MONTPARNASSE 2ème partie DE VAVIN À DENFERT-ROCHEREAU ; les ANNÉES FOLLES

Jeudi 16 avril 2020, par admin // ► MONTPARNASSE (3)

Nous repartirons, pour cette seconde balade autour de Montparnasse, du métro Vavin, à la croisée des deux boulevards, Raspail et du Montparnasse.

Bd du Montparnasse, vers l’ouest


108 : Café "Le Dôme".
Lénine, lors de son séjour à Paris, y rencontrait Trotsky et Krassine.
Il était fréquenté par de nombreux artistes, parmi lesquels Diego Rivera, Amedeo Modigliani, Pablo Picasso, Max Jacob, Guillaume Apollinaire, André Derain, Maurice de Vlaminck, Maurice Utrillo, Kisling, Foujita
Dans les années 20, le Dôme détrôna La Coupole. Il vit passer en particulier la bande des auteurs anglo-saxons autour de Sylvia Beach : Fitzgerald, Hemingway, Pound, Ford Madox Ford, Sinclair Lewis, Miller
Serge Férat, l’illustrateur d’Apollinaire créa entre autres les costumes des "Mamelles de Tirésias", habitait dans l’immeuble entre 1907 et 1910.
François Faure, alias Paco, adjoint du colonel Rémy, membre de la Confrérie Notre-Dame, fut arrêté devant le café du Dôme après une rencontre avec deux agents qui étaient filés par la Gestapo, le 15 mai 1942.

103-105 : Café de "La Rotonde".
Il fut à l’origine de la réintroduction dans la capitale de la bière, dont la consommation avait depuis bien longtemps été délaissée par les parisiens. Elle fut servie à nouveau à la Rotonde à partir de septembre 1866.
Le lieu était fréquenté par Apollinaire, Picasso, Derain, Salmon, Max Jacob, Modigliani
Les exilés russes s’y rencontraient en 1910, parmi lesquels Lénine, Trotsky, Julius Martov, Losovsky, Lounatcharski, Ilya Ehrenbourg… sans se douter que le patron faisait office d’indicateur de police. Il sera d’ailleurs pris à parti pour cela, le 13 juillet 1923, par Malcom Cowley et Louis Aragon.
En 1914, Trotsky y fait connaissance de Diego Rivera.
Simone de Beauvoir nait le 9 janvier 1908 dans l’immeuble au dessus de l’établissement. Elle y passera son enfance jusqu’en 1919.

102-104 : Bar de "La Coupole".
Louis Aragon y rencontre pour la première fois Vladimir Maïakovski le 5 novembre 1928.
Le lendemain, c’est Elsa Triolet dont il fait ici la connaissance ; ils ne se quitteront plus.
Cette brasserie est également fréquentée par Ilya Ehrenbourg et Sergueï Eisenstein.
Mais, réquisitionnée pendant l’Occupation nazie, elle deviendra le lieu privilégié des fêtes du "Tout-Paris allemand".

99 : Café "Le Select".
C’est le point de ralliement de la "lost generation" américaine.
Robert Desnos et Hemingway y ont de longues discussions sur la guerre d’Espagne en 1936.

Rue Vavin


50 : Demeure de Louise Bryant, veuve de John Reed, l’auteur de "Dix jours qui ébranlèrent le monde" en 1936.
45 : Demeure de Jaroslaw Dombrowski, général polonais qui se mit au service de la Commune de Paris en 1871. Blessé grièvement pendant la Semaine sanglante sur une barricade rue Myrha, il mourut à l’hôpital Lariboisière le 23 mai.
28 : Hôtel de la Traversière, où fut enfermé pendant la Terreur, en 1794, Jean-François de La Harpe, un ancien protégé de Voltaire, auteur anticlérical repenti.
26 : Immeuble Art déco dessiné par les architectes Henri Sauvage et Charles Sarazin en 1912.
21 : Hôtel du Danemark où séjourna Simone de Beauvoir en octobre 1939, et à nouveau à l’hiver 1940-1941.
10 : Demeure de Félix-Eugène Chemalé, dessinateur commis d’architecte, membre de la Commission du premier Bureau de l’Association Internationale des Travailleurs, condamné dans le 1er procès de l’A.I.T. le 20 mars 1868.

