AUTOUR DE LA BASTILLE

Vendredi 29 septembre 2017 // ► BASTILLE

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Le signe “►” sous les illustrations indique qu’en cliquant sur l’image affichée vous pouvez obtenir un agrandissement ou une autre vue.


IL RESTE TANT À FAIRE... ALORS, À LA BASTILLE !...


La Bastille, ses fossés et la Porte St Antoine ►

Les artisans et compagnons du Faubourg St Antoine qui assiégeaient la vieille bastide de Charles V, en cette belle matinée du 14 juillet 1789, auraient été bien étonnés si on leur avait dit qu’ils étaient en train de "révolutionner" l’Histoire ; celle de la France bien sûr, celle de l’Europe aussi, et quelque part celle du Monde.

Ils n’étaient pas là pour ça ; ni même pour libérer les 7 prisonniers qui restaient enfermés entre les murs de la sinistre prison d’État. Prison qu’il avait d’ailleurs été déjà question de démolir en 1784, pour lui substituer une place sur laquelle aurait été érigé un monument à la gloire de… Louis XVI, "le restaurateur de la liberté publique". Ironie de l’Histoire !...

Non ! Ces "révolutionnaires sans le savoir", ces "Vainqueurs de la Bastille" qui allaient plus tard être honorés à juste titre comme des héros, venaient y chercher de la poudre et des munitions.
Suite à des émeutes provoquées par la hausse du prix du pain et par l’intransigeance obtuse du roi, qui bloquait du haut de son "veto" les réformes réclamées par l’Assemblée issue des États généraux, ils avaient appris que des régiments étrangers encerclaient Paris, prêts à réprimer l’agitation populaire. Nombre d’échauffourées avaient déjà eu lieu. À la nouvelle du renvoi de Necker, la plupart des barrières d’octroi du mur des Fermiers généraux avaient été incendiées deux jours plus tôt, le 12 juillet. Par un discours célèbre prononcé dans le jardin du Palais Royal, Camille Desmoulins avait alors annoncé que se préparait une "Saint Barthélemy des patriotes" et appelé le peuple de Paris à la résistance.


Diplôme de Vainqueur de la Bastille ►

Il fallait s’armer. On avait bien récupéré 32 000 fusils et une douzaine de canons la veille aux Invalides, mais on n’avait pas de quoi les utiliser. Les munitions, habituellement entreposées à l’Arsenal, avaient été transférées par sécurité dans la forteresse de la Bastille ; preuve s’il en était besoin que la situation était chaude…

Et voilà qu’un autre entêté, le marquis de Launay, gouverneur de la place, refusait, malgré plusieurs tentatives de négociations, de livrer ces tonneaux de poudre qu’il détenait. Il menaçait même de faire sauter le quartier si les insurgés insistaient. Il fit donner du canon.

Et pour le coup il le mit, le feu aux poudres. Cela lui coûta d’ailleurs la vie ; il finit lynché par la foule quelques heures plus tard. En faisant tirer sur le peuple, il avait déclenché un processus qui aboutirait, après moult péripéties, à la fin — malheureusement provisoire — de la royauté et à l’instauration de la République : la Révolution française.


La prise de la Bastille
► et l’arrestation de De Launay, peinte par Charles Thévenin

La prise de la Bastille aurait fait 98 morts. Les chiffres varient sur ce point, comme sur le nombre de diplômes de "Vainqueurs" qui furent distribués. Nous savons simplement qu’une seule femme — comme par hasard — en fit officiellement partie. On n’insista pas trop sur la qualité des 7 malheureux qui avaient été libérés ce 14 juillet ; ils n’étaient pas très représentatifs des victimes de l’absolutisme... Toujours est-il que le symbole s’inscrivit profondément dans la traditions républicaine. Il donna dans le langage populaire des expressions que l’on entend encore aujourd’hui, comme celle que nous revendiquons et qui consiste à dire "qu’il reste encore bien des Bastilles à prendre"...

Nous allons évoquer ces évènements et bien d’autres, en parcourant ce quartier chargé d’Histoire.

Nous partirons de l’angle que fait la place avec le bd Henri IV


Nous sommes sur l’emplacement-même de la prison ; et plus précisément sur celui de la tour de la Bazinière.
Le pont-levis qui commandait l’entrée dans la forteresse proprement dite se trouvait juste devant nous, à mi-distance de la seconde tour dessinée sur le sol par un triple rang de pavés : la tour de la Comté.
À l’angle du bd Bourdon, de l’autre côté du bd Henri IV, il y avait un premier pont-levis, dit "de l’avancée", dont un soldat nommé Louis Tournay brisa la chaîne à coups de hache, permettant aux insurgés d’accéder à la cour du Gouverneur — située sur l’entrée actuelle du bd Bourdon — où se déroulèrent les principaux combats.


Plan de la Bastille ►
A : tour du Coin
B : tour de la Chapelle
C : tour du Trésor
D : tour de la Comté
E : tour de la Bazinière
F : tour de la Bertaudière
G : tour de la Liberté
H : tour du Puits
I : salle du Conseil
J : bibliothèque

