LES ÉPINETTES… QUI S’Y FROTTE S’Y PIQUE !

Lundi 29 octobre 2012 // ► EPINETTES

Notre balade débutera aujourd’hui place de Clichy

Place de Clichy

Nous sommes sur l’emplacement d’une des principales "barrières" du Mur des Fermiers généraux. Une des premières aussi dont le pavillon de garde dessiné par Claude Nicolas Ledoux fut incendié dès le 12 juillet 1789 ; manifestation du mécontentement profond des parisiens, à la fois contre cet octroi qui renchérissait le prix des denrées dans la capitale, et contre le régime responsable de l’édification à grands frais, trois ans plus tôt, ce "mur murant Paris" qui avait rendu Paris plus que murmurant...
En 1793, la barrière de Clichy prit le nom de "barrière de Fructidor", peut-être en référence à la loi de l’an II sur l’immutabilité des noms de famille, fixant des règles de l’état-civil toujours applicables aujourd’hui.
Cette barrière fut, en 1814, le théâtre d’âpres combats opposant les troupes de la garde nationale commandées par le général Moncey et composées en grande partie de volontaires, à celles du tsar de Russie venues envahir la capitale après la déroute des armées napoléoniennes. Les parisiens résistèrent jusqu’à la signature d’un armistice le 30 mars.
La place actuelle en garde le souvenir à travers la statue qui orne son centre.
Le 21 avril suivant, c’est par cette porte que Louis XVIII faisait son retour dans la capitale, ramenant dans ses malles une monarchie bâtarde, entre absolutisme et soi disant constitutionnalité d’une charte "octroyée".
Moins d’un an plus tard, le 20 mars 1815, il repassait pitoyablement la même porte, fuyant l’arrivée de l’ogre Bonaparte qui, estimant sans-doute qu’il n’avait pas encore eu son lot de victimes, allait relancer la France pour Cent jours dans une nouvelle boucherie européenne. D’un tyran, l’autre...

La barrière de Clichy disparut en 1860 avec le mur des Fermiers généraux, lors du rattachement à Paris des faubourgs qui s’étendaient jusqu’à la nouvelle enceinte, dite de Thiers : les "fortifs".

Pendant la Semaine sanglante, qui allait voir mourir la Commune de 1871, Benoît Malon organisa sur cette place, le 23 mai, la résistance aux troupes versaillaises sur une barricade munie de 8 canons et de 2 mitrailleuses.
De nombreux Fédérés furent massacrés ici lors d’exécutions sommaires perpétrées par les troupes du boucher Adolphe Thiers après les combats.

Cette place inspira de nombreux peintres, dont beaucoup avaient leur atelier dans les parages. Parmi ceux-ci, Pierre Bonnard qui en réalisa une série de toiles en 1912, et Édouard Manet.

1 : Entre 1940 et 1944, cet immeuble abrita la "Maison du prisonnier", créée et financée par la Propaganda-Staffel, et dirigée par Jean Radot. C’était à la fois un service de renseignement sur la situation des prisonniers et un bureau de recrutement pour "la Relève" : cette duperie qui consistait à faire croire aux français qu’un prisonnier serait libéré si quelqu’un de sa famille s’enrôlait pour aller travailler en Allemagne. Même si quelques uns tombèrent dans le panneau, cette opération fut un échec qui amena le gouvernement de Vichy à instaurer le STO.
4 : Ne nous privons pas d’admirer au passage cette œuvre d’Art nouveau dessinée par Hector Guimard que représente la bouche du métro "Place de Clichy". Nous passons trop souvent sans y prêter même un regard devant cette belle pièce du musée vivant qu’est "la rue" ; un musée universel dont Paris constitue une des plus belles succursales.