C’est dans la rue Vavin qu’Henry Bauër, fils naturel d’Alexandre Dumas père, commandant la 6ème légion de la Garde nationale Fédérée, installa son poste de commandement le 22 mai 1871.
Une barricade érigée ici résista 2 jours aux assauts des versaillais. Des incendies de protection furent allumés le 23, détruisant deux immeubles ; fait pour lequel Maxime Lisbonne, venu négocier l’évacuation des combattants, fut accusé à tort et condamné lourdement.

Rue Notre-Dame des Champs à droite


61 : Couvent Notre-Dame de Sion, tenu par les Sœurs blanches. C’est à travers cet établissement qu’Henry Bauër fit évacuer ses canons grâce à l’intervention de Maxime Lisbonne.
70 bis : Atelier en 1855 des peintres Jean-Léon Gérôme et Paul Baudry, décoré à l’entrée de deux chinois qui le faisaient appeler "la boîte à thé". Baudry est l’auteur du tableau "l’Assassinat de Marat".
De 1921 à 1924, ce fut la demeure du poète américain Ezra Pound, auteur des "Cantos", avec sa femme Dorothy. Ils recevaient ici Jean Cocteau, les surréalistes et les dadaïstes. Pound donnait des cours de boxe à Ernest Hemingway.
73 : Atelier en 1914 du peintre Achille-Émile Othon-Friesz, un des représentants du Fauvisme.
75 : Demeure et atelier en 1868 du peintre William Bouguereau, qu’admirait le Douanier Rousseau.
Demeure du sculpteur Augustin-Jean Moreau-Vauthier, membre de la Commission fédérale des artistes pendant la Commune. Il mourut dans son atelier le 17 janvier 1893. À ne pas confondre avec son fils, auteur du "faux" mur des Fédérés.
Demeure du sculpteur Jules Thomas, auteur du buste de Melle Mars à la Comédie française et de celui de Charles Garnier situé rue Auber, dont Zéphirin Camélinat fit le décor.
Dans les galeries creusées sous ce bâtiment se trouve un puits de carrier comportant une échelle d’étiage.
76 : Demeure, au 3ème étage, de Maurice Barrès, le "père" du nationalisme français, à son arrivée à Paris en 1884.
Romain Rolland habita ce même immeuble un peu plus tard, de 1892 à 1901. Il y écrivit "Les Loups", une pièce qui lui fut inspirée par l’affaire Dreyfus.
79 : Demeure de Carlo Rosselli, antifasciste italien assassiné avec son frère le 9 juin 1937 par la Cagoule, dans le cadre d’un "contrat" passé avec le comte Ciano, un proche de Mussolini. L’assassin présumé, Jean Filliol, condamné à mort après la Libération, se réfugiera en Espagne franquiste et terminera sa carrière au service d’une branche de... l’Oréal.

Rue de la Grande Chaumière


4 bis : Boutique du marchand de couleurs Sennelier, fournisseur et référence de nombreux artistes à Montparnasse, en 1887.
8 et 15 : Demeure et atelier de Paul Gauguin au retour de son premier séjour à Tahiti, de septembre 1893 à 1894. Il avait étudié la peinture vingt ans plus tôt à l’académie de Filippo Colarossi toute proche.
8 : Emplacement de la demeure et de l’atelier d’Amedeo Modigliani à partir de 1917. C’est ici que se suicida sa compagne, Jeanne Hébuterne. En 1920, lui-même fut transporté à l’hôpital de la Charité pour mourir de la tuberculose le 22 janvier.
10 : Académie Colarossi, école de peinture créée dans les années 1870, où étudièrent Gauguin comme nous l’avons vu, mais aussi Steinlen, Camille Claudel, Gromaire, Lurçat et tant d’autres. Modigliani y rencontra Jeanne Hébuterne. André Favory fut un de ses professeurs. Elle ferma en 1920.
Il s’ouvrit à la même adresse le restaurant Wajda, gargote à prix réduit fréquentée par les peintres fauchés pendant la crise des années 30.
11 : Demeure de Jules Bergeret, membre du Comité de vigilance de Montmartre puis du premier Comité central de la Garde nationale. C’est lui qui occupa l’état-major de la GN le 18 mars 1871. Il fut élu au Conseil de la Commune le 26. Lui également qui commanda la désastreuse offensive du 3 avril ; échec qui entraîna sa destitution du commandement de la place de Paris. Il parvint à s’enfuir après la Semaine sanglante et se réfugia à Londres, puis à New York.
14 : Académie de peinture et de sculpture de la Grande Chaumière, fondée en 1904 par Martha Stettler. Elle vit passer Alexander Calder, Antoine Bourdelle, René Ménard, Lucien Simon, René-Xavier Prinet, Castelucho, Matisse, Balthus, Léger, Othon-Friesz, André Lhote et tant d’autres…
Le romancier et Résistant Jean Bruller, le futur Vercors, y étudia le dessin en 1926.
18 : Demeure de Frontier, membre de la commission de la Fédération de la Garde nationale, signataire de "l’affiche noire" du 28 février 1871 appelant les parisiens à rester chez eux lors de l’entrée des prussiens dans la capitale ; clause humiliante négociée par le gouvernement capitulard réfugié alors à Bordeaux. Elle était bordée de noir en signe de deuil. Frontier fut par la suite commissaire de la Commune.

