journaux.
À commencer par "l’Intransigeant", de 1924 à 1940. Créé par Henri de Rochefort en 1880, il était alors dirigé par Léon Bailby et compta parmi ses contributeurs Pierre Mac-Orlan, André Malraux et Raymond Queneau.
Pendant l’Occupation, ce sont le "Pariser zeitung" et "Signal", journaux de la collaboration sous contrôle nazi de Schortgen, qui occupèrent ces locaux. Cela n’empêcha pas Maurice Leroy d’utiliser les presses qui s’y trouvaient pour imprimer clandestinement son journal "Liberté".
À la Libération, en août 1944, s’y installa "Combat", dont Albert Camus fut rédacteur en chef, avec une équipe composée de Pascal Pia, Pierre Herbart, et auquel contribuèrent Jean-Paul Sartre, André Malraux et Emmanuel Mounier.
De-même pour "Franc-Tireur".
En novembre de la même année Pierre Lazareff y installa le siège de "Défense de la France", clandestin depuis 1941, qui devint "France-Soir".
En 1950, l’imprimerie Réaumur était devenue une filiale de la SNEP, Société nationale des entreprises de presse. André Ferrat, ex responsable de la Section coloniale du PCF, en était le directeur. On y tirait entre autres le journal du MTLD, Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, "l’Algérie libre", que la préfecture de police voulut saisir le 17 juin. La SNEP s’y opposa dans un premier temps, mais des pressions sur Ferrat la firent céder, ce qui provoqua une manifestation de plus de 1000 militants Algériens dont beaucoup furent interpelés.
90 : Emplacement approximatif, alors 8 Thévenot au fond de la cour, de la demeure de Jacques Durand, coupeur en chaussures, membre de l’A.I.T. et du Comité central de la Garde nationale sous la Commune. Arrêté à son domicile le 25 mai 1871, il fut emmené rue de la Banque pour être fusillé.

Rue Dussoubs à droite


34 : Ici se tenait pendant l’Occupation un atelier de photogravure qui assurait la composition de faux papiers et de journaux clandestins, tenu par le photograveur Heinrich et l’imprimeur Deva qui travaillaient avec Marcel Renet, alias Jacques Destrée, chef du réseau "Résistance".
27 : Puits maçonné en façade sur rue qui comporte encore sa poulie en bois.
23 : Demeure de Cyrano de Bergerac, le vrai, qui n’avait de gascon que le nom, mais grand poète et auteur de comédies dont Molière lui "emprunta" quelques scènes.

Rue St Sauveur à gauche aller-retour


6 : Cachette de Théophile Ferré, sous le nom de Charles Gillet, et de son frère Hippolyte. La police ayant arrêté leur sœur Marie — amie de Louise Michel et de Paule Minck — exerça des pressions telles sur leur mère gravement malade qu’elle finit, dans un semi délire, par livrer leur adresse. Ils furent arrêtés dans la nuit du 8 au 9 juillet 1871. Théo fut fusillé à Satory avec Louis Rossel et Pierre Bourgois.

La portion de la rue St Sauveur située entre les numéros 1 et 19 s’est appelée "rue Gratte-cul" ou "Gratte-con". Cela laisse à deviner qu’elle activité y était pratiquée…

Rue Dussoubs à gauche aller-retour


22 : Siège de l’Agence de presse Libération, l’A.P.L., créée en 1972 par Jean-Claude Vernier, Maurice Clavel et Christophe Schimmel, en lien avec la Gauche Prolétarienne.
21 : Demeure de Carlo Goldoni, alors rue des Deux Portes. Goldoni fut le réformateur de la Commedia dell’arte ; en particulier il supprima les masques. Le "Molière italien" mourut ici à 86 ans le 27 novembre 1793.
15 : Cette cour recèle un puits maçonné datant du XVIIIème siècle.
11 : Accusé d’avoir voulu créer une armée contre-révolutionnaire, le marquis de Favras fut arrêté ici, chez un ami, le 24 décembre 1789.
9 : Demeure en 1728 de Marie Anne de Camargo, dite "la Camargo", danseuse qui révolutionna la chorégraphie.