12 : Le café Wepler.
Il fut le point de départ de la seconde manifestation de protestation contre l’exécution de l’anarchiste catalan Francisco Ferrer qui se déroula le 17 octobre 1909. Elle réunit plusieurs centaines de milliers de personnes. Ferrer avait été fusillé le 13 octobre à Barcelone, accusé à tort d’être l’instigateur, en tant qu’anarchiste et fondateur de "l’École moderne", des troubles qui avaient éclatés en Catalogne au mois de juillet de la même année.
La terrasse de cette fameuse brasserie fut le poste d’observation d’Henry Miller pour la rédaction de ses "Jours tranquilles à Clichy", écrits en 1928. Elle était fréquentée par Alfred Perlès, Anaïs Nin, et Pablo Picasso lorsqu’il avait son atelier boulevard de Clichy entre 1909 et 1912.
Pendant l’Occupation nazie, le café fut réquisitionné et transformé en soldatenheim, une "maison du soldat" à l’usage exclusif de l’armée allemande. À partir du 18 février 1941, l’immeuble abrita en outre une annexe de la Kommandantur du Gross-Paris ; sa section "logement".

16 : Demeure d’Auguste Villiers de l’Isle-Adam, auteur entre autres des "Contes cruels", en 1888.

Avenue de Clichy

3 : Emplacement de la Taverne de Paris, qui hébergea à partir de 1905 la Société des dessinateurs humoristes à laquelle participaient Steinlen, Chéret, Willette, Poulbot, Jules Grün, Charles Léandre, Lucien Métivet, Abel Faivre, Jean-Louis Forain, Hansi et bien d’autres…
6 : Emplacement du restaurant Boivin, célèbre en 1815, que fréquentèrent par la suite les peintres Impressionnistes.
7 : Emplacement du cabaret du Père Lathuille, qui abrita le QG du général Moncey lors du combat qui l’opposa aux cosaques de Langeron, un autre général français passé à l’ennemi, le 30 mars 1814.
C’est ici que Manet peignit en 1879 son tableau "Chez le père Lathuille", prenant comme modèles Louis, le fils du patron, et Ellen André, une actrice.
L’établissement laissa la place au café-concert le Kursaal, où se produisirent Maurice Chevalier, Ouvrard, Lucienne Boyer, Fréhel, Françoise Dorin, Jean Marsac, Berthe Silva et tant d’autres… entre 1907 et 1927.

9 : Le café Guerbois.
C’est dans une salle au sous-sol du café d’Auguste Guerbois, à l’ex n° 11 Grande rue des Batignolles, que se tenaient les fameuses réunions de l’école des Batignolles, où se retrouvaient entre 1866 et 1875 des gens qui à l’époque éprouvaient de grandes difficultés à se faire reconnaître, comme Manet, Monet, Degas, Renoir, Pissaro, Fantin-Latour, Bazille, Sisley, ForainCézanne y retrouvait Émile Zola. Le "Guerbois" devint d’ailleurs le café Baudequin dans "l’Œuvre", ce roman qui provoqua la rupture entre les deux amis d’enfance.
Après 1870, il fut progressivement délaissé par les artistes au profit de la Nouvelle Athènes, place Pigalle.

11 : Boutique du marchand de couleurs Hennequin, fournisseur et ami d’Édouard Manet.
20 : Atelier du peintre pointilliste Paul Signac, où se réunissaient le lundi, entre 1889 et 1891, les tenants de l’école "Divisionniste" ; le groupe de Georges Seurat.
26 : À l’emplacement du square des Deux-Nèthes se trouvait autrefois le bal du Petit Jardin, repaire de truands marseillais et corses, dont un certain "Papillon", où se produisit Édith Piaf alors qu’elle était totalement inconnue.
30 : Atelier de Léon Bonnat, premier professeur de peinture d’Henri de Toulouse-Lautrec, en 1882.
41 : Dans la rue Hélène avaient été érigée en mai 1871 une barricade qui fut la dernière dans le 17ème arrondissement à résister à l’avancée des troupes versaillaises. Elle ne tomba que le 23 mai à midi. On y vit combattre Benoît Malon, Victor Jaclard, Napoléon La Cecilia, Gustave Lefrançais, Auguste Vermorel, Jules Johannard.
43 : Emplacement du restaurant "Le Chalet", dit aussi le Grand Bouillon, où Vincent Van Gogh organisa en 1887 une exposition rassemblant une centaine de tableaux, dont un de ses "Tournesols". Y participaient Toulouse-Lautrec, Louis Anquetin, Paul Gauguin, Émile Bernard, Arnold Koning… Elle fut boudée par le public.
50 : Emplacement du théâtre Moncey, ouvert en 1891. La troupe de Sarah Bernhardt y joua "La dame aux Camélias->http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8438766j/f1.item]" le 9 septembre 1907.
52 : Demeure de Maria Deraisme, première femme initiée à la franc-maçonnerie. Elle créa l’Association pour l’amélioration du sort de la Femme.
66 : Ici s’élevait pendant la Commune l’importante barricade de La Fourche. Elle tomba le 23 mai sous le feu de l’artillerie versaillaise.