Bd du Montparnasse à gauche


112-136 : Le "bal de la Grande Chaumière".
Il avait été fondé en 1783. Il était fréquenté dans les années 1830 par les membres du cénacle de la rue du Doyenné : Gautier, Nerval, Gavarni, Lamartine, Musset, Arsène Houssaye… ainsi que par de nombreuses personnalités politiques, parmi lesquelles Jules Favre, Barbès, Saint-Simon, Adolphe Thiers
C’est là qu’on vit apparaître à Paris la polka en 1845, et le cancan en 1853.
S’y produisaient des artistes célèbres de l’époque, comme le père Lahire ou Lola Montès
En 1913, c’était devenu le restaurant Baty, où venaient dîner Apollinaire et Carco ; un haut lieu du Montparnasse d’avant la première guerre mondiale.
123 : Cabinet du dentiste Jean-Michel Broutin, du mouvement "Défense de la France", qui soignait clandestinement des Résistants pendant l’Occupation.
126 : Une cité d’artistes construite par l’architecte Louis Süe, où habita Léon Blum.
127 : Demeure en 1860 du peintre hollandais Johan-Barthold Jongkind, précurseur de l’Impressionnisme.
132 : Demeure d’Édouard Manet, à qui Auguste Rodin enseignait alors la sculpture.
Ce fut aussi plus tard, en 1927, la demeure et l’atelier du peintre Henri Matisse.
135 : Demeure de Germain Nouveau en 1885.
142 : Demeure d’Émile Zola en 1865 et 1866.
146 : En 1923 s’ouvrit ici le cabaret-club "le Jockey", fondé avec un certain Miller par le peintre Hilaire Hiler, fréquenté entre autres par Ernest Hemingway et les surréalistes, et où chantait Kiki de Montparnasse.
159 : Restaurant "le Nègre de Toulouse", fréquenté par la famille Hemingway entre 1924 et 1926.

Il y avait au milieu du 19ème siècle, sur le boulevard du Montparnasse au voisinage de celui de la Grande Chaumière, un "bal de l’Ermitage" que nous ne sommes pas parvenus à situer précisément. Il s’y tenait en 1848 des réunions tenues par une organisation des "Femmes socialistes".