Mais revenons quelques siècles en arrière


La place tient son nom de la présence de ce qui n’était d’abord qu’une simple porte, puis une bastide carrée voulue par Étienne Marcel, renforcée bientôt par 4 nouvelles tours à l’initiative de Charles V qui fixe sa résidence, l’Hôtel St Paul, à proximité ; on ne sait jamais avec ces parisiens... Pour ces derniers, elle sera toujours l’ombre menaçante de "la Bastille".
La première pierre en est posée le 22 avril 1370 par Hugues Aubriot, prévôt de Paris qui, accusé d’impiété pour avoir pris des mesures de clémence à l’égard des juifs, sera bientôt un de ses premiers "pensionnaires".
En 1413, elle est assiégée par les Cabochiens révoltés, dans le but de capturer le prévôt Pierre des Essarts qui s’y est réfugié.
Les troupes anglaises de Richemont en sont expulsées, après 16 années d’occupation de Paris, le 14 avril 1436. La Guerre de cent ans est en train de se dénouer.
La Bastille est prise une première fois — on a tendance à l’oublier — par Gondi, cardinal de Retz, et sa troupe de "Corinthiens", soutenus par le peuple de Paris et le Parlement luttant pour la "Sûreté publique", c’est-à-dire pour l’abolition de l’arbitraire royal en termes de justice. Cela se passait durant la Fronde, le 12 janvier 1649. Cette fois-là, c’était bien au symbole de la tyrannie qu’on s’attaquait explicitement.
Pendant la Fronde toujours, en 1652, la Grande Mademoiselle sauve l’armée de Condé en faisant canonner du haut de ses remparts les troupes de Turenne qui la pourchassaient, et ouvrir la porte St Antoine pour les laisser s’abriter dans Paris.


Bataille des princes sous la Fronde
► plan des opérations

Entre temps, l’enceinte de Charles V avait été remplacée par celle d’Henri II, dite des "Fossés Jaunes", revue et corrigée par Louis XIII. La haute muraille qui borde encore aujourd’hui le port de l’Arsenal côté boulevard Bourdon, est un vestige de son mur d’escarpe.
Ces fortifications sont rasées à leur tour par Louis XIV qui, se voyant maître de l’Europe, les fait remplacer par une promenade : les "boulevarts", terme militaire qui désignait les plates-formes aménagées sur les remparts.
Par contre, la vieille forteresse est conservée. Elle est transformée par Henri IV, puis surtout par Richelieu, en prison d’État permanente, plus ou moins réservée au gratin de l’époque que l’on y enfermait au bon vouloir du roi ou de son ministre sur simple lettre de cachet. En fait, elle n’aura jamais servi qu’à défendre Paris… contre les parisiens.

Bernard Palissy y meurt en 1590, à l’âge de 80 ans, après 2 années d’enfermement, pour crime de protestantisme. Son cadavre est jeté dans le fossé et laissé à pourrir, pour l’exemple...
Le "Masque de fer", bien sûr, au 3ème étage de la tour de la Bertaudière.
Voltaire y est détenu à 2 reprises, pour avoir écrit des choses qui ne plaisaient pas au Régent et à M. de Rohan.
Marmontel, un des encyclopédistes, y est emprisonné pour une satire contre le duc d’Aumont en 1739.
L’Encyclopédie elle-même y est enfermée plusieurs années (car on incarcérait aussi les livres et les idées).
L’abbé Morellet (autre encyclopédiste), Linguet (pourtant royaliste convaincu), le marquis de Sade (qui sera transféré à Charenton quelques jours avant la Révolution), le fameux Latude (dont les évasions feront la renommée et la fortune)…


Latude ►

Qui s’étonnera dès lors que le peuple ait fait de la Bastille, une fois prise, le symbole du despotisme abattu ?...

Sa destruction est commencée presque immédiatement. Le citoyen Palloy, qui en obtient la concession, organise autour de sa démolition une des premières grandes opérations de propagande politico-publicitaire. Il fait sculpter des modèles réduits de la forteresse dans des pierres qui en proviennent pour les envoyer dans les départements — un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet. Le reste est utilisé sur différents chantiers, dont celui du pont de la Concorde alors en construction.
La Fayette envoie une de ses clefs au général Washington. Elle se trouve toujours au musée de Mount Vernon.
Il ne reste presque rien de ce monument de l’absolutisme d’ancien régime, comme si on avait voulu l’effacer. Seul son emplacement a été marqué par trois rangs de pavés toujours visibles sur le sol de la place. Encore qu’un responsable de la voirie vient récemment d’en faire effacer la partie qui se trouvait sur la chaussée ; crétinisme ou vengeance réactionnaire tardive ?... Sous l’égide d’une municipalité qui se veut "de gôche"... Étonnant, non, mon cher Desproges !?
On ne voit plus, sur le quai du métro qui va vers Bobigny, que des vestiges du mur de contrescarpe du fossé Est.
Et on a reconstitué, dans le square Henri Galli, à l’autre extrémité du bd Henri IV, la base de la tour de la Liberté.


Vestiges du mur de contrescarpe dans le métro
► Base de la tour de la Liberté

Nous reviendrons plus tard sur l’histoire de cette place qui connut tant d’événements révolutionnaires.

Bd Henri IV sur quelques mètres puis rue Jacques Cœur


Pour le moment, nous allons prendre le trottoir de droite du bd Henri IV et traverser en imagination, faute de pont-levis, les anciens fossés de la prison pour en rejoindre la sortie — puisque nous avons la chance d’être libres — par le couloir bordé d’échoppes qui menait à l’extérieur sur l’actuel tracé de la rue Jacques Cœur. Le portail de la prison se situait exactement au bord du trottoir qui fait l’angle de cette voie avec la rue St Antoine à hauteur du n° 5.


Emplacement précis de l’entrée de la Bastille
► et la place rue St Antoine par Israël Silvestre
on y voit le portique d’entrée à droite de la forteresse

Rue St Antoine à gauche


5 : C’est sur la place qui se trouvait ici, devant la porte d’entrée de l’enclos de la Bastille, que furent exécutés, en 1674, le Chevalier de Rohan, Mme de Villars, le chevalier des Préaux et Affinius Van den Enden, les principaux protagonistes, avec Latréaumont — mort à Rouen lors de son arrestation — d’un complot qui visait à renverser Louis XIV et à établir une République en Normandie d’abord, puis dans le reste de la France.
Prenons la rue St Antoine vers la gauche.