Avenue de St Ouen

Passage St Michel

Rue St Jean

12 bis : Église St Michel des Batignolles, construite en 1925 en béton recouvert de briques. Elle ne fut jamais achevée.

Rue Dautancourt à gauche

1 : Demeure d’Émile Zola en 1867, alors au 1 rue Moncey. Il aurait terminé ici la rédaction de son roman "Thérése Raquin".

Avenue de Clichy à droite

Rue du Docteur Heulin aller-retour

4 : Bâtiment sur lequel on peut encore voir une plaque portant l’inscription "prise de gaz à tous les étages".

Avenue de Clichy à droite

Rue Clairaut aller-retour

10 : Demeure de l’écrivain Auguste Villiers de l’Isle-Adam, complètement ruiné, en 1883. N’ayant plus de table, il rédige ses "Contes cruels" couché à plat ventre sur un tapis.

Rue Lacroix

27 : Demeure en 1870 de l’ouvrier relieur Louis-Eugène Varlin. Il fait alors partie de la direction de l’Association Internationale des Travailleurs. Il vient de quitter la rue Dauphine, située dans un 6ème arrondissement déjà très bourgeois, pour rejoindre son ami Benoît Malon dans ce quartier des Batignolles alors beaucoup plus prolétaire. Il feront bientôt tous deux partie des membres les plus actifs de la Commune de Paris.
28 : Demeure entre 1910 et 1928, c’est-à-dire jusqu’à sa mort, du dessinateur montmartrois Adolphe Willette. Jusqu’en 2004 un square portait son nom au pied du Sacré-Cœur où il avait coutume d’entrer en criant "vive le Diable". À première vue sympathique, s’il n’avait été "candidat antisémite" aux élections municipales de 1889. Pour le coup, ledit square a été débaptisé. Il porte depuis le nom de "Louise Michel" ; une belle revanche pour la combattante de la Commune.
39-41 : Ces deux cours recèlent un puits mitoyen.

Rue Davy à gauche

Rue des Apennins

21 : Demeure d’Émile Zola entre 1874 et 1876. Il recevait ici, les jeudis, d’autres écrivains dont Henri Céard, Joris-Karl Huysmans, Paul Alexis, Léon Hennique et Guy de Maupassant, avec lesquels il allait constituer le "groupe de Médan".

Avenue de Clichy à droite

Rue des Moines à droite

76 !!! 78 : Demeure de l’ouvrier mécanicien Edmond Mégy, militant blanquiste qui tua un inspecteur de police venu l’arrêter suite aux événements de février 1870.
82 : Emplacement de l’hôtel particulier de Nina de Callias, dite aussi de Villard ; la "Dame aux éventails" de Manet. Elle fut également le modèle d’Yvette, héroïne de Maupassant. Poétesse elle-même, elle tint ici après son retour d’exil volontaire à Genève en 1874, un célèbre salon littéraire où elle recevait, outre son amant en titre Charles Cros, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Villiers de l’Isle-Adam, Germain Nouveau

Rue Guy Môquet à gauche

Rue Sauffroy à gauche

18 : Immeuble style Art nouveau réalisé par l’architecte Edmond Lamoureux.

Avenue de Clichy à droite

143 : Emplacement de l’usine à gaz des Batignolles, fermée avant la fin du 19ème siècle.
154 : Cité des Fleurs, construite pour les promoteurs Lhenry et Bacqueville en 1852.