Rue Campagne Première


3 : Emplacement de la demeure et de l’atelier du sculpteur animalier François Pompon entre 1877 et 1933.
Amedeo Modigliani y travailla également.
5 : Demeure de Louis Aragon et d’Elsa Triolet après la rue du Château, de septembre 1928 à 1935.
7 : Demeure en 1878 du poète et dessinateur Maxime Lorin, auteur de "Mes Rèves" ; un des fondateurs du cercle des Hydropathes.
9 : Demeure de Théophile Vallée, agent de renseignement de la Commune, envoyé par elle en mission de sabotage de la machine de Marly qui alimentait Versailles en eau.
Cité d’artistes constituée de pavillons récupérés après l’Exposition de 1889.
Demeure en 1914 du peintre surréaliste Giorgio de Chirico.
Demeure, de 1920 à 1928, de l’écrivain et critique littéraire Jean Paulhan, secrétaire de la "Nouvelle Revue Française", la NRF, théoricien de la langue et de la littérature, engagé dans la Résistance.
11 : Lieu de tournage d’une des scènes du film "À bout de souffle" de Jean-Luc Godard, réalisé en 1960.
13 : Entrée de service des Catacombes
17 : Demeure du poète et romancier autrichien Rainer Maria Rilke en 1913.
17 bis : Atelier 17, demeure en 1898 d’Eugène Atget, photographe de Paris qui réunissait chez lui de nombreux artistes, parmi lesquels Picasso, Giacometti, Max Ernst, Man Ray, Bérénice Abbot. Il mourut ici en 1927.
19 : Emplacement du Théâtre Campagne Première ; théâtre expérimental créé après Mai 68 par Sacha Pitoëff.
21 : Un magasin à poudre de l’armée fut détruit ici le 27 mars 1871, sur ordre du ministre de la Guerre réfugié à Versailles ; un sabotage effectué par des militaires restés clandestinement à Paris.
Demeure du sculpteur François Roubaud qui cacha Jules Vallès et Pierre Denis pendant 3 mois après la Commune, en 1871. Trois personnes avaient été fusillées sans jugement pendant la Semaine sanglante pour leur seule ressemblance avec le directeur du Cri du Peuple. Ce dernier parvint plus tard à se réfugier en Angleterre.
14 : Arthur Rimbaud cohabita ici pendant trois mois avec Jean-Louis Forain entre 1871 et 1872. Il s’y déroula des orgies auxquelles participait Paul Verlaine.

Passage d’Enfer aller-retour


Passage de l’Enfer puis d’Enfer. Le boulevard d’Enfer devint quant-à lui le boulevard Raspail.
Demeure de Pierre-Joseph Proudhon, l’auteur de la "Théorie de la propriété", en 1855.
Dans sa nouvelle "le Silence de la mer", écrite en 1945, Vercors situe "l’imprimerie de Verdun" dans l’angle que forme ce passage.

Rue Campagne première à gauche


23 : Demeure et atelier, sur deux étages, du peintre japonais Tsuguharu Fujita, dit Léonard Foujita, de fin avril 1950 à 1968.
29 : Hôtel Istria où séjournèrent de nombreux artistes, dont Maïakowski en 1928, Aragon et Elsa Triolet, Picabia, Marcel Duchamp, Man Ray ; ainsi que Kiki de Montparnasse. Elsa Triolet en occupait la chambre 12 de 1924 à 1929.
31 bis : Man Ray eut ici, de 1922 à 1940, un atelier dans lequel défilèrent nombre de modèles féminins tels Berenice Abbot, Lee Miller, Meret Oppenheim, Dora Maar et Alice Ernestine Prin, la fameuse Kiki…
Émile Goudeau, journaliste et poète qui fit les beaux jours du Chat Noir avec Rodolphe Salis et fonda le Club des Hydropathes, habita dans cette rue à une adresse qui nous reste inconnue.

Bd Raspail à gauche


242 : Cité Nicolas Poussin, demeure de Pablo Picasso d’octobre 1912 à 1913. C’est ici qu’il réalisa entre autres "Bouteille, verre et violon".
243 : Encore un lieu, aujourd’hui disparu, où vécut Arthur Rimbaud, en 1872. Outre Verlaine, il y fréquentait Jean Richepin.
247-249 : L’autre entrée du passage d’Enfer.
254 : Les colonnes dans la cour de l’École spéciale d’architecture sont des vestiges du palais des Tuileries, détruit pendant la Semaine sanglante en 1871.

Rue Boissonade


24 : Demeure, de 1904 à 1914, du poète Paul Fort, qui resta pendant 50 ans le "prince des poètes".
3 : Demeure, au 5ème étage, de Romain Rolland, de 1901 jusqu’à son départ en Suisse en 1914. C’est ici qu’il rédigea en 1912 son roman "Jean-Christophe" qui lui valut le prix Nobel de littérature en 1915.