Nous passons devant la rue Lesdiguières


Le jeune Honoré de Balzac, encore étudiant, y logea au n° 9 aujourd’hui disparu dans un appartement offert par ses parents.
C’est dans cette rue que se réunissait le club de l’Arsenal, présidé par Siméon Chaumier, avec Terron comme secrétaire ; un club très actif pendant les journées de Juin 1848.

Continuons dans la rue St Antoine


17 : La chapelle du couvent des filles de la Visitation fut occupée pendant la Révolution par un club républicain de femmes auquel participait Anne-Josèphe Terwagne dite Théroigne de Méricourt.
Souvenirs de cette période : un bonnet phrygien sculpté sur la porte latérale intérieure et une plaque portant l’inscription "lois et actes de l’autorité publique".
C’est dans cette chapelle que fut inhumé Nicolas Fouquet, mort à Pignerol le 8 mars 1681.
Elle fut partiellement détruite pendant les combats de la Semaine sanglante en 1871 ; une barricade qui se trouvait à l’angle de la rue Castex ayant tenu 2 jours contre les canons versaillais.


Chapelle du couvent de la Visitation ►
Après les combats de la Commune

21 : Emplacement de l’Hôtel du Petit Musc ou Hôtel Neuf, où le dauphin Louis, 3ème fils de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, fut enlevé par les insurgés Cabochiens en 1413.

Rue Beautreillis à gauche


Son nom rappelle l’emplacement des vignes de l’Hôtel St Paul, qui fut habité par Charles V le Sage et Charles VI le Fou.
22 : Hôtel de Charny. Demeure de Jeanne Duval et de Charles Baudelaire en 1858-59.


Le 22 rue Beautreillis
► une des nombreuses adresses de Baudelaire, chez Jeanne Duval

Rue Neuve St Pierre aller-retour


5-7 : Cimetière de l’église St Paul des Champs où le "Masque de fer" fut inhumé sous le nom de Marchialy le 20 novembre 1703 ; en fait Eustache Danger ou Dauger, "simple valet" qui en savait trop sur le projet de conversion à la religion catholique de Charles II d’Angleterre, ou bien le fils de François Dauger de Cavoye et demi-frère par Anne d’Autriche de Louis XIV ? Les deux hypothèses restent ouvertes.
L’ancienne église St Paul, située 32 rue St Paul, était la paroisse où l’on inhumait les morts de la Bastille.


Emplacement du cimetière St Paul
► où fut inhumé le Masque de fer

Revenir rue Beautreillis à droite


16 : Maison natale de l’auteur dramatique Victorien Sardou.
12 : Il subsiste une belle pompe à eau sur la droite dans cette cour.

Rue Charles V à gauche


12 : Hôtel d’Aubray, fut la demeure de la marquise de Brinvilliers, personnage central de l’affaire des poisons en 1672.
7 : Demeure de Canclaux, chef de l’armée républicaine en Vendée en 1794.
2 : Cabaret fréquenté par Maximilien Robespierre lorsqu’il habitait rue de Saintonge, d’octobre 1789 à juillet 1791.


Cabaret fréquenté par Maximilien Robespierre ►

Rue du Petit Musc à gauche


Son ancien nom déformé — rue de la Pute y muse — laisse aisément deviner l’activité qui y régnait autrefois.

Rue de la Cerisaie à droite


Le sien évoque plus bucoliquement le verger de l’Hôtel St Paul.
10 : Une plaque indique ici l’emplacement d’un superbe Hôtel particulier construit pour le financier italien Sébastiano Zamet, créature de Catherine de Médicis chez qui séjourna en 1599 Gabrielle d’Estrée, deux jours avant de mourir probablement empoisonnée... Honni soit qui mal y pense !
Paul de Gondi y mourut en 1679 chez sa nièce, dans ce qui était devenu l’Hôtel de Lesdiguière.
Mais l’objet de la plaque est le séjour qu’y fit le tzar Pierre le Grand en 1717 chez le maréchal de Villeroy, après qu’il ait refusé de s’installer au Louvre. Il y reçut Louis XV, encore enfant mais déjà roi.

C’est dans cette rue que demeurait Paul Féval, l’auteur du Bossu et de 90 autres romans.

Bd Bourdon à droite


Nous nous trouvons sur ce qui fut jusqu’à la Révolution la courtine de l’enceinte d’Henri II, puis la grande allée de l’Arsenal. Le port de plaisance est aménagé dans les anciens fossés. Le mur qui le borde est celui de l’escarpe des fortifications. En son milieu, on distingue depuis la passerelle la trace d’un moineau d’artillerie, plate-forme qui faisait saillie dans la muraille.
À l’époque de la Commune, l’arsenal avait été transformé en magasins auxquels on avait donné le nom de "Grenier d’abondance". Ils furent incendiés lors des combats, d’une violence inouïe, qui se déroulèrent dans ce secteur durant la Semaine sanglante.


Le grenier d’abondance après les combats de mai 1871
► Trace du moineau de l’enceinte d’Henri II sur le mur du port de la Bastille


Enceinte d’Henri II et Bastille par Lallemand
► et par Israël Silvestre

C’est à l’emplacement du déboucher de cette terrasse sur la place de la Bastille que se trouvait la cour du Gouverneur, dans laquelle se déroulèrent les principaux combats pour la prise de la forteresse le 14 juillet 1789. Un canon avait été mis en batterie par les assaillants à cet endroit.
C’est là aussi que fut érigée la première barricade de l’insurrection du 5 juin 1832. Celle-ci fut déclenchée lors de l’enterrement du général Lamarque, que les républicains revendiquaient comme un des leurs. C’est à cette occasion qu’apparut pour la première fois à Paris — après qu’il soit devenu l’étendard des Canuts lyonnais en 1831 — le drapeau rouge comme symbole de la contestation. Il avait été au contraire, jusqu’alors, celui de la loi martiale.
Mais Cabet, parmi d’autres, considère que sa présence en cette occasion aurait pu relever d’une provocation des carlistes — légitimistes partisans de Charles X ou d’Henri V — qui auraient fomenté ces troubles afin de justifier le retour des Bourbon... C’est de cet épisode en tout cas que Victor Hugo s’inspire dans ses Misérables.
Sur ce boulevard se tenait, de 1840 à 1869, la fameuse Foire à la ferraille et au jambon.