Cité des Fleurs

25 : Centre de fabrication de faux papiers de la Résistance, investi par la Gestapo le 18 mai 1944.

Rue de la Jonquière à gauche

Rue Berzélius à gauche

20 : Emplacement d’une des "Marmites" ; restaurant coopératif installé près de l’usine Goüin. L’établissement devint le refuge de l’Association Internationale des Travailleurs après son interdiction par le régime de Napoléon III. Il était géré par Eugène Varlin, Nathalie Le Mel, Léon Gouet, Juste Boullet et Alphonse Delacour.
C’est dans la rue Berzélius que l’anarchiste Georges Etiévant blessa deux agents de police le 19 janvier 1898.

Avenue de Clichy à droite

165 : La Cheminote, restaurant coopératif des ouvriers du chemin de fer, fut inaugurée ici le 5 janvier 1921.
174-176 : Emplacement de l’entrée de l’entreprise métallurgique Gouin et Cie, où travaillait Edmond Mégy comme ouvrier mécanicien-tourneur. Ce dernier, militant blanquiste, se réfugia en Colombie après la Commune.
L’usine d’Ernest Gouin fabriquait du matériel ferroviaire et des ponts, de 1846 à 1928. Elle devint par la suite la société SPIE-Batignolles. Elle employa jusqu’à 2300 ouvriers. C’est elle qui construisit le premier pont métallique français, à Asnières, en 1852.
190 : Station Batignolles-Clichy de la ligne de Petite ceinture, achevée en 1866. Elle voyait le passage de 56 trains par jour dans les deux sens, le premier à 4 h 50 du matin.

Boulevard Berthier à gauche

La caserne du boulevard Berthier fut réquisitionnée par la Waffen SS pendant l’occupation, de 1940 à 1944.

Rue André Suares

Vestiges du bastion n° 44 de l’enceinte de Thiers : les "fortifs" ; dernière enceinte fortifiée de Paris, construite en 1841 et détruite en 1929.

Traverser l’avenue de la Porte de Clichy

Avenue du Cimetière des Batignolles

Rue Saint-Just à droite

8 : Cimetière des Batignolles, où sont enterrés le poète Paul Verlaine, Blaise Cendrars et André Breton.

Rue Pierre Rebière

Place Arnault Tzanck à droite

Avenue de la Porte Pouchet

Boulevard Bessières à gauche

Rue des Épinettes

Rue Navier à gauche

Rue Baron aller-retour

34 : Demeure de Guy Môquet chez ses parents. Membre des JC à 15 ans, il est arrêté en distribuant des tracts à la gare de l’’Est. Il sera fusillé comme otage au camp de Châteaubriant le 22 octobre 1941.

Rue Navier à droite

Rue Jean Leclaire à droite

Pénétrer dans le square aller-retour

Continuer dans la rue Jean Leclaire

1 : Dans le square des Épinettes se trouvait la statue de Maria Deraisme, militante féministe et femme de lettres, fondatrice de l’Association pour le droit des femmes ; ainsi que celle de Jean Leclaire, chef d’une entreprise de peinture en bâtiment qui fut le promoteur de l’intéressement des salariés aux bénéfices de l’entreprise. Les deux statues furent fondues par les nazis en 1943.

Rue Lacaille

1 bis : Demeure de Gustave Le Rouge, auteur de romans populaires érudits, ami de Blaise Cendrars et d’Hugues Rebell, lié aux Surréalistes.

Rue Guy Môquet à droite

Impasse Compoint aller-retour

9 : Emplacement de la demeure de Nguyên Tat Thanh, alias N’Guyen Ai Quôc (le patriote), futur Hô Chi Minh, lors de son séjour à Paris en 1921.
12 : Siège du POUM, Parti ouvrier d’unification marxiste. Il fut, de septembre 1937 à 1939, le QG de la campagne pour la libération des Poumistes espagnols menée par Victor Serge, Marceau Pivert, Henk Sneevliet et Eugène Dieudonné.