Rue St Sauveur à gauche


35 : Demeure d’Étienne Yvert, agent de la compagnie des Petites voitures, membre de l’A.I.T., appartenant au 92ème bataillon de la Garde nationale Fédérée. Il fut blessé sur une barricade dressée dans cette même rue le 24 mai 1871.
49 : Encore un puits maçonné dans le couloir de cet immeuble.
51 : Local de l’imprimerie "La Productrice" et de la "Librairie socialiste", coopérative ouvrière de la Fédération des travailleurs socialistes de France, fondée en 1885 par Jean Allemane. Elle publia "le Capital" de Marx en 1895.
57 : Demeure de François de Barthélemy, ministre de France en Suisse pendant la Révolution, membre du Directoire après Thermidor, sénateur après le 18 brumaire, devenu comte sous l’Empire, rallié plus tard à la Restauration ; un superbe parcours d’opportuniste...

Rue des Petits Carreaux aller-retour


1 : Salle Nicaise, siège en 1886 de la "Ligue des Anti-patriotes", ex "Jeunesses anarchistes de Belleville", qui publia l’affiche du "Manifeste aux conscrits".

Rue Léopold Bellan aller-retour


1-2 : Ici aussi, une barricade fut dressée en 1851 contre le coup d’État de Badinguet-Bonaparte, dans ce qui était alors la rue du Cadran. Denis Dussoubs, qui remplaçait son frère Gaston Martial, député, retenu au lit par la maladie, fut abattu ici par la troupe le 4 décembre 1851. En fait, il y eut relativement peu de réactions, face à ce coup d’État, de la part du prolétariat parisien, malgré les exhortations des membres républicains du parlement. Il faut dire que ce putsch survenait peu de temps après Juin 1848, et qu’alors ces mêmes députés s’étaient rangés du côté des massacreurs de 15 000 ouvriers de la capitale…
9 : Passage Ben-Aïad ; tout ce qui reste de l’ancien passage du Saumon, construit en 1828 entre les rues Montmartre et Montorgueil par l’architecte Hubert Rohault de Fleury, et démoli en 1899, comme malheureusement nombre de passages de cette époque aujourd’hui disparus.

Rue Montorgueil


L’ancienne rue des mareyeurs, qui date de la fin du 13ème siècle, compta nombre d’enseignes connues.
Elle abrita pendant la Révolution de 1848, à une adresse qui nous reste inconnue, le siège du Club démocratique du Quartier Montorgueil, un club révolutionnaire dont le président était un certain Jouanne.
73 : Nous avons déjà parlé plus haut de la barricade de 1851, à l’angle de l’ex rue du Cadran, sur laquelle fut tué Denis Dussoubs.
Il y en eut une autre en ce même lieu, pendant la Semaine sanglante, tenue par les Fédérés du 92ème bataillon de la Garde nationale, qui constitua un important point de résistance à l’avancée des versaillais. Elle résista toute la journée du 24 mai 1871.
71 : Siège du Club des Employés comptables du commerce et de l’industrie de la Seine, présidé par un nommé James, en mars 1848.
59 : Emplacement du premier restaurant "Au Rocher de Cancale", qui s’était d’abord appelé auberge de "la Baleine" en 1787. Il fut fréquenté par Béranger, Desaugiers, Grimod de la Reynière. Il hébergea le 3ème "Caveau", société gastronomique et littéraire, de 1806 à 1845. Il a depuis traversé la rue, au n° 78.
Adolphe Thiers, qui y était attablé, décrit le cortège des Insurgés du 5 juin 1832 passant devant lui. Des Insurgés que ce ministre de l’Intérieur "libéral" de la Monarchie de Juillet s’emploiera bientôt à réprimer.
Le Rocher de Cancale est également fréquenté par nombre de personnages de romans, en particulier ceux d’Honoré de Balzac et de sa "Comédie humaine".
Dans un salon discret du 1er étage, décoré par Paul Gavarni, se noua une intrigue amoureuse bien "démocratique" entre Édouard VII d’Angleterre et la Goulue, la célèbre danseuse du Moulin Rouge. Qui a dit que ces gens-là n’étaient pas proches du Peuple ? Ils en étaient très proches, même, dans certaines circonstances...