Foire à la Ferraille et au Jambon ►

29 : Emplacement du magasin de gros et de la banque des Coopératives de France, centrale d’achat des coopératives liées à la SFIO.
25 : En passant devant la rue Bassompierre, on peut voir sur le mur de son n°1 une plaque rappelant qu’Antoine Lavoisier avait ici, dans les bâtiments du Petit Arsenal, son laboratoire et un logement de 1776 à 1792, en tant que régisseur des Poudres et salpêtres. Il travaillait là avec un groupe de jeunes chimistes dont Berthollet et Monge. Il y reçut la visite de Watt et de Benjamin Franklin.


Antoine Laurent Lavoisier et sa femme
► Plaque rue Bassompierre

23 : C’est à cette hauteur du boulevard que se situe le banc sur lequel se rencontrent Bouvard et Pécuchet au début du roman éponyme de Gustave Flaubert, le dernier qu’il écrivit, en 1880.

Traverser la passerelle au dessus du port


L’entrée de la partie souterraine du canal St Martin fut bombardée par les versaillais pendant la Semaine sanglante pour tenter de faire sauter les péniches chargées de pétrole que les Communards y avaient entreposées.


Entrée du tunnel du canal St Martin
► bombardée sous la Commune

Bd de la Bastille à droite

Quai de la Rapée


Une barricade à l’entrée du pont Morand offrit une forte résistance à l’avancée des versaillais pendant la Semaine sanglante.

Place Mazas


C’est sur cette place qu’eut lieu la première échauffourée de l’insurrection de 1832. Les républicains empêchèrent le cortège funèbre du général Lamarque de traverser le pont d’Austerlitz et voulurent le ramener vers la Bastille. C’est alors qu’un cavalier — un certain Peyron, semble-t-il, membre de la très ambiguë "Société gauloise" — traversa la foule, brandissant un drapeau rouge bordé de noir, sur lequel était brodée la devise "La Liberté ou la mort".
Jusqu’alors, le drapeau rouge représentait le signal de l’établissement de la loi martiale. La garde nationale bourgeoise, commandée par La Fayette, l’avait brandi par exemple le 17 juillet 1791 avant de tirer sur la foule au Champ de Mars.
Mais déjà les Canuts Lyonnais l’avaient déployé en 1831. Provocation ou non ce jour du 5 juin 1832, il s’affirmait comme l’étendard de ce qu’on allait bientôt appeler le "Mouvement ouvrier"...

Le poste de péage du pont d’Austerlitz fut un des premiers édifices incendiés lors de la révolution de février 1848.

Pendant la Semaine sanglante, un bataillon constitué d’adolescents — les Vengeurs de Flourens — tenait ce pont. Ils se firent massacrer jusqu’au dernier.
Le général polonais Wróblewski, commandant les bataillons Fédérés de la rive gauche, obligé d’évacuer la Butte aux Cailles qu’il avait défendu avec acharnement, parvint à le franchir sous la mitraille versaillaise le 25 mai 1871.

C’est par le pont d’Austerlitz que l’avant-garde de la 2ème DB du général Leclerc, constituée essentiellement de Républicains espagnols commandés par le capitaine Raymond Dronne, franchit la Seine le 24 août 1944 pour rejoindre l’Hôtel de Ville par les quais rive droite.

2 : Ici se trouvait le café Trousseau, café-concert où se tinrent des réunions politiques publiques à la fin du Second Empire.

Prendre le quai de la Rapée vers Bercy

Bd Diderot


20 : La gare de Lyon a toujours son célèbre "Train bleu", un restaurant dont le décor 1900 vaut le coup d’œil.
20 bis : Un décor 1900 également, plus sobre et financièrement plus accessible : celui d’une bouche de métro Guimard. Nous avons encore failli passer devant ce petit chef-d’œuvre Art nouveau sans même y jeter un coup d’œil...
Par contre, vous ne verrez plus celle, encore plus remarquable, qui se trouvait place de la Bastille, reproduite ci-dessous. Un édile borné a décidé de la faire détruire. On ne peut même plus lui reprocher ; il doit être aujourd’hui au Paradis des bureaucrates. Dommage qu’il ait fait tant de petits...


Bouche du métro Bastille dessinée par Hector Guimard ►

23-25 : Emplacement de l’entrée de la prison de Mazas.
Jules Vallès et Arthur Ranc y sont incarcérés suite à l’affaire dite du "complot de l’Opéra comique" en 1853.
Gustave Flourens, emprisonné après le soulèvement du 31 octobre 1870, est libéré par une émeute populaire le 21 janvier 1871.
400 Communards y sont massacrés pendant la Semaine sanglante.


La prison de Mazas ►

Traverser l’avenue Daumesnil et prendre la Coulée verte à gauche


Nous sommes sur les anciennes voies de la ligne de Vincennes. C’est par là que les troupes versaillaises, rentrées dans Paris par l’Est avec la complicité de l’État-major prussien qui encerclait la ville de ce côté, prirent à revers les Fédérés qui tenaient la place de la Bastille et sa gare.