Rue Guy Môquet à gauche

Rue Davy

14 : Emplacement d’un lieu de réunions des Républicains pendant la Monarchie de juillet, autour d’Armand Barbès, Ledru-Rollin et Marc Caussidière.
Ledru-Rollin rencontra ici Auguste Blanqui en 1949 pour préparer l’insurrection du 13 juin qui allait être un échec. Il échappa de justesse à l’arrestation, suite à une dénonciation, et dut s’exiler en Angleterre.

Avenue de St Ouen à droite

41 : On peut admirer, de belles céramiques dans le hall d’entrée de cet immeuble.
19 : Emplacement de l’ancienne église St Michel des Batignolles, construite en 1857.
Le Club Michel, dit aussi Club de la Révolution sociale, animé par les Internationalistes du 17ème arrondissement dont Louis Chalain, s’y installa pendant la Commune, le 3 mai 1871.

Rue Fauvet ou Cité Pilleux si possible

Rue Ganneron à droite

47 : Demeure de l’abbé Godin, aumônier de la JOC et coauteur de "France, pays de mission". Il se tenait chez lui, en 1944, les réunions hebdomadaires de l’organisation de prêtres-ouvriers la "Mission de Paris".
Le 1er mars 1954, 120 prêtres réfractaires sur 200, sous l’impulsion de Jean Urvoas et de Robert Davezies, refusèrent l’interdiction des prêtres-ouvriers par le pape.
Pendant la guerre d’Algérie, certains prêtres de ce groupe s’engagèrent dans le soutien au FLN.

Rue Hégésippe Moreau

17 : La loge de concierge de Madame Weibel servait de boîte aux lettres au mouvement "Résistance" entre 1942 et 1944. Son fils Jean, qui avait alors 16 ans, était agent de liaison pour le réseau.
15 : Villa des Arts ; cité d’artistes construite par l’architecte Henri Cambon en 1890. Elle comporte une soixantaine d’ateliers dans lesquels vécurent et travaillèrent nombre de peintres célèbres, dont Jean et Raoul Dufy, Desmichel, Gueret, Carrière, Louis Marcoussis et Théodore Rousseau.
À l’été 1895, Paul Signac y prête son appartement à Émile Verhaeren.
Et en 1899, Paul Cézanne y peint le portrait d’Ambroise Vollard.

Rue Ganneron à gauche aller-retour puis à droite aller-retour

22 : En 1884, Henri de Toulouse-Lautrec s’installe et peint ici, chez son ami Rachou.
12 : Demeure, dans un ancien couvent, du député de l’Hérault à la Convention Jean-Jacques de Cambacérès. Il présidera cette assemblée en 1794 et deviendra 2ème Consul en 1800. Il élaborera de nombreuses lois, dont celle sur les suspects en septembre 1793, et deviendra le principal rédacteur et coordonnateur du Code civil. Prototype de l’opportuniste, il traversera sans encombre presque tous les régimes.
En 1880, c’est Jean Baptiste Clément qui demeurera ici à son retour d’exil, chez sa tante Louise, en attendant de s’installer rue Lepic.
9 : Demeure d’enfance de Louis-Ferdinand Auguste Destouches, dit Céline.
1 : Emplacement de la barricade de ce qui était alors la rue des Carrières, pendant la Semaine sanglante. Elle arrêta quelques temps l’avancée des versaillais le 23 mai 1871, avant d’être contournée par les troupes de Ladmirault. Une vingtaine de Fédérés seront fusillés ici sur l’ordre de ce dernier après les combats.

Rue Cavallotti

Rue Camille Tahan aller-retour

8 : Demeure du poète Jehan-Rictus à partir de 1914. Gabriel Randon de Saint-Amand, alias Jehan-Rictus, avec qui Lénine s’était lié d’amitié lors de son séjour à Paris, mourut ici dans la misère en 1933.
3 : Demeure du romancier Roland Lecavelé, alias Roland Dorgelès, auteur entre autres des "Croix de bois".

Rue Cavallotti à gauche


8 : Café-restaurant "Chez Vernin", fréquenté en 1904 par les locataires du Bateau-lavoir, dont Pablo Picasso et Fernande Olivier, sa compagne pendant 7 ans.