Rue Mandar aller-retour


1 : Auguste Blanqui avait installé son quartier-général ici, dans un café, lors de l’insurrection de la Société des Saisons, le 12 mai 1839.

Continuer la rue Montorgueil


72 : Une autre barricade était érigée ici le 4 décembre 1851, à l’angle de la rue Mandar. Quand elle céda, les combats se poursuivirent dans le passage du Saumon.
55 : Le "Café des Postes" était en 1848 le lieu de réunion de membres de la "Société Dissidente".
51 : La pâtisserie Stohrer doit être une des plus vieilles enseignes de Paris. L’inventeur du baba au rhum fut amené de Pologne en 1730 par Maris Leczynska, l’épouse de Louis XV. Le décor remarquable de la boutique est de Paul Baudry.
66 : Demeure de Pierre-François Lacenaire, le fameux assassin-poète, qui agressa avec ses complices, Avril et François dit le grand Hippolyte, un garçon de recettes le 31 décembre 1834. Son personnage, très romancé, fut repris par nombre d’auteurs et cinéastes, dont Marcel Carné dans ses "Enfants du Paradis". Ce sinistre personnage devint, avec la complicité du pouvoir qui avait besoin de faire oublier d’autre procès plus politiques, la coqueluche du "Tout-Paris". Chaque époque a les héros qu’elle peut… Lacenaire finit tout de même sous la guillotine.
64-72 : Emplacement sous Louis XIV de l’auberge "Au Compas d’Or", départ des diligences de Creil et de Gisors.
47 : Emplacement du bureau central des 20 dépôts de chaises à porteurs que comptait la capitale.
Une rue, comme on le voit, qui ne fut pas toujours piétonne…

Rue Marie Stuart


Encore une voie anciennement dédiée à la prostitution. Elle porta les noms poétiques de "rue Tire Vit" ou "Tire Boudin". C’est Fouché, en 1809, alors qu’il était préfet de Police de Napoléon 1er, qui lui donna le nom de la malheureuse reine d’Écosse. Comme quoi on peut être le boucher de Lyon, le chien de garde d’un dictateur, un champion toute catégorie de l’opportunisme, et cependant un homme délicat !...

En face, donnant dans la rue Dussoubs :

Passage du Grand Cerf aller-retour


10 : C’est le plus haut de Paris. Il fut édifié en 1825 sur l’emplacement des anciennes Messageries royales de l’Est. Il faillit "mourir" de délabrement mais fut fort heureusement sauvé et rénové en 1994.

Rue Dussoubs à gauche en ressortant du passage


Rue Tiquetonne à gauche


21-23 : Ici se trouvait l’entrée de l’Hôtel de Bourgogne, construit en 1402, dont il ne reste que la tour de Jean sans Peur que nous verrons un peu plus loin. Nous évoquerons aussi, rue Mauconseil, son théâtre depuis longtemps disparu.
19 : Demeure de Vincent de Paul, qui deviendrait St Vincent de Paul, alors qu’il était précepteur de la famille de Gondi en 1613.
13 : Demeure du couple Charles Simon Favart, Marie Justine Benoîte Duronceray ; lui auteur dramatique qui a laissé son nom à la salle de l’Opéra comique, et elle comédienne célèbre en son temps.
10 : Ancien cabaret de "L’Arbre à Liège", dont l’enseigne qui date de 1592 fut taillée, comme celle du Vieux Chêne de la rue Mouffetard, dans le bois d’épave d’un bateau renfloué dans l’estuaire de la Seine, recouvert de plâtre mélangé à de l’alun pour le protéger de la dégradation.
7 : Demeure et imprimerie d’Antoine-Joseph Gorsas, rue du Petit Lion. Il avait fondé dès 1789 le "Courrier de Versailles", qui devint par la suite le "Courrier des 83 départemens". Élu à la Convention, il siégea avec les Girondins. Ses journaux remportaient un vif succès ; son atelier, installé ici après le 10 août 1792, était le plus important de la capitale ; il fut pillé, et ses presses détruites, par les émeutiers "maratistes" du 9 mars 1793. Exécuté en tant que Girondin le 7 octobre de la même année, Gorsas fut le premier conventionnel à monter sur l’échafaud ; il allait être suivi par bien d’autres...