Redescendre sur l’avenue Daumesnil à hauteur de l’avenue Ledru-Rollin

Rue Moreau


5 : Demeure de Paul Verlaine (6 cour St François au rez-de-chaussée), de 1885 à 1887. Il y reçoit Mallarmé, Villiers de l’Isle-Adam, René Ghil. Sa mère meurt ici en 1886.
7 : Siège de la revue "L’Âme annamite" de Ta Thu Thâu, organe du Parti annamite de l’Indépendance en 1927.
14 : L’imprimerie d’Herschel Wolmark servait ici de dépôt clandestin pour la presse de l’UJRE, liée au PCF, à partir de 1941.
17 : Nicolas Appert, ruiné, installa ici son laboratoire en 1815. Il fut le promoteur, aujourd’hui bien oublié, d’un des plus grands progrès de l’humanité : la conservation des aliments par stérilisation. On parlait alors d’appertisation.


Nicolas Appert ►

Traverser la rue de Charenton

Passage du Chantier


10 : Fonderie de serrurerie transformée en fabrique clandestine de munitions pendant la révolution de juin 1848.

Traverser la rue du Fbg St Antoine

Rue de Charonne


C’est sur une barricade barrant la rue du Fbg, à l’angle de la rue de Charonne, que Léo Fränkel, internationaliste Hongrois, membre de la Commune délégué au Travail, à l’Industrie et à l’Échange, est blessé pendant la Semaine sanglante, le 25 mai 1871. Il est sauvé par Elisabeth Dmitrieff, déléguée de l’Association Internationale des Travailleurs à Paris et fondatrice de l’Union des Femmes.


Barricade rue du Fbg St Antoine à hauteur de la rue de Charonne ►

1 : La fontaine Trogneux ou de Charonne, érigée en 1719, était alimentée par la pompe de Chaillot. Ce fut une des trois premières fontaines aménagées dans le faubourg, qui en était jusqu’alors dépourvu. Elle fut restaurée en 1806.
Sur sa base, une plaque indique le niveau de la crue de 1910.


Fontaine Trogneux ou de Charonne
► Niveau de la crue de 1910

5 : Cour St Joseph. Succession de cours industrielles typiques du Fbg St Antoine.
17 : Demeure de Jean-Baptiste François, emballeur, directeur de la Roquette pendant la Commune, fusillé à Satory. Il conserva dans son magasin les dalles de la guillotine, arrachées le 6 avril 1871. Ce même jour, le "rasoir national" était brûlé place Voltaire. Ce sont ces longs pavés de granit, remis depuis à leur place et que l’on peut voir encore aujourd’hui incrustés dans le bitume à l’entrée de la rue de la Croix Faubin, qui avaient donné à la "bascule à charlot" son autre surnom : "l’abbaye de Cinq-pierres" ; jeu de mot sur le nom du gardien du Paradis.
Au fond de la cour se trouve un des derniers ateliers de dorure à Paris.


Atelier de dorure du 17 rue de Charonne
► 3 des 5 pierres de la rue de la Croix Faubin

Rue de Lappe


Elle s’est appelée un temps rue Louis-Philippe — un passage qui y débouche garde ce nom — en souvenir de l’accueil triomphal reçu par ce dernier le 23 décembre 1830, après son arrivée au pouvoir. L’illusion ne devait pas durer bien longtemps… C’est aussi dans ce quartier que démarra en 1832, comme nous l’avons vu, la première d’une série d’insurrections contre la Monarchie de juillet.
51 : Maison d’enfance du chanteur Nathan Korb, alias Francis Lemarque, qui débuta sa carrière avec son frère, à l’époque du Front populaire, comme membre du Groupe Mars.


Maison d’enfance de Francis Lemarque
► Le groupe Mars au Père Lachaise

19 : Bal musette "Les Barreaux Verts" : le premier à Paris, ouvert en 1850 par un Auvergnat.
13 : Bal musette "Au Chalet" puis "Bousca-bal". En 1902, Antoine Bouscatel, un auvergnat, et Charles Peguri, un italien, ayant marié leurs enfants, réconcilièrent les deux communautés et leurs instruments : la musette et l’accordéon. Ils furent heureux et animèrent nombre de petits bals à la suite desquels naquirent beaucoup d’enfants.
9 : Le Balajo, ouvert par Georges France dit Monsieur Jo, fut inauguré en 1936 par Mistinguett. Il vit défiler toutes les célébrités du show-biz de l’époque.


Le Balajo ►

Dans la salle du Boxing’s Hall, située dans cette rue, se tint le 12 janvier 1933 le premier meeting d’unité des Jeunesses de gauche, Jeunesses communistes, socialistes, pupistes, trotskystes de la Ligue…

Rue de la Roquette à droite


17 : Demeure de Paul Verlaine. Il vécut ici avec sa mère au 5ème étage après son retour à Paris, de 1882 à 1883.
58 : Cité de la Roquette. Passage industriel typique du Faubourg. La maison de style néo-gothique de 1891 au n° 5 vient d’être fort heureusement réhabilitée.


Cité de la Roquette ►

43 : Demeure de l’actrice Eugénie Segond-Weber, amie de Louise Michel.
43 bis : Enseigne d’une fabrique de porcelaine de 1807 sculptée sur le fronton.
49-51 : Demeure, de 1751 à 1763, de Michel-Jean Sedaine, le "maçon-poète", initiateur des "3 coups" au théâtre, ami de Diderot, d’Alembert, Rousseau, Jean-Antoine Houdon
Demeure, de 1818 à 1827, pendant ses études, du futur historien Jules Michelet que l’on appelait parfois "l’Ermite de la Roquette".
70 : Fontaine de la Roquette aux armes de la ville de Paris, construite par Molinos en 1846.