Rue Forest

1 : Librairie anarchiste de Jules Erlebach, alias Ducret, à l’angle du passage de Clichy. Ducret fut abattu en 1912 par Lacombe, dit le Chien traqué, convaincu d’avoir été livré par lui.

Rue Caulaincourt à gauche

1 : Emplacement d’une bicoque dans le jardin de Barthélemy Forest, dit le père Forest. Il y accueillait ses amis peintres, parmi lesquels Henri de Toulouse-Lautrec en 1885. C’est ici que Lautrec peignit le portrait de Suzanne Valadon.
Sur ce terrain sera édifié en 1897 un hippodrome, qui deviendra en 1900 l’Hippo-Palace, puis le cirque Bostock. C’est dans cette immense salle que sera présenté en 1910 le spectacle de William Coddy, alias Buffalo Bill.
Elle fut remplacée à son tour, en 1911, par le cinéma Gaumont Palace, bâti pour Léon Gaumont, le pionnier français de l’industrie cinématographique. C’était plus grande salle de projection de l’époque, pouvant accueillir jusqu’à 5000 spectateurs. Elle disparaîtra à son tour en 1973.
Pendant l’Occupation, le Gaumont-Palace fut le lieu de diverses manifestations collaborationnistes. Il s’y tint entre autres une réunion du Comité d’action antibolchevique le 19 juillet 1943.
Mais depuis 1941, la loge de concierge de Mme Gannie servait de boîte aux lettres au SR Interallié, dirigé par Henri Gorse, alias Louis 231. Par chance, cette boîte aux lettres resta inconnue de Mathilde Carré, autrement appelée "la Chatte", un agent double qui fit des ravages dans les rangs de la Résistance.
Marcel Carné demeura au 13ème étage d’un immeuble de la rue Caulaincourt que nous n’avons pas réussi à localiser, non loin peut-être du "21" avenue Junot, où habitait son "Assassin" ; dans le film éponyme, s’entend...

Descendre par un escalier vers l’avenue Rachel

Ce fut la première adresse de l’auteur des "Enfants du Paradis", à un numéro qui nous est également inconnu.
André Malraux habita lui aussi avenue Rachel après la Seconde guerre mondiale.
Le 22 février 1942, des Résistants, parmi lesquels Georges Tondelier, détruisirent ici à la dynamite plusieurs camions de la Wehrmacht.

20 : Le cimetière Montmartre fera l’objet d’une visite à lui tout seul.
Les carrières qui s’ouvraient dans le secteur devinrent un lieu d’inhumation avant l’heure pendant la Révolution. On y ensevelit en effet dans des fosses communes un certain nombre de victimes de plusieurs émeutes survenues durant cette période.
Un autre charnier fut creusé ici après la Commune et la Semaine sanglante, où furent ensevelis nombre de Fédérés, parmi lesquels Charles Delescluze. Certains furent enterrés encore vivants. Un témoin revint planter un acacia afin de repérer l’endroit où se trouvait le corps du vieux militant républicain. Il a aujourd’hui sa tombe au Père Lachaise.

Boulevard de Clichy à droite

82-90 : Le Moulin Rouge
À son emplacement se trouvait autrefois le bal de la Reine Blanche, où se tinrent à la fin du Second Empire et pendant la Commune des réunions publiques du club du même nom, auxquelles participèrent Louise Michel et Georges Clemenceau.
Le Moulin Rouge, dont la couleur plus précisément "magenta" est due à Adolphe Willette, fut créé en 1889 par Joseph Oller et Charles Zidler. C’était alors un bal dans le jardin duquel trônait un éléphant en bois de grande taille qui abritait une scène. Il rivalisait avec l’Élysée Montmartre auquel il chipait ses danseuses vedettes. Elles avaient nom la Goulue, Jeanne Avril, Nini-pattes-en-l’air, Grille d’égout, Étoile filante, la Môme Fromage, Sauterelle, Cha-U-Kao… Elles ont été immortalisées, ainsi que Jules Renaudin, alias Valentin le Désossé, par Toulouse-Lautrec. Elles dansaient entre autres le "quadrille naturaliste", dérivé du Cancan.
Joseph Pujol, dit le Pétomane s’y produisit en 1892.
Colette, avant de devenir écrivaine, y fit ses débuts sur les planches en 1907 dans une pantomime très dénudée intitulée "Rêve d’Égypte".
Pablo Picasso y puisa l’inspiration pour plusieurs de ses toiles.
Après avoir été quelque peu délaissé, le Moulin Rouge connut une nouvelle période de vogue comme cabaret, entre 1926 et 1934, avec des artistes comme Mistinguett qui y resta à l’affiche pendant 4 ans, Joséphine Baker, Maurice Chevalier
92 : Brasserie Graff où Mistinguett venait dîner… et draguer. On y voyait aussi la Môme bijoux qui servit de modèle à la Folle de Chaillot.