Dans cette rue, alors rue du Petit Lion St Sauveur, demeura Tiberio Fiorilli, créateur du personnage de Scaramouche. On lui avait donné le titre de "prince des comédiens, et comédien des princes". Il mourut ici le 7 décembre 1694.
Et c’est à l’angle qu’elle fait avec la rue St Denis que Balzac situe sa "Maison du chat-qui-pelote".

Rue St Denis à droite


Rue de Turbigo à droite


Rue Étienne Marcel à droite


14 : Avez-vous remarqué que vous venez de passer devant un chef d’œuvre d’Art nouveau ? Non ? Eh bien vous avez commis la même inattention que des générations de conservateurs de nos musées. Ils ont en effet envoyé à la ferraille des dizaines de bouches de métro conçues par Hector Guimard, avant de prendre conscience qu’il s’agissait en leur temps de véritables petites révolutions artistiques et techniques ; puisqu’en plus d’être belles, elle présentaient l’avantage d’être fabriquées en série. Celle de la station Étienne Marcel date de 1908.
16 : Empreinte d’une tour de l’enceinte de Philippe Auguste, construite vers 1190.
20 : En 1409, après avoir fait assassiner deux ans plus tôt, au paroxysme de la guerre entre Armagnacs et Bourguignons, son cousin Louis d’Orléans frère du roi, Jean 1er de Bourgogne, dit Jean sans Peur — qui ne l’était sans doute quand même pas tout à fait, la preuve… — se fit construire en son Hôtel une tour de 21 mètres de hauteur, au sommet de laquelle on ne pouvait accéder à l’origine que par une échelle ; histoire de pouvoir malgré tout dormir à peu près tranquille… Cela ne l’empêchera d’ailleurs pas de se faire assassiner à son tour à Montereau dix ans plus tard.
Après avoir été abandonnée pendant des siècles cette tour restaurée se trouve être aujourd’hui le monument d’architecture militaire médiévale le mieux conservé à Paris. Il est ouvert au public depuis 1999.
29 : Quant-à l’Hôtel de Bourgogne, abandonné lui aussi après la mort de Charles le Téméraire — encore un assassinat — il fut investi par une troupe de théâtre, la seule alors autorisée à jouer à Paris, et exclusivement des mystères religieux : les Confrères de la Passion. Une salle fut construite en 1548, qui finit par accueillir des troupes profanes et vit passer tous les précurseurs ; la troupe de Turlupin, celles d’Armande Béjart avant que Molière ne la rejoigne, celle de Scaramouche, les Italiens… On y joua les pièces de Cyrano de Bergerac, de Jodelet. Edmond Rostand y situe une des scènes fameuses de son Cyrano.
Une plaque rappelle ici l’endroit où elle se situait.

Rue Française à gauche


7 : Emplacement du siège de la "Société des Amis des Noirs", alors au n°3 de cette même rue. Fondée le 19 février 1888, elle était animée par l’abbé Grégoire, Antoine de Lavoisier, Chaumette, Condorcet… Elle avait comme principal objectif de lutter pour l’abolition de l’esclavage. Quand elle obtiendra gain de cause, le 4 février 1794, certains de ses membres auront entre temps été guillotinés. Ce jour-là, la Convention nationale abolissait cette ignominie. Mais un certain Bonaparte allait s’empresser de la rétablir quelques années plus tard…

Rue Mauconseil


32-34 : Et voici l’emplacement de l’entrée de la salle de l’Hôtel de Bourgogne dont nous avons parlé plus haut.
Les Confrères de la Passion avaient été créés en 1402, sous Charles VI. Ils s’installèrent ici dans une salle qui fut inaugurée le 30 août 1548, sous le nom de troupe Royale ou des Grands Comédiens.
Henri Legrand dit Turlupin, Robert Guérin dit Gros-Guillaume et Hugues Guéru, alias Gaultier-Garguille, qui jusqu’alors jouaient en plein air sur le Pont Neuf ou place Dauphine, s’installèrent en 1615 dans ce que l’on appelait désormais officiellement le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne. Un enfant nommé Jean-Baptiste Poquelin venait chaque fois qu’il pouvait les y voir jouer.
Cette salle va ensuite accueillir les deux troupes qui seront à l’origine de la création de la Comédie française : celle d’Armande Béjart et celle des Italiens.
Entretemps, ces derniers auront été chassés de Paris, en juin 1697, pour avoir joué "la Fausse prude" qui visait la Maintenon. Mais ils y reviendront en 1716, sous la régence de Philippe d’Orléans, avec la troupe de Luigi Riccoboni, dit Lélio.