Possibilité de couper par la rue du Commandant Lamy ou de continuer dans la rue de la Roquette


75 : Siège de la Fédération du Théâtre ouvrier de France (FTOF) qui hébergeait la Phalange du 18ème, l’Amicale artistique du 14ème, l’Aube artistique de Bobigny… Gaston Clamamus allait transformer ces groupes en troupe des "Blouses bleues" en 1931.
90 : Demeure de Léon Landrin, tourneur sur bronze, délégué des ouvriers bronziers de Paris au 4ème congrès de l’A.I.T., exilé à Londres après la Commune, gracié en 1879.

Rue Popincourt


12 : Un passage typique du quartier Popincourt.

Rue Sedaine à gauche


65 : Demeure de Marguerite Guinder-Lachaise, cantinière de la Commune de 1871 qui fut condamnée à mort par les versaillais pour avoir secouru les Fédérés blessés jusque sous la mitraille. On lui reprochait aussi d’avoir, sous la Commune, osé prendre le nom de son nouveau compagnon alors qu’elle n’était pas divorcée. Sa peine fut commuée en travaux forcés ; quelle mansuétude !...


Marguerite Guinder-Lachaise

51 : Demeure en 1870 d’Augustin Avrial, membre de la Commune, délégué au Travail, à l’Industrie et à l’Échange et de sa femme Louise Talbot, tous deux membres de l’Association Internationale des Travailleurs. Ils avaient habité auparavant non loin de là, au 37 rue Bréguet.
28 : Passage industriel pittoresque, caractéristique du 19ème siècle.

Revenons sur nos pas pour prendre la rue Froment à gauche ou l’emprunter en face si on a pris le raccourci

Rue Boulle

Rue Bréguet à gauche


13 : Dans ce qui était alors le passage Raoul, une École de filles abritait le siège de la "Commission ouvrière", animée par Eugène Tartaret, ouvrier ébéniste, et Lazare Lévy, ouvrier opticien. Elle tint des "États généraux du travail" à l’occasion de l’Exposition universelle en juillet 1867. C’était une sorte de Conseil consultatif du travail, financé par l’Empire sous l’égide du prince Napoléon, dit Plon-Plon, cousin de Badinguet. On surnomma cette commission le "Parlement ouvrier". Elle appelait à la formation de chambres syndicales. Le Second Empire essayait ainsi de redorer son image sociale. Loupé !... On sait ce qu’il en advint...
C’est en ce même lieu que fut créé, le 15 mai 1871 pendant la Commune de Paris, un syndicat des concierges parisiens.

Bd Richard-Lenoir à gauche


32 : Maison natale du poète Robert Desnos, le 4 juillet 1900.

Rue St Sabin


Elle a typiquement la forme d’un bastion de l’enceinte de Louis XIII, dont elle longeait le fossé.
Au n° 2 rue Bréguet qui fait l’angle, Germaine Tillon, qui était ethnologue, avait ouvert un bureau de l’Union nationale des combattants coloniaux. C’était une couverture pour ses activités de Résistance. Elle fut la seule rescapée du réseau du Musée de l’Homme.
16-20 : Une barricade du dispositif de défense du siège du Comité centrale de la Garde National, situé rue Basfroi, barrait la rue Sedaine à cet endroit sous la Commune.


Barricade sous la Commune
► au croisement des rues Sedaine et St Sabin

Rue Sedaine à droite

Bd Richard-Lenoir à gauche


14 : Emplacement du "Petit théâtre" qui, devenu théâtre des Folies St Antoine, fut dirigé par Maxime Lisbonne à partir de 1866.
Tony Moilin y tint l’année suivante une conférence à propos de l’ouvrage qu’il venait d’écrire, intitulé "Paris en l’an 2000" ; une vision surprenante, mais peut-être pas si utopique qu’on pourrait le penser, de ce que qu’allait devenir notre capitale.

Rue Daval

Cour Damoye débouchant 12 place de la Bastille


Dans ce passage se tenaient les sièges de trois sections du Fbg du Temple de l’AIT en 1871.


La cour Damoye ►

Aller retour dans la rue de la Roquette


2 : Le passage du Cheval Blanc communique avec la cité Parchappe, ancien dépôt de bois du Fbg St Antoine.
1-17 : Emplacement de l’Hôtel des Chevaliers de l’Arbalète et de l’Arquebuse ; compagnie royale constituée de 180 bourgeois, créée par Louis le Gros en 1108. Ils furent installés ici en 1684 par Louis XIV.
1 : Une barricade avait été érigée à l’entrée de la rue de la Roquette dès la matinée du 18 mars 1871. Mais elle fut démolie le jour-même afin de laisser passer le convoi funèbre de Charles Hugo, mort subitement, que son père accompagnait au cimetière du Père Lachaise venant de la gare d’Orléans par laquelle sa dépouille avait été ramenée à Paris.
Eugène Varlin installa son PC dans une des maisons de ce carrefour lors des combats qui eurent lieu ici pendant la Semaine sanglante.


La barricade de la rue de la Roquette ►

5 : Emplacement du café Courtois, un des nombreux établissements fréquentés par Paul Verlaine.

La rue de la Roqueet vit passer les 100 000 personnes qui participaient aux obsèques d’Auguste Blanqui le 1er janvier 1881, et les 60 000 qui accompagnèrent Vallès le 14 février 1885.

Bd Richard-Lenoir


6 : Pharmacie où eut lieu le double meurtre dont fut accusé Pierre Goldman, le frère de Jean-Jacques, en 1969.

Traverser pour prendre le Bd Beaumarchais


2-20 : Demeure de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais dans un hôtel construit pour lui sur le bastion de l’enceinte de Louis XIII. Il mourut ici le 18 mai 1799.