Bd du Montparnasse à droite


171 : La Closerie des Lilas.
Restaurant-brasserie fondé en 1883 et fréquenté par de nombreux artistes parmi lesquels Ingres, Gide, Verlaine, Apollinaire, Paul Fort, Charles Cros, Maïakovski
Lénine y jouait aux échecs en compagnie de Trotsky et d’Apollinaire au début des années 1910
À la même époque, il s’y tint tous les mardis des réunions du premier groupe Cubiste, représenté par Metzinger, Robert et Sonia Delaunay, Gleizes, Fernand Léger, et Le Fauconnier.
En 1912, c’est ici que Paul Fort fut élu "prince des poètes". Il y tenait ses "mardis littéraires" qui rassemblaient Alfred Jarry, Paul Fournier, Émile Verhaeren, Jules Laforgue, Laurent Tailhade, Francis Carco, Roland Dorgelès
Le 25 février 1920, il s’y déroula une bataille rangée entre les Dadaïstes emmenés par Tzara, Breton et Soupault d’une part, et les Cubistes dissidents du groupe de la "Section d’or".
En 1924 s’y retrouvaient les écrivains américains de la "lost generation", la génération maudite : Hemingway, Fitzgerald, John Dos Passos, Henry Miller, Ezra Pound
Le 2 juillet 1925, un banquet y était organisé en l’honneur de Saint-Pol Roux par le Mercure de France. Les surréalistes, avec Breton, Soupault, Michel Leiris, Benjamin Péret… provoquèrent un scandale après la publication par Paul Claudel d’un article contre Dada. Breton molesta Ilya Ehrenbourg.
Le 17 juin, René Crevel y fit une tentative de conciliation à propos de l’exclusion de d’André Breton du Congrès international des écrivains. Il se suicida au gaz la nuit suivante. L’affaire entraîna la rupture entre les surréalistes et le PCF.
Le 2 août 1941, Danielle Casanova y rencontrait Albert Ouzoulias pour lui confier la direction des Bataillons de la Jeunesse.
La même année, il s’y tint des réunions du groupe "Socialisme et Liberté", auxquelles participaient Sartre, Beauvoir, Maurice Merleau-Ponty, Jean Toussaint Desanti, Dominique Desanti, François Cuzin, Nathalie Sarraute, Jean Kanapa… jusqu’à 50 participants.

Av de l’Observatoire à droite


37 : La Grande Chartreuse, la première Closerie des Lilas, le bal Bullier...
Le lieu a une longue tradition d’accueil du public. On a retrouvé à cet emplacement les vestiges d’une hôtellerie gallo-romaine située sur la route qui menait à Orléans, marquée par la présence de nombreux ossements d’animaux.
En 1838, un certain Carnaud installe dans une tente mauresque un premier bal sur l’emplacement du parc de l’ancien couvent des Chartreux.
En 1847, François Bullier transforme le bal de la Grande Chartreuse en Closerie des Lilas, alors au 31 avenue de l’Observatoire.
Cette dernière connaît à l’époque une première période littéraire, recevant les rencontres du cercle Zutique auxquelles participent Baudelaire, Verlaine, Léon Valade. Manet, Béranger, Jeean-Louis Forain, fréquentent également le lieu.
Pendant la guerre de 1870, il est réquisitionné pour accueillir une ambulance.
Dans les années folles, on y danse la Polka et le chahut-cancan. Jeanne Avril y débute à 18 ans en 1886.
Le tango y fait son apparition à Paris en 1907, avec Carlos Gardel. Sonia Delaunay qui y vient régulièrement peindra son fameux tableau : "Un tango au bal Bullier".
Il est transformé en atelier de confection d’uniformes en 1914.