La Section révolutionnaire de Mauconseil, qui se réunissait ici, fut la première à déclarer ne plus reconnaître Louis XVI comme roi, dès le 31 juillet 1792.
Le poste de police de la rue Mauconseil connut des heures bien agitées. Il fut une première fois la cible d’une émeute déclenchée le 19 novembre 1827, sous Charles X, suite à la manipulation des élections par le gouvernement.
Et puis il fut attaqué et investi une seconde fois lors de l’insurrection du 5 juin 1832, lors des obsèques du général Lamarque ; celle-là même que Victor Hugo prit comme modèle pour ses "Misérables".

Rue Montorgueil à droite


36 : Ici se trouvait le parc aux huitres de Paris, de 1780 à 1866.
38 : À l’emplacement de l’Escargot d’Or habita Joseph Lesurques, condamné à tort dans l’affaire du Courrier de Lyon en 1796.
31 : Emplacement de la poterne dite du Comte ou de la Comtesse d’Artois, percée après-coup, sous Louis IX en 1270, dans l’enceinte de Philippe Auguste. Elle disparut en 1498.
50 : Maison natale de Pierre-Jean de Béranger. Le futur chansonnier républicain naquit ici le 19 août 1780.

Rue Tiquetonne à gauche


56-58 : De violents combats eurent lieu dans cette rue lors du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, le 4 décembre 1851. Le frère de Léopold Boursier, futur Communard, y fut tué alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Badinguet semait le vent de la dictature. Une tempête l’emporterait vingt ans plus tard.
60-64 : Demeure d’Henri de Talleyrand, comte de Chalais, lié à l’intrigante duchesse de Chevreuse, exécuté par Richelieu en 1626 pour avoir conspiré contre lui à deux reprises.
66 : Siège du journal "Le Combat", fondé par Félix Pyat. Le 29 octobre 1870, son secrétaire de rédaction Odilon Delimal ayant annoncé la chute de Metz, fut emmené à l’Hôtel de Ville et les bureaux du Combat furent saccagés par le gouvernement qui voulait cacher la capitulation de Bazaine.
"Le Vengeur", du même Félix Pyat, succéda au "Combat" le 3 février 1871. Sa rédaction était composée de plumes bien trempées, dont certaines allaient jouer un rôle dans les événements de la Commune : Delimal, Rogeard, Henri Brissac, Henri Maret, Camille Clodong, Jean-Baptiste Milllière, Maxime Vuillaume, Alphonse Humbert, Cluseret, Sixte Casse.
Puis ce fut le journal "La Commune", avec une bonne partie des mêmes, plus Georges Duchêne et Léodile Champseix, alias André Léo. Le titre fut repris par Jean-Baptiste Millière pendant la Commune. Il en parut 80 numéros à partir du 20 mars 1871. Millière, qui ne participa à aucun moment aux combats, fut fusillé ignominieusement sur les marches du Panthéon pendant la Semaine sanglante.
Entre temps ce journal, bien qu’anti-versaillais, avait été interdit en mai par Rigault et Cournet, malgré l’opposition d’Auguste Vermorel.

Rue Étienne Marcel


37 : Empreinte d’une tour de l’enceinte de Philippe Auguste.
43 : On avait dressé ici pendant la Commune, à l’angle des rues Pagevin et Coq Héron (la rue Étienne Marcel n’était pas encore percée), une barricade destinée à protéger l’Hôtel des Postes dirigé par Albert Theisz. De violents combats s’y déroulèrent le 23 mai 1871.
51 : Emplacement de la demeure de Firmin Hilaire Sallée, 32 rue Pagevin, ex rue des Petits Reposoirs. Il était membre du Comité républicain du 1er arrondissement en 1870.