Le jardin de Beaumarchais ►

Emplacement du second grenier à sel de Paris en 1818 ; le premier étant celui de la place de Stalingrad.
2 : Café de la Bastille, tenu par M. Cornu, et fréquenté en 1865 par des ouvriers cordonniers et bronziers parmi lesquels se trouvaient les fondateurs de l’Association Internationale des Travailleurs à Paris : Henri Tolain (bronzier ciseleur), Ernest-Edouard Fribourg et Charles Limousin.
8 : Demeure du comte de Rœderer, procureur-syndic de la Seine, qui accompagna et protègea Louis XVI et sa famille fuyant les Tuileries le 10 août 1792. Opportuniste notoire qui participa par la suite au coup-d’État du fossoyeur de la Révolution, le 18 brumaire an VIII.
10 : Emplacement du café-concert l’Époque, créé par Jules Davezan en 1877. Aristide Bruant en fut le directeur en 1898 et y créa "Nini peau d’chien". Ernest Pacra y fit ses débuts et, par la suite, l’acheta. La salle devint en 1940 le Concert Pacra ; elle révèla nombre d’artistes célèbres, tels Georgius, Edith Piaf, Barbara, Brassens, Patachou
Devenue "Music-hall du Marais", cette salle fut le QG des artistes de variétés contestataires qui participaient au mouvement de Mai 68.
23 : Hôtel de Sagonne, construit pour lui-même par Jules Hardouin-Mansart en 1674.
25 : Demeure de Félix Pyat en 1848. Il était alors membre de la "Société centrale démocratique".

Rue du Pas de la Mule

Rue des Tournelles à gauche


36 : Emplacement de l’Hôtel de Ninon de Lenclos, célèbre courtisane qui réunissait dans son salon les libertins, c’est-à-dire les libres-penseurs de l’époque. Elle soutint les débuts du jeune Jean-Marie Arouet, le futur Voltaire.
Elle est l’illustration-même du fait qu’à cette époque les femmes ne pouvaient intervenir dans la vie publique qu’en tant qu’épouses et mères des puissants, ou que courtisanes...
C’est dans son salon que Molière aurait fait en 1664 la première lecture de son Tartuffe, après avoir demandé à Ninon de le corriger.
De son vrai Anne de Lenclos mourut ici en 1705, à l’aube de ce Siècle des Lumières dont elle avait participé à préparer la venue.

17 : Entrée secondaire de l’Hôtel de Rohan-Guéménée de la place des Vosges. Il s’y prépara, autour du chevalier de Rohan, avec Gilles du Hamel d’Atréaumont, dit Latréaumont, et Franciscus, dit Affinius van den Enden, le complot qui visait à enlever Louis XIV et à instaurer une république en Normandie, pour commencer, avec l’aide des Pays-Bas. Louis de Rohan fut arrêté ici en 1674. Nous avons vu qu’il serait exécuté avec ses complices le 27 novembre de la même année devant l’entrée de la Bastille.
Ce fut, plus tard, la demeure de l’académicien Crébillon père, auteur dramatique concurrent de Voltaire.

Passage Jean Beausire


Ce passage s’ouvrait au n° 16 de la rue des Tournelles et débouchait au 13 de la rue Jean Beausire. Il est malheureusement aujourd’hui condamné.

Rue Jean Beausire


10 : Cache d’armes du Comité secret d’action révolutionnaire (le CSAR), surnommé la Cagoule, qui prépara un coup d’État contre le Front Populaire en 1936.

Rue de la Bastille


11 : Emplacement de la porte St Antoine de l’enceinte de Charles V, construite en 1383.
C’est dans ces parages que fut assassiné Étienne Marcel le 31 juillet 1358. Il tentait de se faire remettre les clefs de la ville afin d’y faire entrer les renforts anglais de Charles le Mauvais pour s’opposer aux troupes du dauphin Charles, le futur Charles V.


La mort d’Étienne Marcel ►

C’est là également qu’eurent lieu, le 9 septembre 1465, les tractations entre Louis XI, la Ligue du bien public et les bourguignons de Charles le Téméraire. On a par la suite appelé ces négociations "le landit de la trahison", ce qui en dit long sur les intentions de chacun...
Un peu plus loin sur la place, face au déboucher de cette rue, fut construite en 1671, sous Louis XIV, la quatrième porte St Antoine ; un arc de triomphe à la gloire du roi mégalo-soleil.


La 4ème Porte St Antoine ►

3 : Le restaurant Bofinger était fréquenté entre autres par Aristide Bruant et Maurice Chevalier.
C’est dans un de ses salons que fut constitué, en 1924, ce que l’on appela le Cartel des gauches.


Bofinger ►

Place de la Bastille


Nous allons en faire le tour dans le sens des aiguilles d’une montre
C’est ici, devant la porte St Antoine, que se déroula un des principaux combats de la Fronde, le 2 juillet 1652. Condé, battu par les troupes royales de Turenne — ils avaient tous deux changé de camp, mais en sens inverse — se trouva acculé contre le rempart. La Grande Mademoiselle, cousine du roi, fit ouvrir la porte St Antoine, en même temps que le feu des canons de la Bastille contre Turenne, permettant à Condé de se réfugier dans Paris. Le jeune Louis XIV et Mazarin assistaient au "spectacle" du haut de la colline du Mont Louis, l’actuel Père Lachaise.

La place aménagée ici après la démolition de la vieille prison ne connut pas que des évènements de progrès : le 1er février 1832 y eut lieu un rassemblement de conjurés légitimistes projetant de converger vers les Tuileries pour renverser Louis-Philippe et le remplacer par un candidat au titre d’Henri V sorti des poubelles de l’Histoire.