94 : La cité Véron.
Elle abritait l’académie de peinture de Ferdinand Humbert, créée en 1901, où étudièrent Georges Braque, Francis Picabia, Marie Laurencin… et nombre de peintres devenus célèbres.
Au 6 bis habitèrent Jacques Prévert et Boris Vian. En 1952, ils recevaient là Raymond Queneau, Eugène Ionesco, Joan Miró… dans le cadre des réunions du Collège de Pataphysique.
100 : Tristan Rémy, poète dadaïste, dirigeait ici la Taverne des Truands, un cabaret qui devint "l’Araignée", puis le "Porc-Épic", puis "l’Épatant", et enfin "les Deux Ânes".
Créé par Roger Ferréol et André Dahl en 1922, ce dernier accueillit nombre de chansonniers, tels Jeanne Fusier-Gir, Noël Noël, Pierre-Jean Vaillard, Raymond Souplex, Robert Rocca, Jean-Marc Tennberg, Robert Dhéry, Colette Brosset… Il fut l’un des plus fameux théâtres de chansonniers d’une capitale friande de portraits-charges et de bons mots.
104 : Emplacement de l’atelier de Fernand Cormon ; académie de peinture dans laquelle étudièrent Henri de Toulouse-Lautrec, de retour à Paris en 1883, Vincent Van Gogh, et Émile Bernard, le fondateur de l’école de Pont Aven.
Cormon eut pour successeur jusqu’en 1955 le peintre et sculpteur Fernand Léger, dont une élève, Nadia Khodossievitch, devint la seconde femme.
114 : Demeure de Doudeau, marbrier, membre de l’Association Internationale des Travailleurs, signataire du programme électoral de l’A.I.T. intitulé "Aux électeurs de 1869".
122 : Il ne reste, au milieu du boulevard, que le socle de la statue de Charles Fourier, détruite comme beaucoup d’autres par les nazis pendant l’Occupation, avec la complicité de Laval et de Pétain.
128 : Demeure en 1899 du peintre espagnol Francisco Iturrino, ami de Matisse, Van Dongen, Derain, Vlaminck et Picasso.
Ce dernier fréquentait le café de l’Hippodrome, situé à la même adresse.
Il y avait là également le salon de coiffure de Joseph Joffo, l’auteur de "Un sac de billes", en 1971.
130 ter : Demeure de Germain Nouveau en 1889.
C’est ici que se trouvait l’atelier commun loué par Carlos Casagemas et Pablo Picasso. Max Jacob les visitait fréquemment. Casagemas se suicida le 17 février 1901. Picasso resta ici jusqu’en 1904. Ce fut dans son œuvre la fameuse "période bleue".
Ici également demeura, au 6ème étage, le peintre Paul Signac, auteur de "Au temps d’Anarchie", cofondateur du salon des Indépendants en 1884.

C’est sur le boulevard de Clichy que se trouvait la "Bibliothèque Montmartroise", où Guillaume Apollinaire et Max Jacob venaient emprunter des albums de Fantômas. Max Jacob songea même à fonder une "Société des amis de Fantômas"… Surréalisme, quand tu nous tiens !...

Retour place de Clichy

Fin de notre parcours


Tout commentaire, complément, correctif ; toute précision ou simple remarque... à propos de ce parcours, seront évidemment les bienvenus.

Contact :
parisrevolutionnaire@gmail.com