Rue Montmartre à droite


Rue de la Jussienne aller-retour


32 : Demeure de François Chabot, ex capucin, auteur du "Catéchisme des Sans-culottes". Membre du Comité de sûreté générale, il trempa dans toutes sortes de combines véreuses contre rétribution, comme la mise à l’écart de suspects, la protection d’émigrés rentrés clandestinement et le scandale de la Compagnie des Indes. Mais rassurez-vous, ce genre de magouilles seraient absolument impossibles aujourd’hui dans notre belle démocratie... Chabot fut jugé avec Danton et guillotiné le 16 germinal an II, 5 avril 1794.
En mars 1848, ce fut le siège du "Club-lycée des Prolétaires", surnommé par ses membres "Batterie des Hommes sans peur", fondé et dirigé par E. Maillier — un socialiste mystique —, et Landoin — un libraire. Club d’inspiration démocratico-socialo-mystique, purement folklorique…

Continuer la rue Montmartre


64 : L’hôtel d’Angleterre abritait le bureau central de la "Société démocratique des Républicains Allemands", fondée après la révolution de 1848 par Georg Herwegh et Adelbert von Bornstedt. Ils avaient créé une "Légion démocratique" constituée de 1500 à 1800 volontaires, ayant pour but d’aller aider l’insurrection républicaine de Friedrich Hecker et Gustav Struve en Allemagne, avant de porter secours aux Polonais opprimés. Soutenus par le gouvernement français, trop heureux de se débarrasser d’eux, ils avaient lancé un "appel aux braves citoyens de la Garde mobile" pour collecter des armes dont le dépôt se trouvait ici-même. Approuvée par Bakounine, cette initiative était vivement critiquée par Marx et Engels. Elle se solda par un échec retentissant.

Rue Mandar


Passage Ben-Aïad


Nous avons déjà mentionné ce passage plus haut. Dans ses caves, Vermersch, Humbert et Vuillaume cachèrent des fascicules brochés du Père Duchêne pendant la Semaine sanglante, le 22 mai 1871.

Rue Bachaumont à gauche


C’est ici, sur la barricade du passage du Saumon, que Victor Hugo situe la scène de ses "Misérables" où Javert vient espionner les Insurgés. Il s’inspirait d’un fait réel : la chute d’une barricade dressée dans cette rue le 5 juin 1832.

Si vous n’avez pas pu traverser le passage, le plus souvent fermé, revenez sur vos pas jusqu’à la rue Montmartre que vous reprenez à droite

Rue d’Argout


51 : Demeure d’Émile Drevet, ouvrier gainier, membre de la commission des Subsistances à la guerre et du jury d’accusation de la Garde nationale nommé le 6 mai 1871.
8 : Siège du journal "Le Soir", manipulé par le chef de la police prussienne Stieber, agent de Bismarck, dans le but de discréditer Karl Marx et les représentants en France de l’Internationale. Il est interdit par la Commune le 19 avril 1871.
L’académie littéraire de Charlotte des Ursins, dite Mme d’Auchy, se trouvait dans la rue des Vieux Augustins. C’était le modèle des salons précieux. Il était fréquenté par Malherbe, qui était accessoirement l’amant de l’hôtesse.

Rue Hérold aller-retour


14 : Charlotte Corday descendit à l’hôtel garni de la Providence, chambre n° 7, alors 19 rue des Vieux Augustins, lorsqu’elle arriva de Normandie le 11 juillet 1793 pour assassiner Marat. Ce faisant, elle espérait sauver ses amis Girondins. Son crime n’allait en fait que précipiter leur chute. L’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ?... L’hôtel fut démoli un siècle plus tard, en 1893.