La guillotine y fut installée pendant 3 jours sous la Terreur, le 9 juin 1794. 73 exécutions eurent lieu ici, dont les victimes sont inhumées au cimetière Ste Marguerite. Les riverains s’étant plaints, le "rasoir national" fut déplacé place de la Nation.
Nous avons déjà parlé du soulèvement de 1832 à l’occasion des obsèques du général Lamarque.
Le 13 avril 1834, des barricades se dressèrent par solidarité avec une insurrection qui s’était déclenchée à Lyon, trois ans seulement après celle des Canuts. La répression en fut féroce : elle donna lieu, entre autres, au fameux massacre de la rue Transnonain. Le ministre de l’Intérieur d’alors était un certain Adolphe Thiers. Eh oui, déjà lui !...
En février 1848, le quartier de la Bastille fut un des principaux foyers de la révolution. Le 24, le trône de Louis-Philippe fut brûlé au pied de la colonne de Juillet.
C’est encore sur cette place, devant les bataillons de la Garde nationale, que se fit la proclamation officielle de la Deuxième République, le 27 février 1848.
Le 23 juin de la même année, Pujol y organisa un office des morts pour les héros de la Bastille avec le slogan "la Révolution est à recommencer, la liberté ou la mort". Ce fut, le lendemain, un des points de départ du soulèvement ouvrier à l’annonce de la fermeture des ateliers nationaux, et le théâtre de violents combats sur une barricade défendant l’entrée du Fbg St Antoine.
C’est dans ces affrontements que fut tué Denys Affre, archevêque de Paris, en voulant intercéder entre les combattants. Sans doute une provocation : la balle ne venait pas du côté des insurgés.


Médaille commémorant la mort de Mgr. Affre
► sur la barricade de la rue du Fbg St Antoine

Le 24 février 1871, les bataillons révolutionnaires de la Garde nationale commémoraient la révolution de 1848. Un drapeau rouge avait été glissé dans la main du Génie de la Liberté. Un mouchard, Vincenzini, qui relevait les numéros des bataillons participants, y laissa la vie, noyé dans le canal.
En mai de la même année, sous la Commune, un important dispositif fut mis en place par les Fédérés pour défendre ce secteur qui commandait le Faubourg. Mais il fut contourné par les troupes versaillaises de la division Vergé avec la complicité des prussiens qui les laissèrent rentrer dans Paris par la voie ferrée qui constitue aujourd’hui la coulée verte.
Cette voie menait à un des premiers embarcadères ferroviaires de Paris, sur l’emplacement de l’Opéra actuel : la gare de Vincennes. Les Fédérés du secteur s’y retranchèrent et y moururent jusqu’au dernier.


La gare de Vincennes ►

En mai 1880, 9 ans après la Semaine sanglante, eut lieu sur cette place la première manifestation d’anciens Communards.
Le 12 mai 1935, lors d’une manifestation à l’initiative de Louise Weiss, des féministes y brûlèrent des chaînes symboliques.
Et depuis ; combien de manifestations populaires a vu passer ce haut lieu du Mouvement ouvrier ?
C’est de là entre autres que partirent, le 14 juillet 1935, les cortèges qui, se réunissant spontanément à la Nation, donnèrent naissance au Rassemblement populaire, qui allait devenir un an plus tard le Front Populaire.
Combien de monuments aussi, érigés ou envisagés sur cette place hautement symbolique ? Combien de commémorations ?
Nous avons déjà parlé, avant même la Révolution française, en 1784, du projet par Jean-Antoine Houdon d’un monument à la gloire de Louis XVI.
Une reconstitution de la prise de la Bastille fut organisée le 20 juillet 1790, à l’occasion de la fête de la Fédération, autour d’une forteresse constituée de peupliers plantés sur les ruines à peine rasées de l’ancienne prison.
Combien d’entre nous savent d’ailleurs que ce n’est pas la prise de la Bastille que nous fêtons tous les 14 Juillet depuis cette époque, mais la Fédération, c’est-à-dire le rassemblement des différentes provinces de la nation française, ce même 14 juillet, mais en 1790 ?
Le cercueil de Voltaire fut exposé sur ce même emplacement, le 11 juillet 1791, lors du transfert de ses cendres au Panthéon depuis l’abbaye de Sellière où il avait été inhumé.
La Constitution de l’an I y fut officiellement promulguée le 10 août 1793.
Une première fontaine, dite "de la Régénération", représentant la déesse Isis, l’eau jaillissant de ses mamelles, y fut érigée en 1793. Peut-être la résurgence d’un vieux culte parisien à cette divinité égyptienne !...


La fontaine de la Régénération ►

La maquette en bois et plâtre d’une seconde fontaine représentant un Éléphant monumental, voulue par Napoléon 1er, fut installée en 1813, d’abord à l’emplacement de la colonne, puis à celui de l’actuel escalier de l’Opéra. Elle resta là jusqu’en 1846. Elle inspira Victor Hugo qui en fit, sur la base parait-il d’un fait réel, le repaire de Gavroche dans ses Misérables.


La fontaine de l’Éléphant ►

Louis-Philippe 1er décida la construction d’une "Colonne de Juillet" surmontant une crypte dans laquelle seraient inhumées les 504 victimes de la révolution de 1830 qui l’avait porté au pouvoir. La première pierre en fut posée le 27 juillet 1831 ; mais elle ne sera inaugurée qu’en 1840.


La colonne de Juillet ►

Les héros des Trois glorieuses sont inhumés dans la crypte située de part et d’autre du canal souterrain, en compagnie de momies égyptiennes qui avaient été enterrées provisoirement dans la même fosse commune au pied de la colonnade du Louvre. Les rejoindront plus tard 196 morts de la révolution de Février 1848.

Le 23 mai 1871, la dépouille de Jaroslaw Dombrowski, général polonais qui s’était mis au service de la Commune, tué la veille sur la barricade de la rue Myrha, est exposée au pied de la colonne ; hommage rendu par le peuple parisien à ce fier combattant internationaliste que les versaillais avaient tenté de discréditer.

Fin du parcours


Médaille de la Bastille ►


Tout commentaire, complément, correctif, à propos de ce parcours ; toute précision ou simple remarque... seront évidemment les bienvenus.

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