Dans l’entre-deux-guerres, il accueillera de plus en plus souvent des meetings politiques.
Le 27 juillet 1932, une réunion du PCF est attaquée par des trotskystes qui critiquent la politique allemande de la 3ème Internationale.
Romain Rolland y préside un meeting dans la foulée du rassemblement antifasciste d’Amsterdam le 2 septembre de la même année.
Ernst Thaelmann, venu clandestinement d’Allemagne, participe à un rassemblement antifasciste organisé par le PCF en soutien au parti Allemand le 31 octobre.
Le groupe Octobre y donne une représentation de la pièce écrite par Prévert, intitulée "Actualités", en février 1933. Il joue le 18 mars et le 21 avril suivants un spectacle sur la grève des usines Citröen.
Le 8 novembre, c’est un meeting pour la libération de Georges Dimitrov, en présence de la mère de ce dernier, d’André Gide, de Paul Vaillant-Couturier, Jacques Duclos et Doriot alors dirigeant des Jeunesses Communistes.
Jacques Prévert joue le rôle du dictateur lors de la première représentation de sa pièce "L’avènement de Hitler".
La Fédération de la Seine du Parti Socialiste, dirigée par Jean Zyromski et Marceau Pivert, organise le 2 juillet 1934 un meeting unitaire contre le fascisme qui sera considéré comme une des prémices du Front populaire. Nous avons vu que l’assistance fut si nombreuse qu’il fallut dédoubler le meeting dans le gymnase de la rue Huyghens.
Et le 9 octobre, Maurice Thorez utilise ici pour la première fois l’expression, proposant un "large front populaire contre le fascisme".
Le 18 janvier 1935 s’y déroule le premier meeting commun des organisations de gauche, rassemblant Victor Basch, Marcel Cachin, Léon Blum, Gaston Guiraud pour la CGT, René Arrachart pour la CGTU.

Av Denfert-Rochereau


70 bis-76 : Noviciat de l’Oratoire, maison de repos des oratoriens ; lieu de retraite de personnages célèbres dont Malebranche, en 1650.
70 bis-82 : À son emplacement s’installe de 1838 à 1860 l’hospice des Enfants trouvés. Un touret dans le mur de la rue d’Enfer permet les abandons anonymes. C’est aujourd’hui l’hôpital St Vincent de Paul.
63 : Emplacement de la "fausse porte St Jacques", poste d’octroi installé en 1765, remplacé en 1786 par la Barrière d’Enfer du mur des Fermiers généraux.
65-73 : Le couvent des Filles du Bon Pasteur, autrement appelé couvent des "filles repenties", rue d’Enfer, est incendié le 23 mai 1871. Comme quoi l’Enfer ne vous épargne pas toujours, même en se repentant !...
77 : Cité d’artistes comportant de nombreux ateliers.
Le sculpteur américain d’origine ukrainienne Alexander Archipenko prête le sien à Alberto Giacometti de fin 1922 à 1923.
Le sculpteur animalier romantique Louis Barye, ami de Delacroix, y a également le sien.
Carpeaux, Dalou, George Sand et Frédéric Chopin séjourneront également ici.
Il subsiste un beau puits encore en eau dans ces jardins malheureusement inaccessibles.
79 : Siège de l’Union des jeunes poètes, où Nina Berberova et Marina Tsvetaeva organisent en 1926 des soirées littéraires russes.
81 : Demeure d’Alexandre Auguste Ledru-Rollin, qui organisa les premières élections au suffrage universel en 1848.
83 : Demeure de Pierre-Joseph Proudhon.
88-92 : Infirmerie Marie-Thérèse, où demeure Chateaubriand de 1826 à 1838, alors 88 rue d’Enfer. C’est ici qu’il rédige ses "Mémoires d’outre tombe". Ici également qu’il est arrêté en 1832.
89 : Demeure et atelier, alors 89 rue d’Enfer, du peintre et caricaturiste Communard André Gill, l’auteur de l’enseigne du fameux "Lapin" de la rue des Saules à Montmartre. Il sombrera dans la folie dans les années qui suivront la Commune, après avoir assisté aux atrocités commises par les troupes versaillaises pendant la Semaine sanglante ; telles que jouer la tournée à celui qui parviendrait à planter sa baïonnette dans l’œil du cadavre d’un Fédéré qui venait d’être fusillé. Vive les héroïques soldats de Monsieur Thiers !...
91 : Demeure de Simone de Beauvoir dans un studio appartenant à sa grand-mère, de 1929 à 1931.

Nous voici à Denfert. C’est ici que se termine la seconde partie de notre parcours dans le quartier de Montparnasse.

Outre la base de données "Paris révolutionnaire",
principales sources :


Paris Ouvrier Des Sublimes aux Camarades & Paris des avant-gardes, Alain RUSTENHOLZ, Parigramme 2003-04 [http://www.alain-rustenholz.net/]
Balades littéraires dans Paris (1900-1945), Jean-Christophe SARROT, Terres d’écrivains - Nouveau monde, 2005 [http://www.terresdecrivains.com/]
Les lieux de la Résistance à Paris, Anne THORAVAL, Parigramme, 2007