Rue du Louvre à gauche


31 : Siège du journal "France libre", créé fin 1944 et absorbé par l’Aurore en 1948.
37 : Siège du journal "Paris-Soir" qui tirait à 2 millions d’exemplaires, et auquel collaboraient Roger Vailland, Blaise Cendrars, Francis Carco, Joseph Kessel, Antoine de Saint-Exupéry, Jean Cocteau... Pierre Lazareff et Françoise Giroud y firent leurs débuts. Albert Camus et Pascal Pia en furent secrétaires de rédaction au printemps 1940. Robert Desnos y avait d’abord été caissier, avant d’y devenir journaliste en 1924.
Ce fut aussi le siège de "Paris-Midi", fondé par Pierre Lazareff. Roger Vailland y fut embauché en 1928.
Pendant l’Occupation, on imprima ici à partir du 22 juin 1940 le journal "Paris-Soir" passé à la collaboration. Il fut dirigé successivement par le lieutenant Weber de l’état-major de la Wehrmacht, puis par les français Schiesslé et Eugène Gerber, et enfin par un certain Pierre-Antoine Cousteau, le frère du plongeur, mais celui-ci en eau trouble.
Paris-Midi lui aussi était passé à la collaboration. On y trouvait la signature de Louis-Ferdinand Céline.
Mais les typographes, en cheville avec Claude Morgan et Jean Paulhan, utilisaient les presses pour imprimer clandestinement les "Lettres françaises" en septembre 1942.
Emmanuel d’Astier de la Vigerie occupa les locaux pour éditer "Libération" à partir du 21 août 1944.
Et le PCF y installa le journal "Ce Soir", dirigé par Aragon, quatre jours plus tard.
On y réalisa également "Front national", quotidien gaulliste de gauche créé par Jacques Debû-Bridel, membre du Conseil national de la Résistance.
De 1945 à 1955, l’immeuble de Paris-Soir devint le siège de l’Humanité. Elle était alors dirigée par Louis Aragon et Pierre Daix.
À la mort de Staline le 5 mars 1953, une immense photo portrait fut affichée dès le lendemain sur la façade.
Le portrait du "petit père des peuples" réalisé par Picasso à cette occasion pour les Lettres françaises déclencha un conflit interne au sein de la rédaction de France Nouvelle et de l’Humanité.

Rue d’Aboukir à droite aller-retour, puis à gauche


71 : Bureaux de l’agence de renseignements créée par Eugène-François Vidocq, alors au 39 rue Neuve St Eustache, en 1837.
15 : Siège du club des Médecins du département de la Seine, présidé par Bouillaud, alors 15 rue des Fossés Montmartre, créé en juin 1848.
11 : À l’hôtel de la Liberté, aujourd’hui hôtel de la Victoire, alors 11 rue des Fossés Montmartre, séjourna Fabre d’Églantine, membre de la Commune de 92, auteur de "Il pleut bergère", mais surtout du calendrier révolutionnaire. Il y demeura du 10 août 1792 à sa mort sur la guillotine en 1794.
Dans ce même hôtel descendit un certain Napoleone Buonaparte lorsqu’il arriva à Paris, à son retour d’Italie fin 1794 ou début 1795. Il avait refusé un poste en Vendée, s’était fait mettre en congé de l’armée et se fiança avec Désirée Clary. Mais le petit général en disponibilité allait être repéré par Barras qui l’utilisa pour réprimer l’insurrection soi-disant royaliste de Vendémiaire. Son destin de dictateur allait bientôt lui être révélé.
9 : Siège du journal "La Rue", fondé par Jules Vallez, dit Jules Vallès. Le premier numéro paraît le 1er juin 1867.
Ce sera aussi, deux ans plus tard, le siège et l’imprimerie du journal "La Marseillaise", d’Henri de Rochefort, à partir du 19 décembre 1869. Il emploiera Arthur Arnould, Arthur Ranc, Raoul Rigault, Alphonse Humbert, et Yvan Salmon dit Victor Noir. Ce dernier sera assassiné par Pierre Bonaparte, neveu du second despote de la famille. Suite à ce meurtre qui allait rester impuni, le journal publia un appel aux armes de Rochefort dans un article du 11 janvier 1870. L’enterrement de Victor Noir faillit tourner à l’insurrection qui, anticipée par le pouvoir, aurait tourné au massacre. Les Internationalistes et certains républicains parvinrent à éviter ce piège.
2 : La Banque de France fut créée ici, dans l’Hôtel de Massiac, en 1800, par un consortium. Elle déménagea par la suite non loin de là, dans l’Hôtel de La Vrillière où elle se trouve encore.

Place des Victoires

Fin de la première partie de notre parcours